Le peintre sénégalais, Pape Ibra Tall, décédé en 2015 à l’âge de 80 ans, fut un artiste «exigeant et audacieux» qui se caractérisait par une maîtrise technique influencée par ses origines religieuses et fréquentations musicales et intellectuelles, estime le critique d’art Babacar Mbaye Diop. «Pape Ibra Tall est un artiste exigeant, audacieux qui a une maîtrise parfaite de sa technique influencée par ses origines religieuses et culturelles, et par des influences extérieures et ses fréquentations des musiciens de jazz et des intellectuels», a souligné l’ancien Secrétaire général de la Bien­nale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art). Baba­car Mbaye Diop estime que Pape Ibra Tall, considéré comme un des pionniers de l’art contemporain sénégalais, «n’est pas seulement le maître du trait» comme suggéré par le titre de la monographie que Alioune Badiane, un fonctionnaire de la culture, a consacré au défunt peintre. L’auteur de cette monographie présentée lundi à la Maison de la culture Douta Seck, à Dakar, «est aussi convaincu» que Pape Ibra Tall «est le maître de la couleur, de la composition et de la technique artistique», a dit le critique d’art.
Pape Ibra Tall «ne voulait pas suivre l’art occidental, ni l’art nègre, il voulait sa propre démarche artistique influencée par son milieu sociologique et culturel», a-t-il fait valoir. Le livre Pape Ibra Tall, le maître du trait décrypte la diversité des formes et des moyens de spécialisation dans l’œuvre du peintre natif de Tivaoune (Ouest), la capitale sénégalaise de la tidjanya, une des principales confréries musulmanes. Cette monographie est aussi riche d’analyses et d’interprétations d’œuvres de Pape Ibra Tall comme la tapisserie Le grand Magal de Touba ornant le siège des Nations unies à New-York. «Il y a beaucoup d’images, de photos, des extraits de bandes dessinées -on ignore que Pape Ibra Tall a fait de la bande dessinée- et un glossaire sur les techniques en art visuel», relève le critique d’art, selon lequel cette monographie se présente sous la forme d’un livre «très bien écrit, clair, simple et facile à lire». Alioune Badiane, ancien directeur des Arts du Sénégal, estime que Pape Ibra Tall, natif de Tivaouane (Ouest), est facilement reconnaissable à sa façon de peindre, qui fait de lui «un maître incontesté du trait». Son livre comporte deux parties, dont celle mettant l’accent sur l’enracinement de l’artiste peintre, les valeurs qu’il incarne depuis le giron familial, et ses références traditionnelles et religieuses.  La seconde partie de l’ouvrage publié par la maison d’édition Aja (Sénégal) met en lumière l’ouverture d’esprit de Pape Ibra Tall et les brassages ethniques au sein de sa ville natale. L’auteur estime par ailleurs que Pape Ibra Tall, dans l’exercice de son métier, «a pris fait et cause pour les Noirs en collaborant avec la maison d’édition Présence africaine». Alioune Badiane, ancien fonctionnaire du ministère de la Culture (1979-2008) et inspecteur de l’éducation artistique, a été Directeur général des Manufactures des arts décoratifs de Thiès, commissaire d’expositions d’art à l’étranger, entre autres fonctions.

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