Le Centre de recherche ouest-africain (Warc) a cueilli ce mardi 21 janvier, une rencontre sur la codification des danses africaines. C’était aussi l’occasion pour les organisateurs de présenter le rapport final du projet.

La culture est au début et à la fin de toute chose, disait le Président-poète Léopold Sédar Senghor. Aussi disait-il que «nos pieds reprennent vigueur en tapant dur le sol». Le sol du Warc, le centre de recherche ouest-africain, qui accueillait ce mardi 21 janvier, une rencontre sur les danses africaines, a offert, entres autres chorégraphies allant du sabar sénégalais au coupé décalé  ivoirien, une véritable scène de ballet. En effet, ces danses africaines constituent «une des valeurs culturelles fondamentales d’Afrique et une source intarissable», se sont accordés les différents panélistes. Mais, pour que celles-ci soient préservées dans leur essence, ne faudrait-il pas les écrire afin qu’elles puissent intéresser le public ?
Les différents débatteurs, qui s’exprimaient sur la thématique «La codification des danses africaines», ont essayé de donner des réponses à cette question. Ainsi, de l’avis de Mariama Touré, directrice de The Dance All et par ailleurs initiatrice de ce projet, «la danse participe à l’équilibre spirituel de nos communautés. On a longtemps négligé le fait qu’elle est productive de valeurs, de résilience et de connaissance pour nos sociétés». Elle pense ainsi que la danse, au-delà du rayonnement culturel qu’elle apporte, «contribue aussi au développement économique, surtout touristique».
La directrice de The Dance All estime également que l’Internet a joué un important rôle de relais qui a abouti à une diffusion fulgurante de la danse dans toute sa diversité de sorte que, atteste-t-elle, «ces mêmes danses sont aujourd’hui enseignées dans certaines universités, européennes notamment». Cependant ces danses, qu’elles soient traditionnelles ou modernes, souligne-t-elle, ne répondent à aucun schéma officiel ou universel d’enseignement. «Leur apprentissage se fait généralement en fonction de la sensibilité de certains encadreurs qui sont le plus souvent des autodidactes», a soutenu Mme Touré.
Ce constat, approuve-t-elle, se présente comme un «danger» pour ce patrimoine immatériel qui «constitue une des richesses culturelles fondamentales du continent africain». «C’est après avoir donc pris conscience de ces problèmes que nous nous sommes engagés, en collaboration avec l’Unité de recherche en ingénierie culturelle et en anthropologie (Urica), et avec l’appui du ministère de la Culture à écrire et à codifier les danses africaines en vue de les enseigner dans les écoles et universités de manière appropriée», a affirmé Mme Touré. Il est important de savoir que cette rencontre a d’abord fait l’objet d’un symposium international qui a réuni un collège d’experts issus des milieux artistiques et académiques pour une meilleure appropriation de ces danses, a-t-elle tenu à préciser.

Une codification technique des danses
Pour Ibrahima Thiaw, directeur de l’Urica, l’introduction de systèmes de transcription, le passage à l’écrit, avec ses processus de codification, l’appel à un vocabulaire chorégraphique, à des techniques identifiées, «participent à la reconnaissance de la danse en tant que discipline». La codification des danses africaines va dès lors constituer un moyen efficace de «légitimation», un lieu de «connaissance de soi». Cette codification passe nécessairement, se convainc-t-il, par le développement de préceptes qui renferment une part de normalisation. Car sans texte, poursuit-il, «toute reproduction est recréation, et la réitération juste n’est pas toujours la plus fidèle». «Il faut donc en ce sens une codification technique et scientifique des danses africaines», propose-t-il.
Venu représenter le ministre de la Culture, Demba Faye s’est félicité de ce projet entrepris par The Dance All et Urica. «Le ministre de la Culture encourage les projets d’une telle nature. J’ai déjà une intime conviction que le document final du symposium va servir d’excellent support de cours dans les écoles et ailleurs», a déclaré le directeur de Cabinet du ministre de la Culture. C’est ainsi dire que The Dance All et Urica «ont fait preuve d’ingéniosité pour plancher sur la transcription et la codification des danses africaines», a fait remarquer M. Faye à qui il a été remis le rapport du symposium.
Stagiaire