L’entrepreneur politique qui nous sert de Premier ministre achèvera aujourd’hui trois semaines de campagne pour les élections législatives de ce dimanche 17 novembre. Je dois plutôt dire qu’il va achever trois semaines d’outrage, de révélations grossières qui font peu état du vrai et du politiquement correct. C’était la foire aux outrages et vanités égotiques, un concert d’incongruités et d’inexactitudes que rien, à l’exception d’une témérité politique, ne peut expliquer. Chacun en aura eu pour son grade, du chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye aux ministres de départements souverains comme ceux de la Justice et de l’Intérieur, le cirque mis en scène par Ousmane Sonko n’a épargné personne. Ses adversaires politiques qu’il identifie en ennemis, il aura le culot de leur promettre l’enfer et d’appeler à une inquisition pendant la campagne ou après celle-ci.
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On verra une tête de liste qui prétextera l’agression de ses militants à Saint-Louis pour demander plus de désordre et se permettre de dire qu’un candidat ne battra plus campagne. Le tragique dans les déclarations maladroites et à l’emporte-pièce de Ousmane Sonko, c’est qu’elles sont reprises en concert par ses lieutenants avec davantage d’insolence, pour donner des gages de loyauté. Sa petite armée mexicaine faite de sombres personnages promettra du feu, des poings et du sang, le mot d’ordre était de rallier Dakar et de faire la fête à ceux qui ne se courberaient pas quand le saint-patron de Pastef tousse ou passe. Il aura été constaté à Dakar hier, une interdiction par le Préfet aux caravanes de l’inter-coalition «Samm sa kaddu»-«Takku Wallu Senegaal» de circuler dans les rues de Dakar. L’autorité administrative évoquera comme motif une similarité de parcours entre cette inter-coalition et la caravane de Pastef, pouvant créer des troubles. On voit malheureusement que tout est mis en œuvre pour que Ousmane Sonko continue à traîner son manteau d’enfant gâté de la République pour qui tout doit se plier ou être dégagé de son chemin. Quand il est concerné, on n’en a cure des doits et libertés des autres. Ce sont ses droits qui priment. La sortie du maire de Dakar, Barthélemy Dias, tête de liste de la Coalition «Samm sa kaddu», aura le mérite de souligner la mise à disposition de tout un dispositif étatique et administratif au service des desiderata d’un Pm en campagne. Rien qu’à la station de Pm, l’individu est autant casse-pied… On ne saurait imaginer le délire s’il parvenait à la station suprême de chef de notre Etat.
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Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, aura essuyé en huit mois plus d’actes irrévérencieux et d’attaques sournoises de son Premier ministre et collaborateur immédiat que l’ensemble de ses opposants les plus virulents. C’est dire que si dans cette scène politique, il y a un problème, son nom est Ousmane Sonko. Il n’aura pas épargné dans ses diatribes l’Armée et ses généraux, poussant le vice jusqu’à proposer aux troupes un déploiement sur le territoire en dégarnissant les bases du Sud et en migrant vers le front Est. Avec lui, il faut se dire qu’on verra tout et le saut vers l’abîme ne laissera personne indemne.
Il n’y a sûrement pas de limite dans l’impertinence pour que le Premier ministre soit l’auteur de déclarations aussi lunaires que celle d’après laquelle il commande la Justice pour s’attaquer à des citoyens. Touché dans son ego, il voudra rappeler au ministre de l’Intérieur et au Garde des sceaux qu’il reste leur chef. Je voudrais lui rappeler les beaux mots de Tywin Lannister, d’après lequel tout chef qui sent le besoin de clamer qu’il dirige des hommes du poing, n’en est pas réellement un. On aurait pu, avec son excitation et son zèle suranné, le comparer à ces brutes des cours de récréation qui veulent s’attaquer à tout ce qui bouge, tant qu’elles ont l’assurance qu’il y aura toujours une meute derrière elles.
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En trois semaines, un homme politique aura détruit son image à lui tout seul mieux que tout agenda de diabolisation d’un personnage public. Il aura infligé à Barthélemy Dias «l’affront» de la résidence surveillée le temps d’une journée, pour que ses militants puissent bander des muscles et insulter sans représailles dans Baobabs. J’avais mes idées bien faites sur le personnage qui agite la vie publique nationale en soufflant de toutes ses forces sur les braises du chaos, de tout ce que je sais de lui. Il m’aura montré d’autres facettes le temps de cette campagne.
Le pouvoir corrompt totalement et, en donner encore plus à Ousmane Sonko, qui s’est mué en ogre terrifiant, ne fera que déstructurer davantage ce pays. Une chance s’offre à tous de faire un «demi-tour démocratique» et de contenir une tyrannie en puissance par la force des urnes. Il n’y a plus aucune promesse de jours meilleurs ou d’une dynamique conciliante qui pourrait être mise en œuvre avec Ousmane Sonko en chef d’orchestre. C’est une œuvre de salut public que de stopper sa course folle vers un fossé, en portant le Sénégal sur son dos.
Sur le mur d’honneur de la Primature, quand les portraits seront dressés côte à côte de tous les filles et fils qui auront eu à servir ce pays, je peux parier que l’image de Ousmane Sonko, du fait de toutes ses maladresses et de tous les outrages commis, fera tache.
Par Serigne Saliou DIAGNE – saliou.diagne@lequotidien.sn