«Il y a des hommes qui s’étudient à découvrir les défauts de leurs amis. Il n’en résulte aucun avantage. Pour moi, j’ai toujours fait attention au mérite de mes adversaires, et j’en ai profité», Goethe.
En politique, certains pensent qu’en face d’un adversaire redoutable, l’argument de la raison doit être de mise alors que d’autres estiment que celui du cœur est plus direct, car nécessitant moins d’efforts, si ce n’est qu’une simple pulsion. Or, pour obtenir plus facilement l’adhésion réfléchie de son vis-à-vis ou d’un observateur donné, faire appel à la raison, aux facultés d’analyse et de raisonnement de ce dernier est plus convaincant, voire le seul gage de réussite. Ainsi, dans un pays comme le nôtre qui manque quasiment de tout et est actuellement en phase de construction avec des moyens très limités, une meilleure appropriation de ce qu’est l’intérêt général devrait être plus que fondamentale, sinon même la règle pour faire face plus sereinement aux enjeux sociaux, économiques, environnementaux et sociétaux que doit relever notre société. Cela requiert plus un recentrage du débat en masse non seulement des politiques, mais aussi des médias, des intellectuels, des éducateurs et des autres forgeurs d’opinion, y compris des religieux autour de ces différents enjeux d’intérêt national que toute autre chose.
Cela étant qu’en perspective de tout type d’élection, la population concernée, appelée à transférer par le vote de sa majorité à des représentants ou mandants choisis, la légitimité requise pour exercer le pouvoir attribué constitue la cible principale ; ne devrait-elle pas compter sur les programmes politiques pour une bonne orientation de ses électeurs dans leur choix d’avenir plutôt que de laisser ce privilège aux affabulateurs et insulteurs publics ? Oh que si, néanmoins nous avons comme l’impression que le Peuple ne se gêne pas non plus du primat de la médiocrité sur l’excellence.
En illustration, depuis que l’ancien Premier ministre et candidat potentiel à l’élection présidentielle de 2019, M. Idrissa Seck, en bon stratège, a commencé à titiller la sensibilité du régime en place, nous assistons quotidiennement à une clochardisation du débat démocratique, sans indignation aucune. Et pourtant, «communicationnellement» parlant, en vue d’un enjeu aussi capital pour lui que pour le reste de la génération de «soixante-huitards»1 avec qui il a partagé des responsabilités étatiques, compte non tenu de celle du «sang neuf» qui guette au coin, l’opportunisme politique voudrait qu’il se repositionne en leader incontesté afin de ne pas tomber aux oubliettes comme d’aucuns l’auraient souhaité. En lieu et place de répliques à la hauteur de ses attaques, à la fois provocatrices et pertinentes – il faut le dire – la plupart de ses adversaires, tels des «polishing ball»2 catapultées se ruent dans les brancards avec des arguments souvent plus bas que terre, tout en espérant qu’ils parviendront à l’ensevelir pour de bon sous les décombres de sa «tombe politique» d’où il vient tout fraîchement d’être ressuscité. Tombe que lui aurait «creusée» son ancien mentor, Me Abdoulaye Wade, un lundi 12 janvier 2009 au sortir d’une audience très critiquée au Palais présidentiel, à la suite de laquelle il s’était réclamé, contre toute attente, d’être toujours «membre de la famille libérale» au détriment du soutien compassionnel que lui avait accordé une grande partie de la population qui voyez à l’époque en lui une victime d’un complot politique de haut niveau.
Erreur qui s’est payée cash après, car comme nous le savons, l’homosenegalensis a certes horreur de l’oppression, mais sait se situer dès qu’il se rend compte d’être pris pour ce qu’il n’est point. La réponse ne s’est pas fait attendre. On connaît la suite…
Comprenant après coup qu’une élection ne se gagne que sur le terrain et non autour uniquement d’un quelconque establishment, il décide de changer son fusil d’épaule. Comme qui dirait «un homme averti en vaut deux», à son réveil cauchemardesque, mais lucide, il prend très tôt, depuis octobre 2017, en pleine période de cascade de démissions au sein de sa propre formation politique, son bâton de maréchal, contrairement en septembre 2011 avant leur réclusion à la Place de l’Obélisque et sillonne les contrées les plus reculées du pays en quête de «soldats» au premier rang pour les préparatifs de l’assaut final. Pour un effet électrochoc-médiatique assuré, une région, pas des moindres et aussi stratégique que symbolique a été choisie en signe de départ, à savoir Fatick, chez celui qu’il a toujours considéré comme son seul et unique interlocuteur (Il ne répond jamais aux autres), en l’occurrence le président de la République. Voyant qu’il ne lui restait maintenant qu’à imposer son langage et sa vision, il s’attèle au contrôle et à la maîtrise du temps, clefs de toute bonne campagne de communication politique et relance l’attention sur sa personne en interpellant ce dernier sur la publication de l’accord sénégalo-mauritanien de coopération signé le vendredi 9 février 2018 à Nouakchott pour l’exploitation conjointe du champ gazier offshore de «Grand Tortue-Ahmeyim» (Gta) de 450 milliards de mètres cubes à partir de 2021, sis à la frontière commune. Et hop ! Les plus acerbes sortent de leurs gonds et chacun essaie d’y mettre du sien. Histoire de montrer certainement sa «bravitude» et de tenter de s’attirer les bonnes grâces du chef. Tout en ignorant qu’ils sont eux-mêmes en train de transformer cette inimitié visée à travers la maladresse de leur désir de distinction en un nouvel élan de curiosité autour de sa personne.
Dès lors qu’il est établi que de la curiosité naissant la relation d’attachement, l’électeur(e) curieux(se) cherchera, on ne peu plus clair et par A ou par B, à découvrir ce qui se trame derrière ces rumeurs. A y voir de près, ces dernières trouvent sans aucun doute leur origine dans la peur qui anime ses détracteurs et qui est démontrée par l’état intentionnel et émotionnel de leurs actes à son encontre. En acceptant sans broncher ce qui lui arrive, tout en laissant faire parler de lui, il se donne le pouvoir de se sentir légitime et de changer les choses à son avantage.
Plus productive que jamais, cette nouvelle posture, en plus de lui permettre d’être plus proche des populations et d’échanger sans intermédiaire sur leur train-train quotidien que tout aspirant est appelé à connaître, le propulse également à se tailler le costume d’un challenger crédible. Ce qui le fait passer de facto un simple potentiel candidat comme tous les autres à unique conquérant d’en face à abattre pour s’assurer d’un second mandat ; cela, jusqu’à devenir une hantise perpétuelle. Sauf qu’en matière de duel, cela ne pouvait ne pas se dérouler ainsi, même si le primitif qui sommeille en chacun de nous supporte mal l’idée que quelqu’un puisse surgir derrière lui sans qu’il ait vu «le danger» venir, l’existence avérée d’un bilan à présenter devait au moins servir de pare-chocs contre ses tirs ciblés.
De plus, nous savons que de la hantise survient l’obnubilation et quand cette dernière tient en haleine son auteur, l’opprimé devient son ego et est constamment dans son collimateur par crainte de le voir se faufiler en supérieur. Or, il (l’oppresseur) ne sait pas que cela peut prendre moins de temps qu’il l’appréhendait, car un simple aveuglement occasionnel dû à un empressement d’en découdre peut largement suffire – c’est selon les moyens déployés – pour que son adversaire (l’opprimé) ne le déstabilise et arrive plutôt que prévu à ses fins.
Si nous prenons par exemple le premier traité de stratégie de combat de tous les temps et de tout genre dénommé L’art de la guerre écrit par le général chinois Sun Tzu (repris par les plus grands spécialistes au monde), comme une méthode d’interprétation de ces échanges sans précédent, nous nous rendrons compte que «youxou meun na diogué founiou ko foguewoul»3. Surtout que jamais dans l’histoire politique sénégalaise des invectives d’une telle violence et cadence groupées n’avaient été proférées à l’endroit d’un seul potentiel candidat à une élection présidentielle.
Dans ledit traité, au chapitre 4 intitulé «De la mesure dans les dispositions des moyens», le général-penseur nous indique : «Ceux qui sont zélés dans l’art de la guerre cultivent le Tao4 et préservent les régulations ; ils sont donc capables de formuler des politiques de victoire. Avant que d’en venir au combat, ils tâchaient d’humilier leurs ennemis, ils les mortifiaient, ils les fatiguaient de mille manières. Leurs propres camps étaient des lieux toujours à l’abri de toute insulte, des lieux toujours à couvert de toute surprise, des lieux toujours impénétrables. Ces généraux croyaient que pour vaincre, il fallait que les troupes demandassent le combat avec ardeur. Et ils étaient persuadés que lorsque ces mêmes troupes demandaient la victoire avec empressement, il arrivait ordinairement qu’elles étaient vaincues.»
Plus inquiétant encore pour les tenants du pouvoir, il y renchérit : «L’invincibilité se trouve dans la défense, la possibilité de victoire dans l’attaque.» En l’espèce, qu’on l’accepte ou pas, l’ancien Premier ministre, dans son rôle d’aspirant, est en train d’attaquer et de cogner intelligemment là où ça fait mal, en touchant parfois même la cible et pendant ce temps, la défense de ses adversaires s’articule majoritairement autour d’insanités ; alors qu’en qualité de tenants, leur objectif couplé est de rester imbattables et de conserver le pouvoir autant que faire se peut. Disons-le en passant, il n’y a très franchement pas photo et c’est là que le bât blesse. A plus forte raison qu’en pareille période pré-électorale, un riche débat permettrait un diagnostic plus exhaustif et pointu pouvant aider à déceler parmi les potentiel(le)s conquérant(e)s, le/la meilleur(e) porteur(se) de vision et de stratégie répondant au mieux aux aspirations du Peuple avant que nos compatriotes ne se leurrent dans leurs espérances. A la lumière de cette froide analyse de la situation, l’emprunt d’une autre voie s’avère plus que nécessaire pour le régime en place et ses souteneurs avant que la stratégie de la victimisation ne renverse la donne et ne fasse fondre sur l’émotion, comme du reste, plusieurs hommes politiques y compris le leader en chef actuel de la mouvance présidentielle qui avaient eu à en bénéficier à l’approche d’un rendez-vous similaire.
Loin de nous de vouloir nous prendre en donneur de leçons, mais en tant qu’acteur actif dont l’un des attributs est d’alerter et non de laisser faire pour ensuite revenir dire qu’on le savait, nous nous devons d’apporter, comme à l’accoutumée et objectivement, notre point de vue sur l’actualité, d’autant plus qu’il nous a été enseigné par notre Kocc barma National que : «Bo néké ci gaal mouy wadia diig, boul niaan mouthie yaw dong, niaanal laal gaal gui, ndakh bou mouthié nga mouthie.»5
Pour rappel, en guise de méditation, lors de son départ à la retraite politique en 1999, en mi-second mandat, Nelson Mandela avait dit en fin de tête-à-tête avec son successeur au rang de chef d’Etat de l’Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki, qui lui demandait un dernier conseil, ceci : «M. le Président, le seul conseil que je puisse vous prodiguer est de bien considérer vos conseillers qui, après que vous ayez fini de donner votre propre point de vue, exécutent immédiatement et vous disent ‘’Oui, M. le Président !‘’ et s’en arrêtent là, parce qu’ils vous vouent du respect. Mais considérez plus ceux qui, une fois terminé, vous indiquent directement : ’’Oui M. le Président, mais je pense… ‘’, car dans cette objection peuvent souvent survenir de nouveaux éléments que vous n’aviez certainement pas pris en compte et vous faire changer d’avis dans le bon sens.»
Avec tout le respect qui sied.
A bon entendeur, salut !
Qu’Allah Swt veille sur notre cher Sénégal … Amen
Elhadji Daniel SO
Président d’En Mouvement ! Défar Sénégal
Ensemble, Construisons le Sénégal !
eldasso@yahoo.fr
Personne qui a participé
aux événements de mai 1968 ;
Boule de polissage ;
Des cris peuvent provenir de là où on s’y attend le moins ;
la doctrine (la morale) : le « Tao » correspond à l’idée de la moralité et de la vertu d’une bataille ;
Il ne faut jamais prier uniquement pour soi lorsqu’on est dans une barque sur le point de chavirer. Fais le plutôt pour cette dernière car si elle est sauvée, tu seras de même.