Les fake news (informations fallacieuses, intox ou fausses nouvelles) sont des informa­tions délibérément fausses, délivrées dans le but de tromper un auditoire. Elles peuvent émaner d’un ou plusieurs individus (par le biais de médias non institutionnels, tels les blogs ou les réseaux sociaux), d’un ou de plusieurs médias…
Elles participent à des tentatives de désinformation, que ce soit via les médias traditionnels ou via les médias sociaux, avec l’intention d’induire en erreur dans le but d’obtenir un avantage.
Ces dernières années, le phénomène des fake news s’étend sur le web aux dépens des internautes. Ces fausses informations peuvent être propagées dans des buts différents. Certaines ont pour objectif de tromper le lecteur ou d’influencer son opinion sur un sujet particulier. D’autres sont fabriquées de toute pièce avec un titre accrocheur pour densifier le trafic et augmenter le nombre de visiteurs sur un site.
Aujourd’hui, au Sénégal, le phénomène a tellement pris de l’ampleur que notre pays est définitivement entré dans l’ère post-vérité ou ère post-factuelle du fait de la montée en puissance de l’usage social d’internet.
Le néologisme «post-vérité» fait référence à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles.
Chez nous, maintenant, chacun peut créer sa propre information et la publier, même les fieffés menteurs, les réseaux sociaux ne faisant pas restriction à cette catégorie de personne.
Lors de l’élection présidentielle de 1993, quand Iba Der promettait aux paysans des réfrigérateurs et des matelas, ça faisait rire plus d’un. Aujourd’hui son discours aurait suscité de l’espoir et d’aucuns naïvement pourraient bien y croire. C’est ça le Sénégal de nos jours : on sourit bêtement et on croit à tout ce que notre candidat nous dit. Notre «partisanisme» à outrance a fini de tuer notre esprit critique et risque un jour de nous perdre.
Certains nous diront que c’est de bonne guerre. Depuis quand le mensonge est-il cautionné ? Chacun en use et en abuse, de quelque bord où l’on se trouve.
Alfred Sauvy écrivait : «Une démocratie se juge à sa capacité de recevoir une plus ou moins grande masse d’information.» On pourrait dire aussi et ce serait le corollaire : «Une démocratie se juge à sa capacité de refuser une plus ou moins grande masse de mensonges.» A ce compte, aujourd’hui, le Sénégal est peu démocratique, car la quantité de mensonges qui s’y dit n’a d’égale que l’indifférence avec laquelle l’opinion les laisse passer.
On ment sur le président de la République ; On ment sur des opposants ; On ment sur nos journalistes. Personne n’est épargné ! On est dans un con­cours du plus gros mensonge sur l’autre.
Le discours politique est si dégradé que les meilleurs hommes, avec leur salive, y perdent leur crédit. Quoi qu’ils disent devient suspect.
Nombre de candidats à la candidature en direction de la présidentielle de 2019 ne sont pas crédibles. Ils ne disent pas la vérité au Peuple et cachent bien leur jeu dans un discours guerrier qui ne nous informe pas sur leurs intérêts bassement politiciens. C’est ça la vérité !
Si tant d’hommes de rigueur ou simplement d’honnêtes gens se détournent aujourd’hui de la politique, c’est à cause de cela : la dérive du sens des mots, la rupture entre la lettre et le concept. Un chat n’est plus un chat, mais un rat travesti ou un renard masqué.
Et il s’agit du Sénégal et il s’agit des Sénégalais. C’est cela qui est grave. Le divorce entre les mots et leur sens, entre la morale et l’ambition, intervient dans le domaine qui devrait en être le mieux préservé, parce que la politique est le domaine des choses concrètes de la vie des hommes.
Est-ce fatal ? Est-ce nécessaire ? Non. Quelques pays, dont le nôtre, je crois, peuvent montrer que la politique peut être autre chose qu’un psychodrame. Au dix-huitième siècle l’idée régnait que la politique doit avoir la morale pour guide. A notre époque on se borne à dire qu’elle devrait l’avoir, sans plus y croire.
Si la politique, comme l’écrit Paul Valéry, n’est que l’art de conserver ou de conquérir le pouvoir, alors c’est vrai qu’elle exige la contrainte et l’illusion. Mais on peut aussi estimer que la politique est l’art d’organiser la société pour le bien des citoyens. Alors le mensonge n’est ni fatal ni nécessaire.
Il devrait même en être exclu. Ontologiquement, car la démocratie c’est la transparence, et techniquement, car les moyens d’information devraient le rendre impossible.
Et pourtant ! La science et la technique loin d’exclure le mensonge du champ politique, lui fournissent matière et moyen. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui cherchent à piéger leurs adversaires sur whatsapp pour ensuite partager les contenus. Tout ce ceci commence à aller dans tous les sens et à indisposer plus d’un !
Que vos fibres partisanes ne vous fassent pas croire que votre candidat est un surhomme et que rien ne peut lui être reproché. Il faut rester critique et se poser les bonnes questions.
Au demeurant, je voudrais terminer en demandant aux uns et aux autres d’éviter de brûler nos journalistes de peur de décrédibiliser toute information n’allant pas dans le sens voulu. Nous avons besoin d’eux aujourd’hui et demain aussi.

Souleymane LY
Spécialiste en communication
julesly10@yahoo.fr