Ce devait être une journée où la démocratie sénégalaise serait magnifiée, à travers un vote pour élire le prochain président de la République. Mais, il n’en est rien. A la place, certains leaders politiques et des citoyens ont observé le «deuil électoral».Par Malick GAYE –

C’est une exception qui ne manquera pas de figurer dans les annales de l’histoire politique du Sénégal. Il était de coutume que l’élection présidentielle se tienne le dernier dimanche du mois de février. Pour 2024, il n’en est rien ! Les électeurs devront attendre pour connaître la date du scrutin, qui sera décidée par le dialogue qui doit s’ouvrir aujourd’hui ou par le Conseil constitutionnel, qui sera appelé à arbitrer, en cas de désaccord.

En attendant l’issue de ces concertations, la plateforme «Aar sunu élection» a voulu marquer le coup. Sur l’étendue du territoire, un vote fictif a été organisé. Le plus marquant, du moins il a été programmé ainsi, devait se tenir au terrain de football de Khaar Yallah. 16 des 19 candidats retenus pour la Présidentielle y protégeaient un vote, mais c’était sans compter avec le refus de l’autorité. En effet, la police avait fini de quadriller le terrain avant 11 heures. Elle a assuré l’interdiction de la manifestation.

Le Fc25 a fini par aller à Walfadjiri pour tenir la manifestation. «Notre pays, habitué aux transgressions démocratiques ces douze dernières années, vit des moments douloureux avec la confiscation de notre droit de vote. Le Peuple que l’on invoque à longueur de discours, avait pris date ce 25 février pour exprimer pleinement sa souveraineté et choisir son Président. Un rendez-vous manqué du fait d’un homme qui, une fois de plus, enfourche le cheval de l’illégitimité démocratique, au détriment de la volonté populaire», a affirmé Khalifa Ababacar Sall, le candidat de la Coalition « Khalifa Président». Pour l’ancien maire de Dakar, «ce 25 février 2024 marque le lancement de l’après-Macky. Nos institutions et notre Administration ont le devoir de mettre en œuvre, dans les meilleurs délais, les conditions idoines pour que le Peuple sénégalais exerce librement son droit de se choisir son dirigeant conformément à la décision du Conseil constitutionnel. Aucune entente ne peut se nouer sur le dos du Peuple sénégalais pour valider un coup d’Etat constitutionnel».

Pour le candidat Aly Ngouille Ndiaye, qui n’a pas fait le déplacement sur Dakar, ce 25 février 2024 «est un jour de deuil électoral». Et il a tenu à le marquer dans sa commune. Un «geste symbolique fort pour rappeler l’importance de la démocratie et du respect des choix du Peuple» y a été organisé.

Hier, ce n’était pas que les leaders politiques qui ont voulu marquer la journée. Un peu partout sur internet, des citoyens ont fait le déplacement aux lieux de vote habituels pour immortaliser le moment. De Pikine à Mboro, en passant par Guédiawaye, sans oublier Linguere et Kolda, les réseaux sociaux ont été inondés de photos montrant des citoyens avec leur carte d’identité nationale pour participer au «deuil électoral».
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