Alioune Sané, coordonnateur de «Y’en a marre», invite à respecter la présomption d’innocence du député Farba Ngom dans le cadre de la levée de son immunité parlementaire par rapport à l’affaire des 125 milliards francs dans laquelle le nom du député est cité. Affichant sa position hier lors de l’émission «Le Grand Jury», M. Sané a réaffirmé sa volonté de voir abrogée la loi d’amnistie.

Par Amadou MBODJI – Aliou Sané demande à ce que la question de la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom «ne soit pas politisée».

Le coordonnateur du mouvement «Y’en a marre» a également insisté sur l’importance de respecter la présomption d’innocence dans toute cette affaire, après avoir reconnu le respect de la procédure pour le moment en vue de la levée de l’immunité parlementaire du député «Takku Wallu». «Jusque-là, sur ce dossier, les procédures sont respectées. Il est député, et tout le travail qui doit être effectué entre le ministre de la Justice et l’institution parlementaire se déroule de manière transparente et est conforme à la loi», soutient  le leader de «Y’en a marre». Une position exprimée par Aliou Sané hier  lors de son passage à l’émission «Grand Jury» sur la Rfm.

Toutefois, le leader de «Y’en a marre» a mis en garde contre la tentation de transformer cette situation en un règlement de comptes politiques, appelant à la transparence et à l’impartialité du processus judiciaire.

La démarche du gouvernement dans ce dossier, visant à faire rendre compte des res­ponsables supposés de détournements de fonds publics est  salutaire, selon Alioune Sané. Ce dernier estime  que Farba Ngom, «comme tout autre responsable impliqué dans des malversations financières, doit rendre des comptes pour ses actes».

Aliou Sané affirme  que la procédure est en cours et doit se poursuivre «dans le respect des règles de Droit».
La  priorité se situe dans le fait  de garantir une Justice équitable et non partisane, loin des considérations politiques, à en croire l’activiste qui avait déchiré la loi d’amnistie, après avoir été arrêté au plus fort de la tension politique avant l’avènement d’un nouveau régime à la tête du Sénégal.
La commission ad hoc, mise en place par l’Assemblée nationale vendredi dernier, a convoqué demain mardi le député-maire des Agnam, Farba Ngom.

Pour une abrogation de la loi d’amnistie
Alioune Sané ne varie sur sa position sur la loi d’amnistie. Il réaffirme sa volonté de voir celle-ci abrogée. Il considère ainsi cette abrogation comme une «nécessité».

Revenu sur la position de son organisation qui, dès le début, s’était opposée à cette loi, le coordonnateur de «Y’en a marre» considère cette  loi  comme «une mesure destinée à protéger certains individus, notamment l’ex-Président Macky Sall». Divisant l’opinion publique dans un contexte politique particulier, cette loi d’amnistie promulguée est sous coupe de nombreux citoyens, et plus particulièrement les dé­fenseurs des droits humains. Ces derniers estiment «qu’elle accorde une impunité injustifiée aux auteurs d’actes répréhensibles, notamment ceux en lien avec les violences politiques entre mars 2021 et févier 2024».

Pour  Aliou Sané, «cette législation constitue une injustice, en ce qu’elle permet à certains individus, responsables de répressions violentes, de ne pas répondre de leurs actes».

Cette loi d’amnistie dont il continue de réclamer l’abrogation met en lumière la souffrance des Sénégalais incarcérés de manière injustifiée et il plaide pour une Justice équitable. «Il y a beaucoup de Sénégalais qui ont été incarcérés injustement. Tous ceux qui ont exercé cette sale besogne doivent répondre de leurs actes», plaide-t-il, tout en soulignant l’importance de rendre Justice aux victimes de ces exactions. Le plaidoyer du coordonnateur de «Y’en a marre» est en phase avec les positions de nombreux défenseurs des droits humains et d’activistes qui estiment que la loi d’amnistie protège certains membres de l’ancien régime, en particulier l’ancien Président Macky Sall.

Cette loi, selon eux, «n’aurait que pour objectif de couvrir des agissements qui ont contribué à des violations des droits de l’Homme et à des abus de pouvoir».
Lors de son intervention, le leader du mouvement citoyen «Y’en a marre», Aliou Sané, a abordé le dossier de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser). Il en a profité pour faire appel à plus de transparence et de clarifications concernant cette affaire sur laquelle il y a eu beaucoup de débats selon lui.
«Il y a beaucoup de choses qui se sont passées concernant l’Aser et il convient d’apporter des clarifications», a-t-il déclaré.

Le leader de «Y en a marre» a critiqué par ailleurs le comportement du président du parti Pastef qui, selon lui, n’aurait pas dû intervenir publiquement lors d’un meeting politique pour «blanchir» le directeur de l’Aser.
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