Presse – Bachir Fofana en prison : La Cap plaide pour sa libération immédiate

La Coordination des associations de presse (Cap) appelle à une libération immédiate du journaliste Bachir Fofana, placé sous mandat de dépôt pour «diffusion de fausses nouvelles». Dans un communiqué, la Cap exhorte les autorités à privilégier les mécanismes de régulation et de médiation déjà mis en place par la profession elle-même.Par Ousmane SOW –
La Coordination des associations de presse (Cap), qui regroupe les principales organisations faîtières du secteur, a entamé des démarches officielles pour obtenir la libération immédiate du journaliste-chroniqueur Bachir Fofana, arrêté le 25 juin 2025 pour «diffusion de fausses nouvelles». Ainsi, une délégation s’est rendue hier à l’Assemblée nationale, où elle a rencontré le Cabinet du président El Hadji Malick Ndiaye. Objectif : les convaincre de retirer la plainte déposée contre leur confrère. «La Cap salue la diligence avec laquelle cette audience a été accordée par le président El Hadji Malick Ndiaye, bien qu’il ait été appelé à la présidence de la République à la dernière minute. La délégation a sollicité le retrait de la plainte contre Bachir Fofana et sa relaxe immédiate», peut-on lire dans le communiqué. Plutôt que de recourir à la Justice pour des contenus jugés sensibles, la Cap plaide pour l’usage d’instances internes à la profession, notamment le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie au Sénégal (Cored) dont le Tribunal des pairs est reconnu pour sa compétence. «Nous exhortons les autorités à privilégier les mécanismes de régulation et de médiation déjà mis en place par la profession elle-même. Le Cored représente une instance légitime et compétente pour traiter ce type de dossier», rappelle la Cap. Aux yeux des membres de cette organisation, un simple droit de réponse ou une mise en demeure aurait suffi pour éviter le recours à des procédures judiciaires liées à la diffusion d’informations ou à un délit d’opinion, particulièrement pour des allégations de fausses nouvelles. «Un rectificatif ou une mise en demeure aurait été une approche plus appropriée et conforme aux principes de la déontologie journalistique», précise la Cap, estimant que ce type de procédure judiciaire contribue à entretenir un climat de peur dans les rédactions.
«La Cap condamne ces convocations et emprisonnements qui ont pour effet d’inciter de nombreux professionnels des médias à l’autocensure», souligne l’organisation, rappelant que le rôle fondamental de la presse est d’informer, de critiquer et de contribuer au débat public, «même lorsque les informations diffusées peuvent être perçues comme dérangeantes». Alors, profitant de cette rencontre, la Cap a aussi exprimé au directeur de Cabinet du président de l’Assemblée nationale, sa volonté de voir les relations entre la presse et les autorités se pacifier durablement. «La Cap a également souligné auprès du directeur de Cabinet, son souhait de voir le président de l’Assemblée nationale s’impliquer activement dans la pacification des relations entre la presse et le pouvoir», note le document. «La Cap reste vigilante et suit de près l’évolution de la situation de Bachir Fofana et de toutes les affaires touchant à la liberté de la presse au Sénégal. Nous appelons à la libération immédiate de notre confrère et à un respect scrupuleux des droits des journalistes», rappelle la Cap, qui attire l’attention des professionnels de l’information sur l’obligation de respecter les rigueurs du métier afin de ne pas s’exposer inutilement.
ousmane.sow@lequotidien.sn