Presse – Bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon : Une journaliste camerounaise et un technicien malgache sacrés

Esther Senpa Blaksmedi, journaliste à la Crtv Nord au Cameroun, et Henintsoa Tiana Miranto Rakotomalala, technicien à l’Aceem Radio Madagascar, ont remporté, ce mercredi, la Bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon de Radio France internationale (Rfi), après une session de formation de deux semaines à Dakar qui a réuni 20 journalistes et techniciens des médias de 12 pays africains francophones.Par Mame Woury THIOUBOU –
C’est en exerçant leur profession que Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont perdu la vie au Mali en 2013. Neuf ans plus tard, les deux reporters de Radio France internationale (Rfi) continuent d’inspirer de jeunes collègues. Esther Senpa Blaksmedi, journaliste à la Crtv Nord au Cameroun, et Henintsoa Tiana Miranto Rakotomalala, technicien à l’Aceem Radio Madagascar, ont été déclarés vainqueurs à Dakar de la 9e Bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Les résultats ont été proclamés ce mercredi à Dakar par la directrice de Rfi, Cécile Mégie. Les deux lauréats ont été distingués à la suite d’une session de formation dans la rédaction et dans les studios de Rfi en mandenkan et fulfulde situés à Dakar. Au total, 20 jeunes professionnels venant de 12 pays sélectionnés (10 techniciens de reportage et 10 journalistes) ont suivi ces formations au terme desquelles un jury a choisi deux lauréats qui remportent une formation de 4 semaines à Paris, entièrement prise en charge, au cours du premier trimestre 2023.
Pour remporter cette bourse, la journaliste camerounaise de 25 ans, Esther Senpa Blaksemdi, a produit un reportage sur l’ichtyose congénitale. «J’ai choisi ce sujet parce que j’ai un petit penchant pour les sujets d’intérêt humain. Je trouve que le monde, dans sa globalité, est fait de plusieurs différences. Et je prône l’acceptation de tous, l’amour, le partage et surtout la tolérance», explique la journaliste camerounaise. Dans le reportage qu’elle a produit, il y est question d’espoir, celui de ces jeunes enfants souffrant d’ichtyose congénitale et à qui l’association Les racines de l’espoir, que dirige Sophie Guèye, donne une lueur d’espoir en assurant leur prise en charge. Cette maladie, appelée également la maladie du crocodile, est en effet source de rejet et de stigmatisation pour ceux qui en souffrent. Quant au technicien malgache primé, son reportage sonore évoque le monde d’un entraîneur de jeunes joueurs de football.
«Après l’assassinat de Ghislaine et Claude, nous avons cherché le moyen de transformer cette douleur en quelque chose de fécond, et nous avons créé cette bourse avec des partenaires, Ina, l’école de journalisme de Science Po et les services de formation de Rfi. Pour qu’une jeune génération de journalistes, de techniciens d’Afrique francophone, sur les pas de Ghislaine et Claude, avec la même passion qu’eux pour ce métier, puissent marcher sur leurs pas en leur rendant hommage», indique Cécile Mégie. Au total, en neuf éditions, ce sont 18 lauréats et 180 stagiaires qui ont bénéficié de cette formation et qui sont aujourd’hui en réseau.
«Nous voulons la Justice, pas la vengeance»
C’est au cours d’un reportage à Kidal que les deux journalistes de Rfi sont enlevés par des hommes armés. Ils seront exécutés non loin de la ville. Un évènement tragique qui, aujourd’hui encore, garde quelques zones d’ombre. La procédure intentée en France a récemment connu quelques avancées, avec l’exploitation de données téléphoniques. Mais les familles de Claude et Ghislaine continuent de réclamer Justice. «Nous voulons la Justice, pas la vengeance», souligne Laurence Lacour, représentante de la famille Dupont. Depuis l’assassinat des deux journalistes de Rfi, le 2 novembre a été consacré Journée internationale de lutte contre l’impunité des crimes commis sur les journalistes. Et depuis le début de l’année, une cinquantaine de journalistes ont déjà été tués.
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