Les propos tenus par Gaston Mbengue sur Barthélémy Dias dans l’émission «Sortie» de Awa Diop Ndiaye sur Walf Tv ont provoqué une levée de boucliers et les conséquences n’ont pas tardé. Le Cnra a adressé une lettre de rappel au média et le tribunal du Cored s’est autosaisi. Quant au Synpics, il condamne fermement.
Par Mame Woury THIOUBOU
– Les propos tenus par Gaston Mbengue dans l’émission Sortie de la chaîne Walf Tv ont soulevé un tollé. Et les organismes régulant le secteur de la presse ont également montré leur désapprobation. Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics) d’abord, avant que le Cored et le Cnra ne lui emboitent le pas. «Le Synpics condamne fermement les propos tenus par le Sieur Gaston Mbengue à l’encontre de Monsieur Barthélemy Dias ce dimanche lors d’une émission sur une chaîne privée, diffusée en différé», dénonce le syndicat dans son communiqué de presse.
«Le Cnra a constaté des manquements graves dans l’émission Sortie diffusée le 28 novembre 2021 sur le réseau Walf Tv avec comme invité Gaston Mbengue. Ce dernier a négativement frappé les esprits dans des propos en violation des piliers de la cohésion sociale. Lesdits manquements ont été notés alors que la sensibilité et la gravité du sujet évoqué devraient appeler un profond sens de la responsabilité et une attention soutenue de l’éditeur», constate le gendarme de l’audiovisuel.
Au-delà de l’auteur de ces propos dont la responsabilité est engagée devant l’opinion publique et le cas échéant devant l’institution judiciaire, le Synpics rappelle que le Code de la presse interdit clairement à un journaliste ou à un média, de se faire relais de tout type de propos, à même de troubler gravement l’ordre public en promouvant la Haine. Et l’incident est d’autant plus «grave et inacceptable», souligne le Cnra, qu’il est noté dans le cadre d’une émission qui a fait l’objet d’un enregistrement préalable. Des propos, «d’une gravité extrême» et qui, selon le Cored, constituent une menace à la cohésion nationale et une incitation à la haine et à la violence.
Le Synpics rappelle que sa mission de défense de la liberté de presse, ne saurait s’accommoder des écarts qui contreviennent au cadre légal d’exercice de cette liberté au Sénégal. «Les articles 18 et 57 du Code de la presse du Sénégal, interdisent formellement que les journalistes ou les entreprises de presse se transforment en promoteurs de la haine ou d’une quelconque stigmatisation», souligne le Synpics qui rappelle également que «(…) Les entreprises de presse et de la communication audiovisuelle doivent respecter l’ordre public en veillant notamment à ne pas diffuser des programmes ou messages de nature à inciter à la violence ou à la haine.»
Walf Tv sur la table du Cored et du Cnra
En diffusant ce passage de l’émission, les services du président Babacar Diagne estiment que Walf Tv s’est rendue coupable de plusieurs manquements : non-respect des principes qui régissent le journalisme, notamment dans la diffusion de documents vidéo et audio, et non-respect du cahier des charges relatif à l’établissement et/ou l’exploitation d’un service de télévision privée commerciale. Raison pour laquelle l’instance a adressé un courrier à la chaîne.
Le Synpics, quant à lui, déplore également la récurrence de tels incidents. Mais en tout état de cause, l’affaire n’est pas encore bouclée puisque le Cored a décidé de s’autosaisir. «Le Cored s’est autosaisi du dossier pour l’instruire devant son Tribunal des pairs. Aux termes des articles 53 et 54 du Code de la presse, le Cored, tout en privilégiant le dialogue, a les pleins pouvoirs pour prononcer des sanctions contre les organes de presse qui font fi du respect des règles d’éthique et de déontologie», souligne le tribunal de la presse.
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