Par Hamath KANE

– La révision exceptionnelle des listes électorales aura lieu du 31 juillet au 14 septembre 2021 sur l’ensemble du territoire national. Cette période d’enregistrement dans les commissions administratives concerne, comme le rappelle le communiqué du ministre de l’Intérieur, «l’inscription sur les listes électorales, la modification d’adresse électorale, le changement de statut de militaire, paramilitaire ou civil et la radiation sur les listes électorales». Il se trouve justement que cette étape du processus qui mène aux élections territoriales cible plus de nouveaux inscrits, notamment ceux qui auront au moins 18 ans révolus à la date du dimanche 23 janvier 2022, jour du scrutin. Et tous devront être munis exclusivement de leur carte nationale d’identité biométrique Cedeao. La période du contentieux de l’inscription est concomitante à celle du déroulement des opérations de révision exceptionnelle des listes électorales, souligne le décret présidentiel. C’est peut-être là un premier contentieux qui se profile entre les acteurs politiques puisque peu de primo-inscrits disposent de carte d’identité biométrique. Des voix commencent à s’élever d’ailleurs pour plaider l’allègement de la procédure par une disposition exceptionnelle. Par exemple, l’inscription sur simple présentation de l’extrait de naissance ou d’autres pièces justificatives.

La majorité pour le respect du Code, l’opposition affute ses armes
La majorité approuve les dispositions du Code électoral reprises par le chef de l’Etat dans son décret n° 2021-976 portant révision exceptionnelle des listes électorales en vue des élections départementale et municipales du 23 janvier 2022. «Si on inscrit encore une disposition particulière pour ces inscriptions-là, on va vers des difficultés. Au niveau de la commission politique, nous avions même discuté pour voir s’il ne fallait pas autoriser l’utilisation d’un certificat de résidence et d’un extrait de naissance. La position que je donne est personnelle puisque Bby ne s’est pas réunie, mais je pense qu’on doit plutôt permettre à ceux qui ne se sont pas encore inscrits sur le fichier de cartes d’identité de le faire assez tôt, de recevoir leur pièce et d’aller s’inscrire sur les listes électorales», a dit le plénipotentiaire de la majorité. Cheikh Sarr croit savoir, en effet, que «toutes les données nécessaires ne figurent pas sur le récépissé». Par conséquent, il ne peut être utilisé pour l’inscription sur les listes électorales. Il rappelle cependant que lors de la refonte partielle de 2016, l’extrait de naissance et le certificat de résidence étaient autorisés dans les commissions. Mais les techniciens du ministère de l’Inté­rieur (Daf et Dge) étaient confrontés à beaucoup de difficultés dans le traitement des données. L’opposition, elle, ne souhaite pas, pour le moment, aborder le sujet. Le Quotidien a appris, tout de même, que des partis membres du Frn voient dans la demande de la carte d’identité biométrique aux primo-inscrits une «volonté du pouvoir de limiter la participation» des jeunes aux prochaines élections.

Jurisprudence de 2016 avec la simplification de la procédure
La question préoccupe aussi des organisations de la société civile qui n’excluent pas de saisir le chef de l’Etat en vue de prendre des dérogations autorisant l’inscription sur présentation d’autres pièces alternatives à la carte d’identité Cedeao. Et peut-être même une demande de l’opposition dans ce sens. L’on se rappelle que c’est l’audience que le Président Sall avait accordée à une délégation de Manko wattu senegaal, conduite par Mamadou Diop Decroix, Oumar Sarr et Cie, le 1er décembre 2016, qui avait débloqué les désaccords entre majorité et opposition à l’issue de la revue du Code  électoral qui avait suivi le lancement du dialogue national du 28 mai de la même année. C’est ainsi que des accords avaient été notés sur «la fixation de la date des élections législatives au 2 juillet 2017, l’augmentation du nombre de commissions administratives pour l’inscription massive des Sénégalais en âge de voter, la simplification de la procédure d’inscription des citoyens sur les listes électorales au moyen d’un extrait de naissance ou d’un passeport ordinaire». Même si à l’époque Macky Sall avait attiré l’attention des acteurs sur «l’impératif de consolider notre système électoral en évitant d’y introduire des changements susceptibles de le fragiliser». Cette «simplification de la procédure d’inscription» semble en tout cas être le prochain cheval de bataille de l’opposition et de la société civile.
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