La ville de Diourbel a abrité la cérémonie de célébration de la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire. Une opportunité saisie par Dr Noël Akondé, président national des chirurgiens-dentistes sénégalais, pour revenir largement sur les difficultés dudit secteur.

Les difficultés qui secouent le travail des chirurgiens-dentistes sont très nombreuses, estime Dr Noël Akondé. «Nous sommes près de 550 chirurgiens-dentistes pour une population de 15 millions d’habitants. Donc le ratio est très faible par rapport aux normes de l’Organisation mondiale de la santé (Oms)», dit Dr Akondé, qui rappelle aussi qu’ils sont aussi sous-équipés surtout au niveau public. «La situation est alarmante. Cette maladie est le quatrième fléau en santé publique parce que 76% des enfants de la préscolaire souffrent d’une carie dentaire et 90% pour ne pas dire 100% des adultes souffrent de la carie dentaire. D’où l’importance d’accentuer davantage la prévention. Cette prévention est très simple, il faut juste se brosser quotidiennement les dents après les repas et surtout le soir avant de se coucher de préférence avec des pâtes fluorés», a-t-il indiqué. Dans la même veine, M. Akondé a tenu à préciser que des cabinets dentaires manquent de matériels. «C’est vrai que le matériel bucco-dentaire coûte cher. C’est pourquoi nous lançons un appel aux autorités à faire des efforts pour équiper les cabinets dentaires de matériels suffisants pour prendre en charge toutes ces affections», a-t-il ajouté.
En ce sens, Dr Akondé rappelle que la disponibilité des soins pose problème. Pour lui, 62% des adultes n’ont pas accès à un chirurgien-dentiste à cause d’un déficit de professionnels dans les structures publiques. «Nous invitons le gouvernement à recruter le maximum de chirurgiens-dentistes pour que nous puissions couvrir la population, c’est-à-dire qu’il y ait au moins un chirurgien-dentiste dans chaque département du Sénégal pour pouvoir faire face à ce fléau. Par contre, nous sommes conscients que l’Etat a fait des efforts en renforçant la capacité les acteurs de la santé dentaire», insiste le chirurgien-dentiste.
Venu présider ladite cérémonie, l’adjoint au Gouverneur chargé du développement estime qu’il est important de prévenir l’infection. Sidy Sarr Dièye ajoute : «Dans cette perspective, je pense que nous sommes tous interpellés tout sensibilisant davantage les populations afin de promouvoir la santé bucco-dentaire.» Il ajoute : «Sans une bonne santé bucco-dentaire, on ne peut pas prétendre à une vie saine. En plus des efforts qui sont consentis dans le domaine, l’Etat doit accorder une attention particulière à la santé bucco-dentaire à côté de la santé de la nutrition et celle de la mère et de l’enfant.»

«Le choix de Diourbel n’est pas fortuit»
Pour le chef de la Division santé bucco-dentaire au ministère de la Santé et de l’action sociale, Diourbel fait partie des régions prioritaires dans ce domaine. Dr Codou Badiane détaille le programme : «c‘est un programme de renforcement des capacités des prestataires de services et des activités communautaires sur la promotion de la santé bucco-dentaire. Ce n’est pas un choix fortuit d’organiser cette cérémonie ici à Diourbel», a-t-elle précisé en rappelant que l‘eau de Diourbel contient une forte teneur en fluor. «Or, poursuit-elle, le fluor est un élément essentiel pour la santé des dents mais aussi son excès est nuisible.» De l’avis de Dr Badiane, les affections bucco-dentaires partagent les mêmes facteurs de risque que les maladies chroniques qu’on appelle les maladies non-transmissibles dont le diabète ainsi que les maladies respiratoires et le cancer oral. «Chez la femme enceinte, nous avons des conséquences des affections bucco-dentaires et surtout pendant la grossesse. On peut avoir des accouchements prématurés ou des avortements spontanés», a-t-elle rappelé.
Correspondante