Ils étaient nombreux, docteurs, chercheurs, à prendre part hier à l’atelier tenu au Centre régional de recherche et de formation sur les maladies infectieuses et émergentes (Crcf) du Chu de Fann. Cette rencontre vise à optimiser l’apport et l’utilisation des Sciences humaines et sociales (Shs) pour mieux comprendre les facteurs et conditions susceptibles d’améliorer l’accès et l’adhésion à la vaccination.

Selon Dr Ousseynou Badiane, coordonnateur du Programme élargi de vaccination (Pev) au niveau du ministère de la Santé, «l’objectif est d’analyser les facteurs d’adhésion à la vaccination contre le Covid-19 en lien avec d’autres stratégies vaccinales relatives à l’émergence ou à la réémergence de maladies épidémiques. Chaque pays partenaire du projet a identifié une thématique adaptée à ses réalités sanitaires. Et aujourd’hui, ce qu’on tire des résultats est la confirmation de l’impact négatif du Covid et du système de vaccination au Sénégal. Et l’intérêt de cette étude, c’est vraiment d’aller en profondeur pour analyser les causes de cet aspect négatif du Covid pour la vaccination et également d’en tirer les enseignements sur le renforcement du programme de la vaccination». Dr Ousseynou Baldé renseigne que ce projet est soutenu par l’Institut Pasteur de France et financé par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères via le Fonds de solidarité pour les projets innovants (Fspi). «Au Sénégal, l’objectif était de décrire et d’analyser les effets du Covid-19 sur le Programme élargi de vaccination (Pev) au Sénégal, avec un focus sur les régions de Dakar et Diourbel. Le projet a été mis en œuvre par l’équipe en sciences sociales du Crcf, du 8 février au 31 juillet 2024, dans les régions de Dakar (Keur Massar) et Diourbel (Touba). Une méthodologie qualitative a été menée, combinant entretiens, focus groupes, observations directes, revue documentaire et ethnographie. Les perceptions et les expériences des professionnels de santé spécialisés dans la vaccination, des acteurs communautaires et des familles ont été enquêtées en milieu urbain et au niveau décentralisé.» Selon Dr Badiane, le vaccin qui a été le plus impacté durant la pandémie, c’est le vaccin contre les infections et le Hpv.
Pour Dr Khoudia Sow, ce projet de recherche renseigne que pendant la période du Covid, «il y avait un certain nombre de mesures qui ont amené les services à se réorganiser, mais qui ont réduit l’accès à des populations».

«Par exemple, vous vous rappelez le respect des mesures barrières ; les services de vaccination ont aussi été confrontés à cette contrainte et ont demandé aux femmes de prendre Rv par téléphone, ou bien de respecter les mesures barrières», renseigne Dr Khoudia Sow.

Les résultats du projet ont permis d’identifier les contraintes, les innovations et les stratégies qui ont été vécues par les professionnels de santé et les populations autour de la vaccination infantile durant la période du Covid-19.
Parmi les recommandations stratégiques pour renforcer l’accès et l’adhésion à la vaccination, le projet a intégré un volet de renforcement de capacités pour faciliter l’élaboration d’une note de politique qui a synthétisé les principaux résultats du projet et formulé des recommandations. L’organisation d’un «atelier délibératif» va permettre d’échanger avec les participants du projet et de valider les recommandations avec les acteurs. Un atelier délibératif permet de réunir divers acteurs intervenant dans un domaine spécifique pour discuter, analyser et débattre des résultats d’un projet de santé publique, afin de prendre des décisions informées sur la manière de les interpréter ou d’y répondre. Ces échanges permettent de renforcer l’engagement des parties prenantes dans un processus collectif, d’interpeller sur les recommandations. Dr Sow pense qu’il faut travailler, surveiller les infox sur la vaccination, car le Covid a «eu des effets néfastes et beaucoup de gens ont peur des vaccins, ce qui n’était pas le cas avant».
Par Abdou Latif MANSARAY  – latifmansaray@lequotidien.sn