On aurait pu s’attendre à tout de la part du duo Ousmane Sonko/Bassirou Diomaye Faye, sauf au maintien de l’abomination connue de tous en cours dans les maisons d’arrêt du Sénégal, voire son renforcement. Tous deux sont les mieux placés pour savoir que la majorité des 14 000 détenus actuels dans les prisons du Sénégal sont pour la plupart innocents, sont victimes d’un système pourri qui n’écrase que les «Coumba amoul ndèye», sont victimes d’une Justice qui se complaît à avoir la main lourde à l’endroit des gorgorlous.
En 90 jours, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont déjà fait pire que le tyran Macky Sall. Ils ont non seulement maintenu cette abomination, mais depuis qu’ils sont aux commandes, la situation s’est même aggravée, comme peuvent en témoigner les détenus et leurs familles ou leurs amis. L’actualité le démontre également, notamment :
** Le refus de procéder à des grâces le jour de la Korité, alors qu’il est de coutume que 800 à 900 détenus soient graciés chaque Korité.
** La limitation volontaire à environ 300 grâces le jour de la Tabaski, alors que même le tyran Macky Sall graciait près de 900 détenus à chaque Tabaski. De la pure ingratitude et méchanceté.
** La dernière mutinerie intervenue au Camp pénal le 19 juin 2024
Cette mutinerie n’est rien d’autre que la conséquence d’un ras-le-bol d’êtres humains, de citoyens, de pères de famille, que les autorités étatiques, agissant sous l’autorité du président de la République et du chef du gouvernement, font traiter comme des animaux, comme des déchets humains, comme de la merde.
La soi-disant découverte de chanvre indien n’est qu’un prétexte qui ne saurait expliquer :
1° Que 50 ou 100, voire 250 êtres humains soient collés les uns contre les autres 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours dans l’année, dans une même pièce exiguë, infecte, puante, prévue à la base pour 10 fois moins de personnes.
2° Que 50 ou 100, voire 250 êtres humains se partagent une seule et même toilette, fassent la queue 10 à 15 heures de temps pour pouvoir pisser ou chier lorsqu’ils ne l’ont pas déjà fait dans leur pantalon ou sur un matelas déjà crasseux et plein de mites.
3° Que de la merde pleine de cafards, de vers de terre, de morve, de sable, de crasse, soit servie chaque jour à ces êtres humains en guise de repas, si d’aventure leurs familles n’ont pas les moyens de leur faire parvenir petit déjeuner, déjeuner et dîner.
4° Que même lorsque leurs familles apportent les repas pour remplacer la merde servie aux pensionnaires, que ces repas soient bidouillés, souillés, renversés, par des gardes pénitentiaires avant de parvenir à leurs destinataires.
5° Que l’eau et l’électricité soient coupées la plupart du temps dans ces lieux qui devraient être les derniers endroits où cela devrait arriver.
6° Que la plupart des détenus ne puissent se laver que 2 ou 3 fois par mois, ne puissent laver leurs habits qu’une fois par mois ou par trimestre.
7° Que l’infirmerie utilise le même gobelet et le même médicament pour tous les détenus et pour tous les maux.
Dans tous les cas, faut-il croire ces autorités qui ont toujours nié tout ce que 100% des ex-détenus ont confirmé, à savoir la maltraitance, les humiliations, le «paquetass», la nourriture infecte, les coupures d’eau, les fouilles zélées, la cherté des produits et des appels téléphoniques, etc. ?
Que l’on nous sorte subitement des téléphones et du chanvre cachés dans les chambres n’est certainement pas la réponse à apporter aux abominations commises sur des êtres humains du lundi au dimanche, 24h sur 24, au vu et au su de tous, au vu et au su de Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, au vu et au su de ces pseudo organisations des droits de l’Homme. La visite du ministre de la justice, suivie par des supplices sur les détenus et une grève de la faim par ces derniers, sonne comme une onction par ce dernier et ses patrons à l’accentuation de l’abomination.
Faut-il s’étonner que Sonko et Diomaye ferment les yeux sur ces abominations jusqu’à présent, étant donné qu’eux ont été traités comme des Vip durant leur détention ? Ousmane Sonko raconte lui-même avoir vécu sa détention dans une suite avec salon et climatiseur. C’était d’ailleurs maladroit de raconter cela en public, alors que des milliers de détenus qui l’écoutent ont plutôt vécu l’enfer pour que lui puisse accéder au pouvoir, ou le vivent encore. Comme c’était également maladroit d’affirmer avoir dit au ministre de la Justice de poursuivre son auto-saisine contre un militant de Pastef, un ex-détenu ayant vécu l’enfer, simplement parce qu’il aurait menacé d’insulter un procureur qui a fait emprisonner tant d’innocents, qui a détruit tant de vies et de familles. Ousmane Sonko était donc prêt à renvoyer cette victime du système dans les «paquetass» que le nouveau régime maintient, voire fait empirer.
Le plus détestable dans tout cela est que Diomaye comme Sonko, qui ont tant promis aux Sénégalais, auraient pu mettre fin très facilement à cette abomination dès le lendemain de leur accession au pouvoir, par un ou deux simples coups de fil. Car effectivement, en moins d’une semaine :
** Les «paquetass» abominables auraient pu être interdits.
** Des toilettes supplémentaires auraient pu être construites.
** Des chambres ou cellules supplémentaires auraient pu être construites.
** De la logistique supplémentaire aurait pu être fournie.
** Le problème de l’eau aurait pu être réglé.
** Les lieux auraient pu être désinfectés, dératisés, désinsectisés.
** Les excès de zèle lors des fouilles auraient pu être contenus.
** Les tarifs exagérés du téléphone et des boutiques de l’intérieur auraient pu être revus.
D’ailleurs, concernant Rebeuss, le directeur et le chef de cour essayent de faire de leur mieux pour atténuer l’abomination avec les maigres moyens de bord alloués, datant de l’époque Macky Sall. Mais voilà déjà 90 jours que le duo Sonko/Diomaye montre qu’il n’a que faire de la situation de ces milliers d’êtres humains, qui sont des innocents en très grande majorité ou des victimes d’une Justice qui écrase les gorgorlous. Sonko et Diomaye se contentent de se cacher derrière des Assises de la Justice dont les conclusions mettront des années à être matérialisés, de se cacher derrière une soi-disant séparation des pouvoirs qui n’existe pas. Pourtant, le traitement ignoble, inhumain et dégradant réservé aux 14 000 détenus est de la responsabilité directe de la Présidence et du gouvernement qui prennent toutes les décisions, et les font appliquer par l’Administration pénitentiaire dénuée de moyens, de logistiques dignes de ce nom, de salaires décents, de considération.
Depuis le 24 mars 2024, aucun des dirigeants de Pastef, aucun de ses cadres et de ses militants connus ne s’est prononcé sur ces abominations en cours dans les maisons d’arrêt du Sénégal. Ils se disent certainement que ce n’est plus leur affaire, car ils ne courent désormais plus de risque d’y être envoyés, et donc d’y être traités comme des chiens et des porcs. De vrais parvenus finalement, ces pastéfiens, dirait-on.
Si Sonko et Diomaye n’ont rien fait de concret pour régler la situation de 14 000 personnes qu’ils maintiennent dans des conditions abominables depuis 90 jours déjà, alors qu’y mettre fin devait être le tout premier acte posé au lendemain du 2 avril 2024, faut-il s’attendre à ce qu’ils fassent grand-chose pour les 17 millions de Sénégalais ? Peut-être qu’ils s’en moquent tout simplement de ces 14 000 citoyens détenus dans ces lieux immondes, dans des conditions épouvantables, parce que se disent-ils que les détenus ne votent pas. Mais qu’ils sachent que derrière ces 14 000 citoyens, il y a 14 000 grandes familles, il y a 14 000 groupes d’amis, il y a des communautés, et que sais-je encore ?
Ressaisissez-vous. Le maintien de cette abomination dans les prisons est une grande déception. Vous vous êtes vite mis dans vos habits de dirigeants loin des véritables souffrances, plus préoccupés à vous refaire une bonne santé. Le réveil risque d’être brutal.
MARVEL NDOYE
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