Un an après le scandale d’agression sexuelle et la non-attribution du prix, l’Académie a décerné ce jeudi 10 octobre les Nobel de littérature 2018 et 2019 à la Po­lonaise Olga Tokarczuk et à l’Autri­chien Peter Han­dke. Mais l’Académie a-t-elle tiré toutes les leçons né­ces­saires pour redonner ses lettres de noblesse à ce prix ?

Olga Tokarczuk et Peter Handke. Une femme, un homme. Ce choix de parité semble pertinent. En réalité, il est surtout destiné à ne pas prendre de risque, après deux années calamiteuses suite à la découverte en novembre 2017 d’agressions sexuelles perpétrées par Jean-Claude Arnault, le mari de Katarina Frostenson, membre de l’Académie suédoise. Lors de l’annonce exceptionnelle des deux lauréats du prix Nobel de littérature, il n’y a eu aucun sifflet ni exclamation, rapporte notre correspondant à Stockholm, Frédéric Faux. La majorité des journalistes et des critiques présents dans la salle des fêtes de l’Académie suédoise a souligné la sagesse de ces choix. Un homme et une femme. C’était attendu.
«Cela fait longtemps que Peter Handke était sur la liste des Nobel, note Yukiko Duke, critique littéraire au quotidien suédois Svenska Dagbladet. Mais il ne pouvait pas l’avoir à cause de ses positions politiques. Ce choix pour le Nobel n’est pas politiquement correct, mais Olga Tokarczuk l’est. Je crois que c’est un choix très équilibré. La crise de l’année dernière a finalement été bonne pour l’Académie. Beaucoup de douleurs et de luttes, mais elle est sur la bonne voie.» Pour la première fois dans son histoire, l’Académie suédoise s’est fait aider dans son travail par un comité de cinq critiques suédois qui devraient aussi intervenir dans le choix du Nobel 2020.

Rfi