Problématique de la gestion de l’assainissement : Thiès va abriter une station de traitement des boues de vidange

L’absence d’infrastructures adaptées à la gestion de l’assainissement demeure un vrai goulot d’étranglement pour la ville de Thiès, au point que le dépotage à l’air libre continue d’impacter négativement l’environnement et la santé publique. Pour cette raison, la Cité du rail a, suite à des études préliminaires, été retenue à travers le projet (Pn 167) : «Améliorer l’assainissement, concevoir des villes inclusives et durables, et promouvoir une économie circulaire», pour abriter la Station de traitement des boues de vidange (Stbv) pilote de 10m³/J. Un choix opéré dans le cadre du projet d’amélioration de l’assainissement initié par Borda (Bremen overseas research and development organisation), une organisation spécialisée dans les domaines de l’assainissement, de la lutte contre la pauvreté, de la protection durable des ressources et du renforcement des structures sociales.
Lors d’un atelier d’échanges et de collaboration tenu à cet effet à Thiès pour renforcer la concertation entre les acteurs clés impliqués dans la gestion des boues de vidange et du traitement des eaux usées, dans la perspective de la mise en œuvre du projet Pn 167 à la station Keur Saib Ndoye de Thiès, le Gouverneur de Thiès, Saër Ndao, a été catégorique : «Borda est un partenaire venu nous proposer un engagement, à travers cette réunion de l’ensemble des acteurs autour de la problématique de la gestion de l’assainissement, surtout des boues de vidange.»
Le chef de l’exécutif régional remarque «l’absence de station qui demeure une réalité à Thiès. Les réseaux n’impactent pas toute la ville, d’où notre contrainte de forcément travailler dans l’assainissement à travers la gestion par les fosses septiques, ce qui nécessite un traitement des boues de vidange». Saër Ndao, rappelant l’interdiction, par la loi, du dépotage à l’air libre en cours à Thiès, qui est source de maladies et impacte négativement la santé publique, pense qu’«il nous faut alors agir par la politique de l’Etat, mais agir parce que nous pouvons nous-mêmes apporter à la localité, à travers ce qu’on appelle une bonne coopération partagée, ce que Borda nous apporte aujourd’hui».
Le Directeur-pays de l’Ong Borda au Sénégal, Assane Diarra, lui, de revenir sur cette intervention qui s’inscrit dans une démarche expérimentale visant à tester une approche innovante de gestion efficace des boues fécales. Il rappelle qu’en effet, la ville fait face à des défis majeurs en raison de l’absence d’infrastructures adaptées, ce qui contraint les vidangeurs à adopter des pratiques parfois non conformes, avec des impacts sanitaires et environnementaux significatifs.
Selon lui, les premières concertations avec les vidangeurs de Thiès, regroupés dans l’Association des vidangeurs affiliée à l’Aaas, ont révélé une forte demande pour une Stbv de plus grande capacité (environ 800 m³/jour) afin de répondre aux besoins réels de la ville. Toutefois, dit-il, le projet restant à vocation expérimentale, l’accent est mis sur l’apprentissage et l’optimisation des opérations avant un éventuel élargissement. C’est dans ce cadre que Borda et les partenaires du projet ont décidé d’implanter l’ouvrage sur un site pilote (Station d’épuration Keur Saïb Ndoye de Thiès), avec une capacité de 10 m³/jour, à but expérimental pour, souligne Assane Diarra, «démontrer la viabilité de nos technologies afin de susciter leur appropriation et leur utilisation au niveau national, ce tout en intégrant un volet de formation et de renforcement de capacités des acteurs locaux». Un camion hydrocureur sera mis à disposition avec la station afin de soutenir l’exploitation de la Stbv et d’assurer la formation des vidangeurs avant même son achèvement.
Cette approche, rappelle le Directeur-pays de l’Ong Borda au Sénégal, nécessite l’engagement de tous les acteurs locaux dès le début, en évitant la perception du projet comme une concurrence directe sur le marché de la vidange, et en le positionnant plutôt comme un levier d’amélioration et de professionnalisation du secteur. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’organisation de cet atelier d’information, de mobilisation et d’échanges sur les modalités de collaboration entre les acteurs à Thiès.
Ce projet, un programme qui va durer globalement 9 ans, dont la première phase va se dérouler sur trois ans, entre 2024 et 2026, financé par la coopération allemande, vise à apporter des solutions pour la gestion des boues de vidange.
Correspondant