Problème de plan de carrière : Les coordonnateurs des Maisons de justice en rogne

Les coordonnateurs des Maisons de justice dénoncent une absence de plan de carrière et de prise en charge sociale. Ils en appellent à l’Etat pour corriger ces dysfonctionnements qui impactent leur carrière. Par Justin GOMIS –
Instituée par le décret n°2007-1254 du 23 octobre 2007 abrogeant et remplaçant le décret n°1999-1124 du 17 novembre 1999, la Maison de justice devait servir de cadre pour une justice de proximité efficace. Mais tout ne semble pas rose, estime le Collectif des coordonnateurs des Maisons de justice qui sont «les oubliés de l’Administration judiciaire sénégalaise» car confrontés à des «inégalités de traitement et à une absence de plan de carrière». «Dans un élan de rapprocher la Justice du justiciable et de désengorger les cours et tribunaux, et par ricochet améliorer l’accès, la qualité et l’efficacité de la Justice, notamment par le traitement rapide et la gratuité des affaires, l’Etat du Sénégal a, au début des années 2000, expérimenté le dispositif «Justice de proximité». Ainsi, il a été initié la création de Maisons de justice», explique le collectif dans un communiqué. Comment ça se passe ? «Le suivi permanent du dispositif s’est matérialisé par l’intégration des coordonnateurs dans la Fonction publique, en 2013, preuve de la reconnaissance du rôle central que jouent ces derniers. Malgré cela, la carrière professionnelle de certains coordonnateurs demeure illusoire. Depuis lors, le processus d’intégration de ces juristes, éléments indispensables dans le fonctionnement des Maisons de justice, est resté presque sans suite. A ce jour, sur les trente-trois (33) coordonnateurs, neuf (9) sont intégrés et vingt-quatre (24) sont dans une situation de précarité notoire, et leur traitement est en contradiction avec les principes fondamentaux du droit social», note le Collectif des coordonnateurs des Maisons de justice. Il ajoute : «Aujourd’hui, au moment où les ministères de l’Education et de la Santé jugent opportun de corriger les inégalités socio-professionnelles de leurs agents, notamment par un recrutement dans la Fonction publique, le ministère de la Justice, quant à lui, demeure opaque sur cette situation de précarité des coordonnateurs qui a trop duré. Or, ce dernier ne cesse de se glorifier de nos résultats alors que les acteurs qui constituent le dispositif «Justice de proximité» souffrent en silence. Entre autres inégalités, ces agents de l’Etat dont certains ont officié entre 5 et 10 ans, voire plus, dans les Maisons de justice, sont laissés à leur propre sort, et ces conditions ne favorisent pas leur maintien dans leurs fonctions, d’où la démission de certains.»
En tout cas, les doléances tournent autour d’une absence de «plan de carrière» pour ces coordonnateurs, «tous au moins titulaires d’une Maîtrise ou d’un Master 2 en sciences juridiques». Sur le plan social, «hormis le fait de ne pas avoir la possibilité de bénéficier de prêt (prêt immobilier pour la plupart) au niveau des institutions bancaires sous prétexte d’absence de preuve d’un emploi permanent (défaut de contrat, de bulletin de salaire)», ces coordonnateurs ne sont pas enrôlés au niveau des institutions sociales de protection des travailleurs. «Au même moment, nos collègues intégrés jouissent de tous les avantages que confère la qualité d’agent de l’Etat : protection sociale, sécurité de l’emploi, augmentation de salaire, avancement, Fonds commun de la Justice, entre autres. En plus, ils ont non seulement un traitement salarial, presque le double, voire le triple des indemnités que perçoivent mensuellement les coordonnateurs non intégrés, mais aussi ils bénéficient d’une liberté de gestion de leur budget de fonctionnement», ajoute le Collectif des coordonnateurs des Maisons de justice.
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