Ce lundi, les chefs d’établissement des inspections de l’Education et de la formation de Podor et Pété espéraient démarrer le mois de rattrapage. Mais ils ont déchanté et doivent faire face au manque de matériels relatifs à l’application du protocole sanitaire, à l’absence des élèves et surtout au déficit d’enseignants.

Durant les rencontres pré-rentrées, les questions liées au gap d’enseignants à résorber, la disponibilité du matériel et l’absence des élèves préoccupaient les autorités de l’école. Et elles ont vu juste. En ce début de semaine, les cours n’ont pas encore démarré. Aux lycées de Galoya et Pété, les quelques élèves présents dans l’enceinte de ces écoles sont venus pour s’inscrire et prendre leur emploi du temps avant de retourner à leurs pénates. «Je suis venue pour m’inscrire et prendre mon emploi du temps. Et j’attends lundi prochain pour commencer les cours», avance Oumou Sall, élève en classe de 3ème au lycée de Galoya. En même temps, les enseignants se succèdent pour retirer leur emploi du temps en attendant que les élèves se manifestent.
Dans les grandes écoles élémentaires comme Galoya 2, Madina Ndiathbé 1 et Aéré Lao 2, les directeurs de ces établissements sont désarmés face à cette situation. «On veut démarrer, mais vous avez vu qu’il y a peu d’élèves et aucune classe n’est complète du Ci au Cm2», explique Harouna Dia, le directeur de l’école Galoya 2. Il ajoute : «Depuis jeudi on veut commencer, car avec les instructions du ministère (de l’Educa­tion), ce mois de novembre est réservé au rattrapage.»
Aujourd’hui, ce problème se révèle moins compliqué que le déficit d’enseignants qui plonge dans l’inquiétude la communauté éducative du département de Podor. Dans l’Ief de Podor qui compte 222 écoles élémentaires, 27 Cem et 30 structures de la petite enfance, il y a un énorme gap à combler. Et il perdure. «Depuis deux années, nous avons un gap de 208 enseignants», révèle l’inspecteur de l’Education et de la formation de Podor, Mamour Cissé. En écho, son collègue de Pété, Serigne Fall, ne cache pas son inquiétude sur le déficit d’enseignants dans sa circonscription. «Cette année, l’ief de Pété a enregistré 129 départs pour 7 arrivées. Ce sont les enseignants que nous avons reçus massivement en 2015 qui ont bouclé les cinq ans dans l’académie qui viennent d’être mutés. Comme ils étaient venus, ils ont été mutés massivement», enchaîne Serigne Fall.
Cette situation exaspère les chefs d’établissement. Sileymane Sow, directeur de l’école de Lougué Sébbé, exprime son ras-le-bol suite au départ de la majorité de ses adjoints. Il dit : «Toutes ces années, avec le nombre suffisant d’enseignants, mon école a eu à chaque examen 100%. Mais avec le départ des ¾ du personnel, j’ai peur pour les résultats de cette année.»
Face à ce problème qui est en train de devenir structurel, le département va renouer avec les classes multigrades dont les conséquences sur le niveau des élèves est sans appel. En tout cas, ce départ massif des professeurs, qui ne sont pas encore remplacés, va créer de nombreux dysfonctionnements. Un principal s’interroge : «Com­ment démarrer le rattrapage si des professeurs de certaines disciplines qui sont mutés ne sont pas encore remplacés ?»
A Thiabourlé et Mbolo Aly, situés dans l’ief de Pété, seuls les directeurs étaient présents dans les écoles. Racine Ndiath, directeur de l’école primaire de Mbolo Aly, précise : «Tous les collègues ont été mutés et je suis seul pour 6 cours. Donc je vais démarrer la classe de Cm2 en attendant l’arrivée d’enseignants.» Conscients de cette situation, les inspecteurs de l’Education et de la formation de Podor et de Pété donnent rendez-vous «en fin novembre avec l’affectation des nouveaux sortants des Crfpe». Lesquels viendront combler ce déficit qui risque de perturber le système éducatif.