PROCEDURE – Avocat de Trump : Rudy Giuliani sommé de livrer des documents au Congrès

La tension montre entre les Démocrates et Donald Trump. Le Président américain a suggéré de faire arrêter l’un d’entre eux pour «trahison».
Lancés dans leur procédure de destitution de Donald Trump, les leaders démocrates sont passés à l’étape suivante. Après avoir haussé le ton contre Pompeo la semaine dernière, les chefs démocrates de commissions parlementaires ont exigé lundi de l’avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, qu’il leur livre des documents liés à l’affaire ukrainienne. Rudy Giuliani «a admis à la télévision qu’il avait demandé, en tant qu’avocat personnel du Président, au gouvernement ukrainien de cibler l’ancien vice-président Joe Biden», écrivent les démocrates dans un communiqué le sommant de remettre les documents d’ici le 15 octobre. Donald Trump est soupçonné par les Démocrates d’avoir fait pression sur son homologue ukrainien pour qu’il mène des investigations sur le démocrate Biden, son possible adversaire en 2020.
De son côté, Donald Trump a suggéré de faire arrêter un élu démocrate du Congrès pour «trahison». Au milieu d’une rafale de tweets à la tonalité particulièrement agressive, le 45e Président des Etats-Unis s’en est pris avec virulence à l’élu démocrate qui supervise cette enquête, Adam Schiff. «Adam Schiff a fait illégalement une déclaration fausse et terrible sur mon échange avec le Président ukrainien (…) Cela n’a rien à voir avec ce que j’ai dit. Doit-il être arrêté pour trahison ?», a lancé M. Trump, donnant l’image d’un Président aux abois.
Un sondage inquiétant pour Trump
Un nouveau sondage de l’Université Quinnipiac devrait contribuer à renforcer l’inquiétude – palpable – du Président américain. Il montre un bond en avant du nombre d’électeurs qui estiment qu’il devrait être destitué : ils étaient 37% il y a une semaine, ils sont désormais 47%, à égalité parfaite avec ceux qui estiment qu’il ne devrait pas l’être.
Les Démocrates ont ouvert il y a six jours une enquête contre le milliardaire républicain en vue d’une destitution. Si la Chambre, aux mains de l’opposition, vote la mise en accusation («impeachment») du milliardaire, il reviendra ensuite au Sénat, à majorité républicaine, de le juger. Donald Trump assure que son échange téléphonique estival avec Volodymyr Zelensky n’avait rien de répréhensible et dénonce une «chasse aux sorcières» orchestrée, selon lui, par ceux qui n’ont pas réussi à le battre dans les urnes. «Cet appel était parfait», a-t-il martelé dans le Bureau ovale, accusant une nouvelle fois le lanceur d’alerte à l’origine de cette affaire d’avoir rapporté des éléments inexacts.
Piqué au vif, conscient que ces développements pourraient avoir un impact sur la Présidentielle de novembre 2020 où il entend briguer un second mandat, il multiplie les attaques tous azimuts. Ce week-end, il a retweeté les propos sur Fox News d’un prédicateur baptiste du Texas, Robert Jeffress, qui est depuis 2016 l’un de ses plus fervents partisans. «Si les Démocrates réussissent à contraindre le Président à quitter son poste, cela entraînera une fracture digne de la guerre civile dont notre pays ne guérira jamais», affirmait ce dernier.
«Au-delà du répugnant»
Si dans l’ensemble les élus républicains font pour l’heure bloc derrière lui, l’un d’eux, Adam Kinzinger, représentant de l’Illinois à la Chambre des représentants, a fait part de son indignation. «J’ai visité des pays ravagés par la guerre civile Donald Trump. Je n’aurais imaginé qu’une telle phrase puisse être répétée par un Président», a-t-il tweeté. «C’est au-delà du répugnant.»
Fait remarquable, son ancien conseiller à la Sécurité intérieure, Tom Bossert, a lui aussi exprimé son exaspération face aux tentatives du Président et de ses proches de ressusciter une sombre théorie selon laquelle l’Ukraine, et non la Russie, auraient piraté les e-mails du parti démocrate lors de la campagne de 2016. «C’est non seulement une théorie du complot, mais elle a été complètement démontée», a-t-il déploré sur ABC.
Les parlementaires démocrates ont envoyé vendredi leurs premières injonctions à comparaître, sommant notamment le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, de leur livrer des documents nécessaires à leur enquête. Dans ce contexte de grande tension à Washington, l’ancien sénateur républicain Jeff Flake, farouche détracteur de Donald Trump, a appelé les élus de son parti à enfin donner de la voix. «Mes amis républicains, le temps est venu de mettre votre carrière dans la balance au nom de vos principes. Que vous pensiez ou non qu’il mérite d’être destitué, vous savez qu’il ne mérite pas d’être réélu», a-t-il écrit dans une tribune publiée lundi dans le Washington Post. «Notre pays aura d’autres Présidents. Mais les principes, eux, ne sont pas interchangeables.»
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