Procédure d’extradition de Madiambal Diagne : LA BATAILLE DE FRANCE

Les avocats de Madiambal Diagne ont saisi la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol pour lui demander l’effacement de ses données personnelles et de supprimer la Notice rouge qui le vise, surtout qu’il est poursuivi pour des «raisons politiques».Par Bocar SAKHO –
Le Pool judiciaire financier se trouve à Dakar, mais tout se joue en France. En marge des procédures judiciaires au niveau de la Cour de justice de Versailles, les avocats de Madiambal Diagne ont introduit une requête pour une demande d’accès et d’effacement des données personnelles au niveau de la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol, le 30 septembre. Pour Me William Bourdon et associés, qui défendent en France le fondateur du Groupe Avenir Communication, «le traitement des données personnelles» de M. Diagne et l’émission d’une Notice rouge à son encontre ne «répondent à aucune des finalités prévues par les textes fondamentaux d’Interpol». Ils citent de nombreux articles de la Déclaration universelle des droits de l’Homme à laquelle renvoie l’article 2 du Statut de l’Oipc -Interpol. Pour eux, la publication de Notice rouge par Interpol doit «être conforme aux principaux instruments internationaux en matière de droits de l’Homme».
Aujourd’hui, Me Bourdon et associés rappellent aussi la situation actuelle de la famille de M. Diagne dont l’épouse et les deux enfants ont été écroués dans le dossier pour lequel il est poursuivi. Dans leur requête, ils mettent en gras les pratiques judiciaires «mises en œuvre par les autorités sénégalaises», qui «apparaissent violer les principes de la Dudh relatifs tant au droit à la sûreté et à la protection contre la détention arbitraire qu’au droit à un procès équitable». Le mandat de dépôt «prononcé à l’encontre des membres de sa famille, sans aucune justification apparente, semble avoir pour but évident de faire pression sur M. Diagne».
Ici, on évoque des «méthodes partiales et inéquitables mises en place par la Justice sénégalaise dans le cadre de procès ayant une envergure politique», «largement documentées». Pour eux, il ne fait aucun doute que M. «Diagne risque, en cas d’extradition vers le Sénégal, de voir ses droits les plus fondamentaux bafoués». Par conséquent, la Notice rouge Interpol émise à son encontre «est contraire au Statut de l’Oipc-Interpol en ce qu’en soutenant une potentielle extradition de l’intéressé vers le Sénégal, elle risque de violer ses droits fondamentaux».
Evoquant une «instrumentalisation flagrante des outils d’Interpol par la République du Sénégal pour mener à bien ce qui s’apparente plus à une vengeance d’Etat qu’à de réelles poursuites pénales dans l’intérêt commun», les avocats rappellent que les «accusations portées contre Monsieur Madiambal Diagne sont nécessairement à prendre avec les plus grandes précautions». A leurs yeux, il existe «en effet un grand risque que ces poursuites, dont il est par ailleurs difficile de cerner les contours au regard de l’absence totale de preuves communiquées, aient une visée uniquement politique».
Aujourd’hui, le maintien d’une Notice rouge d’Interpol à l’endroit de Madiambal Diagne, poursuivi «pour des raisons politiques», fait peser sur lui la cariante «d’une violation de ses droits fondamentaux en cas d’extradition». En tout cas, les avocats du journaliste ont demandé à la Commission de déclarer «sa présente demande en effacement des données», de «supprimer la Notice rouge visant Madiambal Diagne» et «d’effacer l’ensemble des données relatives à sa personne», encore traitées par Interpol. Mieux, les conseils du fondateur du Groupe Avenir Communication demandent aussi à la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol «de bien vouloir bloquer l’accès de ses pays membres aux informations mises en cause pendant la poursuite de l’étude de ce dossier».
bsakho@lequotidien.sn