Le procès des 6 sages-femmes citées dans l’affaire Astou Sokhna va se tenir ce matin, après le premier renvoi par le Tribunal de grande instance de Louga. Les 6 sages-femmes sont poursuivies pour non-assistance à personne en danger après le décès, le 1er avril, de Mme Astou Sokhna en couches à la maternité de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga. Le Tribunal des flagrants délits avait donné une suite favorable à une requête introduite par la partie civile qui dit n’avoir pas eu accès au dossier. En dépit de l’inculpation de 6 sages-femmes pour non-assistance à personne en danger, l’avocat de la partie civile avait regretté «un mauvais règlement» du dossier par le parquet, qui aurait découlé «d’une pression» ayant conduit à retenir, contre les sages-femmes, le délit présumé de «non-assistance à personne en danger» et non «d’homicide volontaire». Pour les avocats de la famille Sokhna, il était «injuste» que la gynécologue, «qui est d’astreinte», ne soit pas inquiétée dans cette affaire. Pour eux, la responsabilité de la gynécologue paraît «d’une évidence flagrante, qui fait qu’on ne peut pas la laisser» en dehors de la procédure. C’est pour cette raison que la partie civile a décidé de porter plainte contre elle, pour installer l’Etat dans la cause.
Pour rappel, quatre des six sages-femmes ont été placées sous mandat de dépôt le 19 avril, tandis que les deux autres ont été inculpées et remises en liberté, provoquant trois jours de grève de tout le personnel médical.
Astou Sokhna est décédée à la maternité de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, plusieurs heures après son arrivée. Ses proches ont accusé le personnel hospitalier de négligence. Outre le volet judiciaire, qui a abouti à l’inculpation pour non-assistance à personne en danger des six sages-femmes, le ministère de la Santé a mené des missions à la suite desquelles le directeur du centre hospitalier a été limogé. Depuis le début de cette affaire, le personnel de san­té est mis au banc des accusés, ce qui a provoqué la colère des syndicats du secteur. Le Collectif des travailleurs de la santé et de l’action sociale, pour dénoncer le traitement partial dans cette affaire, a décrété jeudi dernier, une journée sans soins. Cette semaine, ils avaient décrété 48 heures de grève, mardi et mer­credi. Du côté des populations, des marches ont été organisées à Louga et Dakar pour exiger la lumière dans cette affaire et que les responsabilités soient situées.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn