Procès en appel contre Alboury Ndao : Karim réclame 47 milliards

Les avocats de Karim Wade réclament à Pape Alboury Ndao 47 milliards de F Cfa à titre de dommages et intérêts, soit le montant que l’expert-comptable désigné par la Crei avait affirmé avoir découvert dans un compte à Singapour et qui appartiendrait à l’ancien ministre. Ce dossier en appel a été mis en délibéré au 27 février 2017.
Après plusieurs renvois, le procès en appel de Karim Wade contre Pape Alboury Ndao a été enfin retenu hier par la Cour d’appel du Tribunal de grande instance de Dakar. A l’interrogatoire, les avocats de la partie civile ont bombardé l’expert-comptable de questions. «Sur la base de quels éléments avez-vous établi l’existence du compte de Singapour ?» Cette question a été posée à plusieurs reprises par les conseillers de Wade-fils. Très prudent, Pape Alboury Ndao a renvoyé les avocats à son rapport transmis à la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Rapport qui a révélé l’existence d’un compte à Singapour avec 47 milliards de francs Cfa et qui appartiendrait à Karim Wade. M. Ndao dit avoir été désigné par la Crei pour mener des investigations sur des transferts «suspects» vers ledit compte alimenté, selon lui, par les sociétés Dubaï céramique et Ahs Guinée Bissau. Pape Alboury Ndao, comme un journaliste, a catégoriquement refusé de divulguer le nom des informateurs qui lui auraient filés ces secrets. «Je n’ai personnellement pas eu accès à ce compte, mais j’ai été informé par des sapiteurs», précise-t-il.
Pour Me El Hadji Amadou Sall de la partie civile, «ce compte n’existe pas et n’a jamais existé d’ailleurs». D’après son confrère, Me Seydou Diagne, un document officiel du directeur général adjoint de cette banque atteste que le compte en question n’existe pas. Pour lui, le rapport du cabinet Rma est «faux et les faits établis n’existent que dans l’esprit de Alboury Ndao». L’avocat conclut que l’expert a procédé de la sorte juste pour nuire à la réputation du fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade. Me Ciré Clédor Ly, à son tour, estime que c’est ce rapport qui a valu à Karim Wade sa deuxième mise en demeure qui a prolongé sa détention préventive de 6 mois. «Ces dénonciations mensongères avaient pour but d’humilier Karim», assène-t-il.
Compte tenu de ces éléments, Karim Wade, par le biais de ses avocats, a réclamé 47 milliards de francs Cfa pour dommages et intérêts. Me Demba Ciré Bathily et Cie ont, par ailleurs, demandé à ce que le cabinet Rma soit déclaré civilement responsable et qu’il soit totalement fermé. Bref, ils ont plaidé l’infirmation du jugement en première instance. La défense pour sa part a plaidé la confirmation de la décision qui avait ordonné la relaxe de Alboury Ndao. Cependant, Me El Hadji Diouf et Cie ont sollicité que leur requête, à savoir les 500 millions de francs Cfa demandés pour le préjudice subi par leur client, soit statuée à nouveau. «Alboury a souffert à cause du lynchage médiatique des avocats de Karim et de nombreux renvois du procès», estime la défense. L’affaire a été mise en délibéré au 27 février prochain.
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