Procès P. Diddy : Il est reconnu coupable de transport de personnes à des fins de prostitution

Sean Combs était accusé d’avoir forcé des femmes à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués. Et aussi d’avoir mis en place un réseau criminel dont il aurait été à la tête, pour organiser ces «freak-offs».
Après des semaines de témoignages et des plaidoiries musclées, le rappeur P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, a été reconnu coupable par le Tribunal pénal de Manhattan, mercredi 2 juillet, de transport de personnes à des fins de prostitution, ce qui implique le déplacement d’une personne d’un Etat à un autre selon le Droit américain et pourrait lui valoir jusqu’à 20 ans de prison. Pour les infractions les plus graves qui lui étaient reprochées et qui auraient pu l’envoyer en prison à vie, le trafic sexuel et l’association de malfaiteurs, il a été reconnu non coupable. Les avocats de P. Diddy, écroué depuis des mois dans une prison de Brooklyn, doivent soumettre une demande de libération conditionnelle et se sont engagés à remettre son passeport et à déposer une caution d’1 million de dollars. Mais, «il est clair que le défendeur représente un danger (…). Il est possible qu’il tente de fuir la Justice. Il ne respecte pas les lois», a rétorqué la procureure Maurene Comey, ajoutant que Sean Combs méritait une «longue» peine d’emprisonnement. Il était accusé d’avoir forcé des femmes, dont sa petite amie de 2007 à 2018, la chanteuse Cassie, et une autre ancienne compagne plus récente ayant témoigné sous le pseudonyme de «Jane», à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués (…). Et aussi d’avoir mis en place un réseau criminel dont il était à la tête, pour organiser ces marathons nommés «freak-offs».
Pour la procureure, P. Diddy «n’acceptait pas le non comme une réponse possible»
«Il ne s’agissait absolument pas de choix libres», avait répété dans son réquisitoire la procureure Christy Slavik, précisant que les victimes présumées «étaient droguées, badigeonnées d’huile, épuisées et avaient mal». P. Diddy «n’acceptait pas le non comme une réponse possible», avait-elle insisté, en rappelant le contrôle qu’il exerçait sur son ex-compagne Cassie et les loyers payés pour «Jane», devenue financièrement dépendante de lui. (…)
Dans les faits, les douze jurés devaient se prononcer sur les accusations de «complot de racket», à savoir si Sean Combs a dirigé une organisation dans laquelle son entourage ou ses employés commettaient des crimes en son nom. Cette accusation est passible de la prison à vie. Les jurés devaient aussi se prononcer sur des accusations de «trafic sexuel» dont Cassie, de son vrai nom Casandra Ventura, et «Jane» auraient été les victimes. P. Diddy a plaidé non coupable de ces accusations et choisi de ne pas témoigner, une stratégie courante de la défense aux Etats-Unis. Ses avocats n’ont pas à prouver l’innocence de leur client, mais plutôt à semer un doute raisonnable chez les membres du jury quant aux accusations des procureurs.
«L’accusé n’est pas Dieu»
Durant le procès, ses avocats ont tout fait pour discréditer les témoins à charge à coups de contre-interrogatoires musclés, et tenté de montrer que leur client avait un style de vie «polyamoureux» qui ne tombe pas sous le coup du Droit pénal. Cassie a ainsi été soumise à un feu roulant de questions, visant à lui faire concéder qu’elle participait de son plein gré aux actes sexuels avec d’autres hommes. «Je suis toujours prête» pour un «freak-off», avait-elle écrit à son compagnon en 2009. La chanteuse n’a pas contesté, tout en expliquant qu’elle était sous l’emprise du fondateur du label Bad Boy Records dont la fortune avait été évaluée en 2019 à 700 millions de dollars par le magazine Forbes. Cassie et «Jane» ont admis que leurs relations respectives impliquaient de l’amour, mais qu’elles étaient dans le même temps soumises à des menaces liées à leur réputation, à leur situation financière et à leur intégrité physique. «Il [P. Diddy] avait tellement dépassé les bornes qu’il ne pouvait même plus les voir», avait déclaré une autre procureure, Maurene Comey, disant que le rappeur se sentait «intouchable». «Mais l’accusé n’est pas Dieu», avait-elle dit aux jurés en espérant une condamnation.
Avec Le Monde