Le slogan «Free Ngaka» voit le jour

Artistes, fans, animateurs d’émission hip-hop, amis et proches du rappeur, ou même simples sympathisants se sont mobilisés hier comme un seul homme pour soutenir le rappeur Ngaka Blindé. Certains comme Simon Kouka, Duggy Tee, Brill Fight 4 et autres ont effectué le déplacement jusqu’à la salle 4 pour exprimer leur soutien au produit de Mbarik’allah. D’autres comme Nitt Doff, Ara et Deyza de Akhlou Brick ont également fait entendre leur voix en sollicitant clémence (niaane ndiekk) pour l’auteur de l’album Jeego. Sur les réseaux sociaux, le hastag FreeNgaaka a été créé et des teeshirts avec ce slogan, confectionnés à l’occasion du procès. Sur une photo, le mbalaxman Wally Seck apparaît portant ce teeshirt.
Parmi ses soutiens, l’on compte aussi le réalisateur Moussa Sène Absa, profondément désolé qu’un garçon aussi talentueux soit mis aux arrêts, simplement parce que pour les besoins de son clip il a utilisé des faux billets. «J’ai moi-même eu à utiliser des faux billets dans mes tournages. Si vous regardez la scène de Teranga blues où l’acteur principal arrive avec une valise remplie d’argent, ce sont de faux billets. C’est quelque chose de classique dans le cinéma, ce n’est pas interdit, ce n’est pas illégal. A moins d’être une grosse production, sortir une valise d’argent de vrais billets dans les banques, ce qui n’est pas le cas dans nos contrées, on fait avec les moyens du bord», explique-t-il très peiné par la situation du jeune artiste. «Il ne faisait cela que pour les besoins de l’art. Il n’avait pas de mauvaises intentions. Vraiment, j’espère qu’il y aura clémence au niveau de la justice et qu’on permettra à ce garçon de continuer de nous faire rêver, de nous réjouir avec ses beaux textes, sa belle idée, sa belle musique», a-t-il dit, en promettant d’être présent au procès le 18 prochain.
Ces propos du cinéaste font échos à ceux du coordonnateur du Fonds de développement des cultures urbaines, Oumar Sall. Dans un post sur Facebook, il fait un émouvant plaidoyer, rappelant le parcours de ces milliers de banlieusards à la recherche de lendemains meilleurs. «Oui, la justice doit faire son travail. Et nous devons tous l’encourager en ce sens. Oui, les citoyens naissent libres et égaux en droit. Aucune faveur ne peut être demandée pour untel plus que pour tel autre. Cependant, faire son travail pour la justice, c’est de construire des avenirs et non de les briser», écrit M. Sall avant de renchérir. «Ngaka est un jeune artiste qui, par le hip-hop, a trouvé une bouée pour ne pas rater les rendez-vous de l’avenir et qui, à l’image des milliers de jeunes issus de la banlieue, sue pour corriger l’une des plus grandes inégalités de notre société : l’épuisement des mamans à faire assurer à leurs enfants un avenir meilleur. Lutteurs ou artistes, le refrain est le même», assure-t-il.
Dans l’une de ses chansons, Jooyu xol en hommage à sa maman, le rappeur lui-même rappelle ce pénible parcours et chante : «Lima tardé cii école, suma ko fayul cii hip-hop, damay baakar» (Ndlr : ce que j’ai raté à l’école j’espère le rattraper avec le rap). «Puisse la justice, au nom de tous les espoirs, permettre à ce jeune artiste talentueux de se refaire une carrière, en ayant appris de ses erreurs», formule-t-il comme vœu. Rendez-vous est pris pour le 18 septembre.
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