Nguër Mamadou Ngom, l’Asp qui a violenté il y a quelques jours Rougui Thiam, handicapée de son état, fera de nouveau face au juge du Tribunal d’instance de Dakar vendredi prochain. Le dossier a été renvoyé pour convocation des témoins, la plupart des Maliens sans adresse précise, ni de numéro de téléphone. Il est poursuivi pour «violence et voie de fait, coups et blessures volontaires».

Le procès de l’Agent d’assistance à la sécurité de proximité (Asp), arrêté pour violence sur une personne handicapée, a été renvoyé hier à vendredi prochain. Le juge du Tribunal d’instance a motivé sa décision par la convocation des témoins. Appelée à comparaître, la plaignante, Rougui Thiam, habillée d’un wax de couleur bleue, assorti de dessins, quitte le public sur une chaise roulante. A la barre, le prévenu Nguër Mamadou Ngom, en jean, jette un regard à gauche et à droite dans une salle pleine comme un œuf. «Ceux qui ont été entendus à la police n’ont qu’à venir», requiert le procureur. Au nombre de 10, la moitié des témoins n’avait pas effectué le déplacement. Et quelques instants après, le juge fait savoir qu’il va devoir renvoyer l’audience pour leur comparution ou tout au moins celle d’une partie d’entre eux. Cependant, le problème de localisation des témoins, des Maliens d’origine pour la plupart, a été posé par la défense. Entendus à la police, ils n’ont laissé ni un contact téléphonique, encore moins une adresse précise.
Pour Me Aboubacry Barro, «c’était un renvoi prévisible d’autant plus que le dossier n’est pas en état». Mais le conseiller de l’Asp garde «espoir, d’autant qu’on a parcouru le procès-verbal, mais on ne voit pas un délit qu’on pourrait lui reprocher. Il n’a fait qu’exercer son travail. Ce sont des Asp. Ils étaient en service commandé. Ils ont fait leur travail et ils n’ont violenté personne. Il faut que les gens évitent les vindictes populaires et se fient au jugement du Tribunal». Les délits de «violence, voie de fait, coups et blessures volontaires» sont retenus contre son client.
Pour sa part, Me Ndiogou Ndiaye, coordonnateur du pool des avocats de la partie civile, a expliqué que «la preuve dans cette affaire, au-delà des certificats médicaux que nous avons versés dans le dossier, ce sont les témoins, les personnes qui étaient là, qui ont vu, qui ont entendu». Et de renchérir : «C’est le Tribunal qui a renvoyé l’affaire. Je pense que c’est une décision sage. Vendredi, ce n’est pas très loin. La manifestation de la vérité vaut la peine de renvoyer au moins une fois pour voir. Et on verra à la date du 22.»
Après la forte mobilisation, le Collectif pour la défense des droits des personnes handicapées annonce une conférence de presse jeudi après-midi à la Maison de la presse.
Il y a quelques jours, les images de la violence de l’Asp Nguër Mamadou Ngom, exercée sur la dame Rougui Thiam qui était sur une chaise roulante, ont fait le tour de la toile. Un comportement qui a créé une indignation générale. Les défenseurs de ces personnes vulnérables demandent l’application de la loi dans toute sa rigueur. D’autres parties civiles sont aussi signalées dans le procès.
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