Le Centre du commerce international (Itc) et la Commission de l’Uemoa accompagnent le secteur privé ouest-africain francophone dans les diverses étapes du processus d’exportation. Une initiative qui réunit les responsables et directeurs généraux des organismes de promotion du commerce des huit Etats membres de l’Umoa, des responsables d’universités et écoles de commerce de l’Uemoa ainsi que des représentants du secteur privé de la sous-région. Ils seront formés durant trois jours à la culture de l’exportation.

Le professeur Issiaka Coulybaly de la Faculté des sciences économiques et de gestion de Bamako et le chef d’entreprise, Jean-Luc Burquier, ont voulu être très pratiques. Ils ont allié la théorie et des témoignages pour former les participants. Le professeur donne le cours sur la culture de l’exportation. Il attire l’attention des producteurs sur l’environnement concurrentiel international et ses risques. Il insiste sur le maître mot qu’il faut pour vendre bien sur le marché international. «La qualité du produit, de l’emballage, de sa disponibilité régulière et de sa communication permanente», fait savoir le professeur Coulybaly. A sa suite, on fait intervenir Jean-Luc Burquier, chef d’entreprise qui fait un témoignage sur ses expériences d’exportateur. Il explique le nécessaire. Car, il s’avère que les procédures d’exportation «ne sont pas aussi compliquées qu’on le pense», souligne-t-il. D’ailleurs, soutient Thomas Bechmann, administrateur associé de programme au Bureau de l’Afrique du Centre de commerce international, beaucoup d’exportateurs sont découragés par les normes, les standards à respecter. «C’est pour cette raison qu’on a voulu apporter les témoignages d’un acteur actif de l’économie d’exportation pour encourager et donner un enseignement pratique», explique-t-il.
L’occasion sera saisie également pour doter les instituts d’appui au commerce et les instituts de formation des guides de pénétration du marché américain sous le régime de l’Agoa. Il s’agira d’un guide beaucoup plus opérationnel où les normes sont identifiées par grappes de produits, un guide qui explique les normes et les segments du marché américain. Il faut dire que seuls les pays qui exportent l’hydrocarbure en Afrique ont pu profiter de l’Agoa. «La plupart des pays de l’Uemoa n’ont pas tiré profit de cette opportunité de pouvoir vendre sur le marché américain à cause de la barrière de la langue, mais surtout à cause des barrières non tarifaires comme les normes, les standards, en termes d’emballage de qualité des cahiers des charges très précis souvent très difficiles à respecter pour les marchés de la sous-région», fait savoir Christian Segbo de l’Uemoa.
Le Centre de commerce international ne pouvait pas non plus passer à côté des chaines de valeurs très importantes pour la sous-région. Car «exporter c’est bien, mais il faut ajouter de la valeur aux produits exportés», soutient M. Bechmann.
A ce propos, il est prévu le lancement du kit didactique de promotion de l’expérience de la transformation de la tomate dans la vallée du fleuve Sénégal où plus de 15 mille producteurs bénéficient directement de la culture et de la transformation de la tomate.

Les gouvernements africains brûlent les étapes
Une formation appréciée par les producteurs sénégalais. «C’est toujours mieux de renforcer les capacités mais nous avons plus besoin du soutien de l’Etat», réagit Aminata Dominique Diouf. Mais elle estime qu’il y a des préalables. Listant les contraintes et difficultés auxquelles les producteurs sénégalais font face, elle soutient que les «producteurs n’ont pas de chambres froides pour conserver leurs produits. Les prix ne sont pas harmonisés». Pis, «le gouvernement n’aide pas le producteur», ajoute-t-elle. Aminata Dominique Diouf, directrice du domaine agricole Néma à Touba Kouta, a l’impression que les Etats africains brûlent les étapes. Elle estime que les Etats membres de l’Uemoa devraient plus tôt mettre l’accent à la base. C’est-à-dire accompagner les producteurs, «les subventionner, procéder à une révolution verte comme l’ont fait les Etats-Unis, l’Europe, la Chine et les autres pays qui se sont développés en mettant l’accent sur l’agriculture», indique-t-elle.
Comparant un producteur européen à un producteur africain, Aminata Dominique Diouf souligne le manque de volonté politique des Etats africains. Pour elle, les gouvernements mettent l’accent sur la politique politicienne au lieu de régler les vrais problèmes de l’agriculture. «Ce n’est pas sérieux», tempête-t-elle.
Cet atelier est organisé dans le cadre du projet d’appui à la compétitivité du commerce et à l’intégration régionale des pays de l’Uemoa mis en œuvre par le Centre du Commerce international.
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