Chaque année, ce sont plus de 400 mille tonnes de maïs qui sont importées par le Sénégal. Des centaines de milliards de francs qui pouvaient pourtant rester dans le pays si les producteurs étaient mieux accompagnés. Les acteurs de la filière peuvent assurer le besoin national, si l’Etat accepte de mettre les moyens. C’est l’avis de Samat Sakho, un grand producteur de maïs à Tamba.Par Abdoulaye FALL(Correspondant) –

Samat Sakho est un grand producteur de maïs. Chaque année, ce sont des hectares de terres qu’il emblave pour la culture de la spéculation. Niché à Sinthiou Malème, à moins de 30 km de la capitale régionale, Tambacounda, où il est même le maire de la commune, il est en pleine récolte dans un de ses champs de 24 ha. Des sacs remplis d’épis de maïs jonchent le sol, à perte de vue. Du haut de ses presque 2 m, le producteur est au milieu des ouvriers agricoles, une bonne dizaine. Trempé de sueur, il ne donne pas l’air d’être l’entrepreneur. Il est au front comme tout le monde. Coupant les épis qu’il met dans des sacs.

«Cette année, la récolte est bonne», témoigne-t-il. M. Sakho dit exploiter pas moins de 70 ha. Et chaque ha peut donner jusqu’à 3 tonnes de rendement.
Ainsi, soutient-il, la région peut, à elle seule, jouer un rôle non négligeable dans la production nationale de maïs. Mais à condition que l’Etat mette les moyens et accompagne les producteurs. De Bakel à Kidira, en passant par Bala, Kothiary, koulor jusqu’à Goudiry et Koumpentoum, partout les gens cultivent du maïs, mais sans soutien. Les dizaines de milliards consentis chaque année pour l’importation du maïs pouvaient rester dans le pays et servir au développement de la filière. Au grand bonheur des producteurs, a martelé Samat Sakho.

«Au lieu de consentir chaque année plusieurs milliards pour l’importation de maïs, l’Etat gagnerait à accompagner la filière en intrants de qualité et surtout faire des aménagements pouvant permettre la culture hors saison. La filière maïs doit être bien repensée car, outre la consommation des populations, le maïs contribue à plus de 60% dans la fabrication de l’aliment de bétail et de volaille», plaide l’entrepreneur. Qui dispose d’une usine de production d’aliments de bétail et de volaille qui, selon lui, peut ravitailler toute la région.
Malheureusement, explique-t-il, la capacité de production de l’usine est loin d’être atteinte, faute de graines.

Niche d’emplois
«Ce que nous récoltons est très infime par rapport aux besoins de l’usine. C’est pourquoi nous appelons l’Etat à mieux accompagner la filière. Si la production est augmentée, non seulement l’autosuffisance est assurée, mais le bétail, de même que la volaille, sera en sécurité. Car leurs aliments seront produits ici-même, à moindre coût, avec une plus grande disponibilité et une parfaite sécurité. Nous demandons juste d’être accompagnés, surtout avec des aménagements pour pouvoir développer des cultures hors saison, seul moyen d’être autosuffisants. Et cela va contribuer à l’emploi des jeunes et des femmes», a déclaré Samat Sakho.

L’accompagnement de la filière maïs, outre la contribution qu’il peut apporter à la souveraineté alimentaire, va permettre de lutter efficacement contre le chômage des jeunes et des femmes. En effet, argue-t-il, «le secteur peut employer des milliers de jeunes et de femmes désireux d’y évoluer. Si on est équipés en forage et autres pompes solaires, même après l’hivernage, l’activité va continuer. L’on pourrait récolter jusqu’à 3 fois dans l’année. Il suffit d’une réelle volonté politique et puis tout se passera bien. Les centaines de milliards injectés dans l’importation vont rester dans le pays au grand bonheur de notre économie. Ces sommes importantes peuvent, si elles sont bien utilisées, révolutionner le secteur».
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