Balla Diop a pollué l’atmosphère entre l’Apr et l’Afp en réclamant la «retraite» de Moustapha Niasse. La direction du parti au pouvoir avait vite fait de rappeler à l’ordre ce jeune de 36 ans.

Tout le monde en parle. Une seule personne l’avait soulevé. Balla Diop a mis le feu dans son parti -et même dans la coalition- en réclamant la non-reconduction de Moustapha Niasse comme tête de liste de Benno bokk yaakaar et, éventuellement, comme président de l’As­semblée nationale. «Le Prési­dent Moustapha Niasse (…) vu son âge, doit laisser son éventuel prochain poste de député à un de ses jeunes collaborateurs», avait pesté le jeune de Rufisque, qui se réclame patron de la Conver­gence des jeunes républicains (Cojer) du département. Même si les responsables de l’Apr, qui veulent préserver l’unité avec leurs alliés, l’ont qualifié de (simple) «militant» et ses «propos désobligeants». Un péché mi­gnon que ne regrette pourtant pas le jeune politicien qui tient à prouver son statut de «militant de la première heure». C’est à l’Alliance pour la Répu­blique (Apr) qu’il a fait ses premiers pas. «J’ai intégré les rangs de l’Apr en février 2009, soit 2 mois après la naissance du parti», a-t-il laissé entendre, fondant son choix sur le fait qu’à l’époque, de tout l’échiquier politique, c’est le Président Sall qui répondait «à l’idéal politi­que» qu’il s’était imaginé. Titulaire d’une licence en droit privé, Balla Diop cherchait «une expérience de jeunesse politique» pour mieux se forger.
C’est le début d’un militantisme actif au niveau de la (Cojer) avec en prime une participation à la 1ère Université républicaine en 2011, sanctionnée par une attestation de participation. Ce qui lui confère, d’après son propos, «la légitimité historique et politique» de diriger la Cojer départementale ; statut que lui refusent pourtant de nombreux jeunes du parti. «Au niveau de tous les départements, il y a pratiquement des tendances qui sont là, on ne peut pas dire qu’une telle personne a été élue démocratiquement en assemblée générale coordonnateur départemental de la Cojer (…) Beaucoup de jeunes ont voulu me mettre au-devant de la scène et me considèrent comme leur coordonnateur dépar­te­men­tal», consent toutefois à préciser le travailleur à l’Agence des aéroports du Sénégal (Ads) qui sera bientôt au crépuscule de son militantisme chez les jeunes. «Pour le prochain renouvellement, je ne serai plus dans la Cojer. Donc, je me consacrerai entièrement à la Convergence des cadres républicains», envisage ainsi l’homme de 36 ans dégageant un léger embonpoint.
Ce qui ne sera qu’une continuation, lui qui est chargé de la communication de la Ccr de Rufisque depuis 2013. Un changement de statut qui n’altère en rien son vœu de voir les gens responsabilisés. «Le substrat de mon combat, c’est la promotion des jeunes. Les jeunes ont besoin d’être promus, c’est un appel vibrant que je fais au président de la République pour que les jeunes participent à cette vision du Pse tendant à assurer l’émergence à l’horizon 2035», a-t-il proposé avec la ferme conviction que le vrai dynamisme réside chez cette frange de la population. Sa ville natale n’est pas en reste dans ce combat. «Rufisque a aujourd’hui besoin que de jeunes cadres soient promus à des postes de responsabilité», souhaite-t-il. Devenir maire de sa ville, occuper des responsabilités au niveau national, Balla Diop espère gravir les échelons après ses 8 ans d’engagement politique. Le chemin ne sera pas aisé et il le sait bien. S’armer de courage et être prêt à se battre pour défendre ses idées dans un parti, comme d’autres d’ailleurs, où la liberté de ton est limitée par la volonté du chef. «Je respecte la mise en garde du parti, mais j’aurai mon mot à dire lorsque le débat refera surface», a-t-il prévenu. Tiens, tiens, le débat n’est pas clos ? Une manière de faire comprendre qu’il a déjà acquis les rudiments de l’arène politique.
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