Au Fouta, Gambi Sarr est connu pour être le chanteur le plus attendu dans les soirées du Maouloud, la fête célébrant la naissance du prophète Mouhamed. Le natif de Boki Sarankobé (localité située dans l’île à Morphil), a été initié aux chants dédiés au prophète dès ses premiers pas à l’école coranique. Serigne Moutapha Sy Jamil, qu’il fréquente entre 1985 et 1993, lui donne le wird tidiane. Chanteur religieux confirmé, la belle voix de Gambi Sarr traverse le Fouta et la Mauritanie malgré un handicap visuel devenu incurable.Par Demba NIANG –
Le jour marquant la naissance du Prophète (Gamou) est un moment de ferveur religieuse à travers le monde. Dans le Fouta, les villages organisent à tour de rôle des «gamou» et «ziarra». Occasion pour les chanteurs religieux de livrer leur partition. Parmi les plus célèbres de ces chanteurs, Pape Gambi Sarel à l’état civil, entame un mois des plus occupés un peu partout dans le Fouta, en Mauritanie et au Sénégal, le chanteur est sollicité pour sa maîtrise des éloges au Prophète (Psl). Et cette année encore, celui que l’on appelle Gambi Sarr, a choisi une localité pour y passer la nuit et chanter les merveilles du prophète (Psl), «Bouré nélado Allah salalahou aleyhi wa salam (en Pulaar)». Wending sur la rive droite du fleuve Sénégal a eu les honneurs du jeune prodige. Mais tout au long de ce mois, Gambi Sarr va traverser le Fouta, allant de «gamou» en «ziarra», de villages en villages.
Rentré au Fouta depuis l’an 2000, car guidé par l’orgueil de faire des «gamou» dignes de ce nom au Nord-est du Sénégal, Gambi Sarr a fait l’école coranique à Thiaroye où son marabout Thierno Moussa Lawel Ba avait très tôt vu en lui des talents de chanteur religieux hors pair. Il l’occupait ainsi aux chants religieux les soirées de jeudi et dimanche. Après la maîtrise du Saint Coran, Gambi a eu la chance de suivre l’enseignement de Serigne Moustapha Sy Jamil avec qui il parachèvera sa maîtrise des chants écrits par El Hadji Malick Sy sur le prophète Mouhamed. C’est à cette période, entre 1985 et 1993, qu’il est frappé par la maladie. Sa visibilité se réduisant progressivement malgré les soins. Mais cette épreuve ne va pas l’empêcher de suivre ses études islamiques. Avant de rentrer définitivement à Boki Sarankobé, une localité située dans l’île à Morphil, Gambi Sarr va encore séjourner à Nouadhibou auprès de sa mère mauritanienne et du marabout Thierno Ndiaye Barro pour enrichir sa science islamique.
Celui qui est considéré comme le «Mbaye Dondé» du Fouta, a eu à rencontrer ce dernier plusieurs fois et à partager avec lui le micro à Tivaouane. Installé définitivement au Fouta depuis 2000, Gambi Sarr est le chanteur religieux le plus demandé lors des «gamou» et «ziarra». Mais malgré cette forte demande et un calendrier chargé, il n’a jamais réclamé un prix pour ses services car dit-il : «Je fais mon devoir de musulman et tout ce que les gens me donnent, je le prends pour leur reconnaissance au prophète.» «Les gens avec qui j’étais dans la même école ont eu beaucoup de biens avec le métier de chanteur religieux.
Vous savez au Fouta, on laisse les talents mourir dans le besoin. Voilà 20 ans que je m’occupe à chanter les louanges du prophète Mouhamed (Pls) et je me console avec cette ataraxie d’être au service du messager bien aimé», poursuit le chanteur religieux. Avec son immense talent, les envieux ne manquent pas. Et Gambi Sarr en a rencontré presque dans toutes les soirées de «gamou» et «ziarra», mais il n’y pense pas. «Je sais que j’anime bien les soirées et peu de gens peuvent m’égaler. Je remercie le Seigneur pour ce don. Au lieu de faire attention aux envieux et aux jaloux, je m’occupe d’égayer mes supporters.» En cette fin du mois de septembre et tout le mois d’octobre, Gambi Sarr fera le tour du Fouta d’est en ouest, du nord au sud pour des nuits blanches à chanter les louanges du prophète avec les écrits de El Oumar Tall, El Hadji Malick Sy et Thierno Seydou Nourou Ba dont les louanges au Prophète sont pour la plupart écrits en pulaar.
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