Intellectuel hors pair, visionnaire et soufi à l’âme pure, Serigne Babacar Mbow, décédé le 1er mars dernier, était un écrivain théologien, un homme d’action et de réflexion, en plus d’être un guide spirituel. C’est Sérigne Saliou Fall Ibn Serigne Modou Moustapha Fall, son ami, le journaliste Pape Samba Kane, et quelques membres de son cercle proche qui ont livré une part de sa trajectoire. C’était à l’occasion d’une table ronde consacrée à celui qui a donné une nouvelle dimension au village de Ndem.

 

Par Ousmane SOW – Le 18 octobre dernier à la Galerie Maam Samba, nichée dans le quartier de Ngor, s’est déroulée une cérémonie d’hommage à celui qui restera pour ses amis d’enfance «Chacun» : Serigne Babacar Mbow. L’occasion était double : le lancement du Café Littéraire Maam Samba, mais surtout une célébration de la vie et de l’héritage du défunt Sérigne Babacar Mbow, militant de la Gauche sénégalaise, maoïste engagé qui s’est «reconverti» dans la voie de l’islam et du développement, jusqu’à sa mort, le vendredi 1er mars 2024. Disciples, amis et membres de la famille se sont rassemblés pour partager des témoignages qui retracent la trajectoire de cet homme, devenu Cheikh Baye Fall, et fervent adepte de la philosophie soufie initiée par Mame Cheikh Ibrahima Fall. A cette occasion, les Baye Fall ont également joué leur partition pour cette soirée en hommage à leur guide, en chantant des Khassaïdes et en distribuant de l’eau et du café. Serigne Babacar Mbow, originaire du village de Ndem, situé dans la région de Diourbel, est avant tout un homme aux multiples facettes. Et les intervenants ont tour à tour décrit Serigne Babacar comme un homme d’action et de réflexion, un bâtisseur, en plus d’être un guide spirituel.

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Un homme d’une générosité sans égale. Thierno Guèye, professeur de philosophie et formateur à la Fastef, a salué l’œuvre de ce «guide spirituel» en évoquant son livre posthume Soufisme et thérapie, un ouvrage dans lequel «ceux qui ont connu Serigne Babacar Mbow verront une autobiographie, un ultime témoignage de sa propre vie. Une œuvre de générosité et de compassion envers ses semblables». Selon Thierno Guèye, ce livre incarne la vision de Serigne Babacar Mbow sur la guérison de l’âme et du corps par la compassion. «Ce que préconise Serigne Babacar Mbow à travers ce livre est la recette de la guérison de l’âme et du corps par la compassion. La science et la foi sincère», ajoute-t-il. A l’image de son guide et modèle, Mame Cheikh Ibrahima Fall, explique Thierno Guèye, «Serigne Babacar Mbow était une lumière parmi nous qui s’en est allée, mais qui, pour mieux nous sublimer, s’est métamorphosée en une étoile polaire surplombant l’horizon».

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Le journaliste et écrivain Pape Samba Kane a également évoqué l’engagement politique du défunt, notamment en tant que militant maoïste au sein du mouvement And-Jëf. «Durant quatre décennies, son engagement spirituel s’est, on l’a vu, accompli en même temps que des réalisations sociales au bénéfice de communautés et d’individualités», a expliqué Pape Samba Kane, rappelant que Serigne Babacar Mbow était aussi un intellectuel prolifique. «De sa plume, il a écrits dix ouvrages, tous dans la ligne soufie d’interprétation et d’exaltation de la parole divine, mise au service de l’humain», a témoigné le journaliste Pape Samba Kane, rappelant que le défunt Serigne Babacar Mbow a signé «quelques petits et grands papiers d’une originalité remarquable dans le journal Le Politicien, où nous passions voir grand Less à son grand plaisir. C’était au début des années 1980, nous faisions la navette entre Gorée et Mermoz, chez Yaye Ngoné, sa mère, où nous avions trouvé refuge». Mais, ce qui impressionne le plus Pape Samba Kane à propos de son ami, c’est sans nul doute sa manière de vivre, ascétique, désintéressée et généreuse. D’après lui, aux plans spirituel, social, économique, «l’œuvre de Sérigne Babacar Mbow n’a pas fini de faire le tour du monde».

«Il répond au mal par le bien»
Bonnet bien en évidence, dans un large vêtement bleu, communément appelée Baye Lahat, Assane Mboup, directeur de la Télé-école, a mis l’accent sur la rareté du parcours de celui avec qui il a sillonné l’Europe, propageant la doctrine du développement de l’économie solidaire impulsée à Ndem, mais aussi l’approche spirituelle la soutenant. «Serigne Babacar Mbow était un homme qui a un profil très rare. La négation n’a jamais été sur son parcours. Il répond au mal par le bien. Globalement, c’est pour dire qu’il est extrêmement difficile de qualifier Serigne Babacar Mbow. Mais il y a des choses qui sont constantes dans son parcours», a déclaré Assane Mboup, précisant que SBM vivait chaque instant pour élever les autres, pour protéger le bien collectif.

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«Pour lui, chaque être humain est le reflet de la lumière céleste et à ce titre-là, on lui doit respect, et c’est comme ça qu’il a vécu. Il donnait l’impression de s’écraser pour valoriser l’autre. Serigne Babacar Mbow, c’est quelqu’un qui m’a remis sur les rails», témoigne-t-il. Pour Serigne Saliou Fall Ibn Serigne Modou Moustapha Fall, Serigne Babacar Mbow a tracé des chemins de lumière et de sagesse qui traversent les âges. «Intellectuel hors pair, écrivain théologien, soufi à l’âme pure, visionnaire et manager hors pair, il a incarné l’excellence dans tous les aspects de son être. Sa quête de vérité l’a conduit à explorer les profondeurs de la théologie, où son esprit brillant a éclairé les voies de la foi et de la réflexion intellectuelle. Il était un homme visionnaire, un pionnier de l’économie solidaire et un fervent protecteur de l’environnement», a confié Sérigne Saliou Fall.