L’imam Alioune Badara Ndao, blanchi en première instance et en Appel dans le cadre du plus grand procès jamais organisé au Sénégal pour terrorisme, a été enterré hier à Kaolack. Il laisse derrière lui une réputation de grand formateur dans le bassin arachidier.Par Justin GOMIS – 

Imam Alioune Badara Ndao, décédé dans la nuit du lundi au mardi à l’hôpital Fann où il avait été récemment admis au service des urgences, a été enterré hier à Kaolack. Jusqu’à son arrestation en octobre 2015, on ne connaissait rien de plus de lui, au-delà du simple formateur coranique, installé dans la capitale du Saloum. Arrêté à son domicile par la gendarmerie ainsi que d’autres personnes, il est accusé d’«apologie du terrorisme» et d’«association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», mais aussi pour «blanchiment de capitaux». Lui, Matar Diokhané, présenté comme le cerveau de la bande, Coumba Niang, Amy Sall, Mariame Sow, Alioune Badara Sall, Daouda Dieng, Boubacar Decoll Ndiaye, Oumar Keïta, Mor Mbaye Dème, Mamadou Moustapha Mbaye, Alpha Diallo, Pape Kibili Coulibaly, El Hadji Mamadou Bâ, Mous­tapha Diatta, Ibrahima Hann devenaient ainsi les premiers Sénégalais à être jugés pour des actes de terrorisme.
Evidemment, il avait toujours réfuté ces accusations. Le juge l’avait cru : depuis le début, imam Alioune Badara Ndao, figure emblématique de l’islam dans le Saloum, a toujours clamé son innocence, établie ensuite à la barre par ses avocats. Au terme d’un procès surmédiatisé, il avait été finalement acquitté le 19 juillet 2018 des chefs d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, apologie du terrorisme, blanchiment de capitaux, détention d’armes et de munitions sans autorisation. Alors que le Parquet avait requis à son encontre, 30 ans de travaux forcés. Le mois assorti d’un sursis auquel il a été condamné pour détention d’arme de la 2ème catégorie sans autorisation administrative et la confiscation au profit du Trésor de ses 14 mille euros consignés deviennent presqu’anecdotiques. Il est ainsi libre après 3 ans de détention préventive.
Lors de ce procès fleuve, Matar Diokhané, présenté comme le cerveau de la bande, avait écopé en première instance, d’une peine de 20 ans de travaux forcés. Il a été reconnu coupable de crime d’acte de terrorisme par association de malfaiteurs. Même chef d’accusation retenu contre Mamadou dit Mohamed Ndiaye, Omar Yaffa, Ibrahima Diallo, Abdoul Aziz Dia, Mohamed Lamine Mbal­lo, Latyr Niang, Lamine Coulibaly, Abou Diallo, Cheikh Ibrahima Bâ, Ibrahima Mballo, Abdou Akim Mbacké Bao et Saliou Ndiaye. En revanche, Mamadou dit Mohamed Ndiaye, Ibrahima Diallo et Abdou Akim Mbacké Bao ont écopé de 15 ans. Les nommés Oumar Yaffa, Ab­doul Aziz Dia, Lamine Cou­li­ba­ly, Abou Diallo, Cheikh Ibra­hima Bâ et Ibrahima Mballo ont pris 10 ans de travaux forcés. Et le trio, Mohamed Lamine Mbal­lo, Latyr Niang et Saliou Ndiaye, a écopé de 5 ans de travaux forcés.
Par ailleurs, le Tribunal a acquitté Matar Diokhané, Oumar Yaffa, Ibrahima Diallo, Abdoul Aziz Dia, Mamadou Lamine Mballo, Latyr Niang, Lamine Coulibaly, Abou Diallo, Cheikh Ibrahima Bâ, Ibrahima Mballo, Abdoul Akim Mbacké Bao, Saliou Ndiaye des crimes de financement du terrorisme en bande organisée, blanchiment de capitaux, actes de terrorisme par attentat et complot. Le groupe composé de Coumba Niang, Amy Sall, Mariame Sow, Alioune Badara Sall, Daouda Dieng, Boubacar Decoll Ndiaye, Oumar Keïta, Mor Mbaye Dème, Mamadou Moustapha Mbaye, Alpha Diallo, Pape Kibili Coulibaly, El Hadji Mamadou Bâ, Mous­tapha Diatta, Ibrahima Hann a été acquitté purement et simplement au grand bonheur de leurs proches.
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