Reportage réalisé par Pape Moussa DIALLO – 

Terre de culture, de cueillette et de chasse, le village de Satadougou, village acheté en français, est une contrée fondée par des guerriers sarakholés venus du Mali. Avant de partir, ces derniers auraient cédé la localité aux Seydikora, Dansokho qui furent les premières communautés à s’y installer, avant l’arrivée plus tard des Keïta. Confortablement installé dans son hamac, Kalé Seydikora est l’actuel chef de village de Satadougou. C’est un homme modeste, épanoui dans une simplicité extraordinaire qui pousse à l’admiration. Fils de Manding Diabi et de Alcoran Seydikora, ce sexagénaire séduit par son hospitalité, la conversation qu’il tient et, surtout, son niveau de français. On s’aperçoit vite qu’il est un produit de la «vieille» école. Drapé dans un boubou bleu se mariant au vert, il porte un bonnet vert qui couvre sa tête de sage homme. Malgré son visage grave, brûlé par les hivernages, il garde le sourire. Barbe blanchie par l’âge, Kalé Seydikora tient sur ses quatre jambes avec l’air de n’avoir rien perdu de sa vigueur de jeunesse. Cette «bibliothèque» riche d’enseignements nous plonge dans son passé et son parcours scolaire à travers son récit captivant. Après le décès de son père, la chefferie a été héritée par ses frères, avant que ne vienne son tour de devenir chef du village de Satadougou. Cet ancien chef-lieu de canton était rattaché au cantonnât de Bakel (actuel département de la région de Tambacounda). Dans un sourire nostalgique, il lance : «On versait les impôts à Bakel.» Chef de village depuis 2014, il poursuit : «Je ne me plains pas. Je suis satisfait d’être au service des populations et du village.» Sur son parcours scolaire, le chef de village de Satadougou d’informer qu’il a débuté ses études à Nafadji (département de Saraya) entre 68 et 69 jusqu’en 1971. «En 1972, je n’ai pas étudié, à cause du déficit d’enseignants», narre-t-il.
Après cette pause forcée, il est encouragé par le Commandant de l’arrondissement de Saraya à poursuivre ses études à Saraya. Alors qu’il était de passage dans son village pour collecter les impôts. «Mon grand-frère m’a conduit à Saraya pour y poursuivre mes études. Le jour de mon départ, on a marché du matin à la tombée de la nuit pour rejoindre Diakhamadina à pied par les raccourcis de la brousse. Après deux jours de repos, j’ai poursuivi mon chemin en direction de Saraya», raconte le vieux Seydikora. Une fois sur place, explique-t-il, il s’est présenté au chef de l’arrondissement du nom de El Hadj Mor Kéba Ndiaye. «On m’a établi un extrait de naissance pour que je puisse poursuivre mes études. A l’époque, on ne connaissait pas les extraits. C’est par la suite qu’on m’a conduit à l’école et remis entre les mains du directeur d’alors, du nom de M. Kourouma», se souvient-t-il. A Saraya, on le fit redoubler le Cm1 où il s’était arrêté. Il fit l’entrée en sixième en 1974. «Je ne suis pas passé la première année. Sur les 32 candidats, il n’y avait que deux (2) admis cette année-là. En 75, sur 34, il y a eu 4 admis, moi y compris», se réjouit-il. Après l’admission à l’entrée en sixième, il fut orienté avec trois autres camarades à Saint-Louis, au Lycée Charles de Gaulle. Il se souvient qu’à l’époque, pour faire l’enseignement moyen-secondaire, «il fallait se rendre à Saint-Louis, Thiès, Ziguinchor ou Dakar. Il n’y avait que cinq lycées», ajoute-t-il. Il poursuivit ses études dans cet établissement jusqu’en classe de Seconde, où il était obligé d’abandonner pour venir à la rescousse de sa maman vieillissante. «Sur demande incessante de ma maman prenant de l’âge et qui avait besoin de moi auprès d’elle, j’ai été obligé de mettre un terme à mes études. Je ne le regrette pas. J’ai pris soin de ma maman jusqu’à ce que Dieu la reprenne.» Attachant du prix à l’amélioration du bien-être des populations de son village, il n’a pas manqué de féliciter et d’encourager la compagnie minière dans les efforts déployés dans le domaine de l’éducation avec l’électrification de l’école, la programmation d’une case de santé dans le domaine de la santé (les briques sont déjà faites), la réalisation d’un point d’eau et l’aménagement d’un périmètre maraîcher en cours. La clôture a déjà été réalisée et les femmes n’attendent que l’eau.