Agé de 28 ans, atteint de surdité à cause d’une méningite cérébrospinale contractée 3 mois seulement après avoir décroché le Bac en 2013, l’étudiant Mbaye Diouf voit son merveilleux destin s’éloigner. En attendant de retrouver le cours de sa vie, il doit subir une intervention d’implantation cochléaire en Pologne d’un montant de 20 millions de francs Cfa. Depuis, le jeune homme, un surdoué, qui se démerde comme un beau diable dans un combat qu’il croit, hélas, fatalement perdu d’avance, cherche des moyens pour s’exfiltrer de l’étreinte d’une maladie qui a brisé tous ses rêves. Heureusement que l’orphelin de père et de mère, qui mène une vie très difficile, garde toujours foi en Dieu. Ce qui ne l’empêche pas d’espérer «aide et compréhension de la part de mon très cher Président Macky Sall».Par Ndèye Fatou NIANG (Correspondante) –
C’est un surdoué atteint d’une surdité. «Je n’ai jamais imaginé de ma vie qu’un jour le destin en décidera autrement au point que les gens s’adresseront à moi par le langage des signes.» Cette pathétique phrase de Mbaye Diouf décrit la situation de désespoir qui étreint le jeune d’1m 71. L’étudiant a été diagnostiqué d’une surdité à 20 ans à la suite d’une méningite cérébrospinale, contractée seulement 3 mois après avoir obtenu son Baccalauréat au lycée de Khombole. C’était en 2013. Huit ans après, chez lui à Ndièyène Sirakh, une commune du département de Thiès, le choc est total. Le front un peu plissé, le vaillant Mbaye Diouf, âgé aujourd’hui de 28 ans, qui présente un profil de jeune homme fatigué, confie : «Je suis resté dans le coma pendant une semaine à l’hôpital Aristide Le Dantec, après avoir contracté la méningite. Après mon hospitalisation, les médecins m’ont conseillé de continuer le traitement à l’hôpital parce que j’avais déjà perdu mon audition à cause de la maladie. J’ai ensuite passé tous les examens avant qu’on ne me mette en rapport avec un spécialiste à Fann.» Il s’agit du Professeur Abdourahmane Tall du service Orl dudit établissement hospitalier. Et le diagnostic du spécialiste est sans appel. «M. Mbaye Diouf présente une surdité profonde bilatérale inappareillable. Il a besoin d’un implant du tronc cérébral, technique non encore réalisable au Sénégal. Monsieur Mbaye Diouf est donc un candidat à l’évacuation sanitaire dans un pays où il pourrait bénéficier de cette technologie», explique-t-il. Une nouvelle qui va anéantir tous les rêves de ce jeune issu d’une famille modeste. Seulement, Mbaye Diouf refuse de baisser les bras. Il entreprit alors des démarches avec l’aide de son père pour son évacuation. C’est ainsi qu’il a déposé une demande d’aide dans beaucoup de structures gouvernementales. Nous sommes en 2017. Quelques mois plus tard, son cher papa, le seul soutien auprès de qui il trouvait soulagement, est rappelé à Dieu.
Après le temps du deuil, le jeune homme dut se sentir tristement seul, résigné qu’il est à devoir assumer seul sa nouvelle responsabilité de sa prise en charge sanitaire pour son avenir. Et en 4 ans, il a eu le temps de se mesurer et d’apprécier, à sa juste valeur, le poids de telles responsabilités. «Je devais continuer de me battre. Je devais tenir bon parce qu’étant orphelin de père et de mère. C’est très difficile, mais je garde toujours foi en Dieu.» Il reprend les recherches. Il dit : «Avec les conseils de spécialistes, nous avons trouvé un hôpital en Pologne qui nous a envoyé le devis de l’intervention qui s’élève à 29 mille 500 €, soit environ 20 millions de francs Cfa. Ce montant doit couvrir la chirurgie, le logement, la restauration et les frais de transport pour les rendez-vous médicaux. Les spécialistes nous ont indiqué que les médecins polonais sont les meilleurs dans ce domaine.» Ainsi en l’absence de prise en charge étatique au Sénégal, un grand élan de solidarité s’est constitué autour de sa cause. Ce qui lui a permis de collecter déjà un montant de 4,1 millions sur les 20 millions de francs Cfa. «Les 2,5 millions m’ont été remis par la Première dame et le reste a été collecté par ma famille, les camarades et les internautes sur les réseaux sociaux. L’argent est versé dans un compte bancaire que nous avons créé. Nous avons eu deux fois la réponse de la présidence de la République. Elle nous a promis l’examen du dossier. L’une des réponses a été signée par Mouhamadou Mokhtar Cissé, alors directeur de Cabinet du Président Macky Sall, l’autre par son successeur le ministre Dr Augustin Tine. Nous ne nous sommes pas découragés. Une troisième demande a été déposée. Mon frère a reçu un mail attestant que le courrier est bien arrivé. Le dossier est sous traitement. Mais jusqu’à présent, nous sommes dans l’attente.»
Aujourd’hui plus que jamais, l’étudiant Mbaye Diouf lance un appel pressant à toutes les bonnes volontés, en particulier à son cher président de la République qui est venu au chevet d’un de ses camarades, l’étudiant SOD. «Je ne parle même plus d’études, mais je veux juste retrouver l’ouïe, même si c’est pour une seule de mes oreilles», enchaîne Mbaye Diouf.
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