Taille moyenne, Moussa Barro peut se vanter d’avoir initié le métier de «désensableur», puis vendeur de sable de la rue dans la commune de Ziguinchor. Au début, ce n’était qu’un acte citoyen. Mais, au fil du temps, l’acte a fini par payer l’homme. «C’est un vrai travail, mais qui est très difficile. Il fallait avoir l’amour du travail, l’amour de sa localité pour pouvoir le faire, car au début, ce n’était pas payant», confesse Moussa Barro.

Il a initié cela pour entretenir les rues de son quartier et les rendre propres. «Ici, tu ne pouvais pas voir de sachets plastiques, même pas un papier par terre, tout était propre, même le sol», témoigne-t-il. Le quadragénaire balaie et désensable depuis maintenant 10 ans les rues de Soucoupapaye, un quartier populaire de Ziguinchor.

Pour lui, il fallait faire quelque chose chaque matin pour sa localité. C’est d’ailleurs comme cela qu’est né ce travail de «ramasseur de sable» ou «désensableur». Les passants le considèrent comme un agent de la mairie, un de ses techniciens de surface. Alors que non ! Il voulait juste rendre propre le coin et faciliter la circulation aux véhicules. L’argent n’a pas été sa première motivation. Mais, depuis des années, cette activité est devenue un business pour lui. Et beaucoup de Ziguinchorois s’y adonnent pendant la saison des pluies. Même si la concurrence est rude aujourd’hui, la reconnaissance des riverains l’encourage à continuer à poursuivre ce job. «Je me payais moi-même mon équipement, mes balais, les brosses pour sol, pelles, brouettes, rien que pour pouvoir balayer la rue», dévoile-t-il.

Les images sur le mur de clôture de la maison familiale témoignent du rastaman qu’il fut. Electricien en bâtiment, Moussa est avant tout un artiste né. Il continue d’ailleurs de vivre de son art à travers la vente de certains produits qu’il a lui-même confectionnés. Le mur de la maison familiale sert aussi d’espace d’exposition à ses œuvres d’art. Moussa Barro fabrique des objets d’art, notamment la kora, le balafon, les tissus d’art, le tam-tam. Au-delà de ses activités artistiques et de balayeur, Moussa Barro fait du jardinage et vend des fleurs. Débrouillard, il faut aussi du maraîchage. Un homme 100 métiers…