Projecteur – Qualifiée pour Paris 2024 Qui est Tania Zhiying Zeng, la pongiste chilienne de 58 ans ?
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Adolescente, Zhiying Zeng rêvait de médaille olympique pour la Chine. Quatre décennies plus tard, devenue Chilienne et rebaptisée Tania, la pongiste de 58 ans sera en lice aux Jeux de Paris 2024
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Samedi 27 juillet, sous le haut plafond de l’Arena Paris Sud, même les suiveurs du tennis de table international lèveront un sourcil circonspect en la découvrant raquette en main (droite). Mais que fait cette dame d’un âge certain dans le tournoi olympique 2024 ?
Aucun passe-droit à suspecter, Zhiying Zeng, 58 ans, a bien gagné le droit de représenter le Chili via les tournois qualificatifs de sa zone géographique. La Fédération internationale la situe au 151e rang mondial, soit la cinquième représentante d’Améri-que du Sud derrière deux Brésiliennes, une Argentine et sa compatriote Paulina Vega.
«Je suis tellement honorée de représenter le Chili à Paris. Ce pays me permet de vivre un rêve évanoui, celui de ma jeunesse en Chine. Ce n’est que du bonheur !», raconte-t-elle au quotidien britannique The Guardian.
Dans les années 1970, encadrée par sa mère entraîneuse, Zhiying Zeng fut l’une de ces milliers d’enfants enrôlés dans l’usine à cham-pions en vigueur en Chine. «Il y avait des tables de tennis de table partout !», se rappelle-t-elle.
A 11 ans, elle rejoint l’école militaire des sports de Pékin. Six années passent, elle est sélectionnée en Equipe nationale. Comme ses partenaires, elle rêve de médailles olympiques. Mais, entre âpreté extrême de la concurrence et cadence des entraînements, la jeune femme ne gagne pas sa place dans l’élite chinoise et finit par renoncer en 1986.
«A 20 ans, j’ai fait une croix sur les Jo…»
Trois ans plus tard, sa vie prend un virage sous la forme de l’invitation d’un compatriote installé dans le Nord du Chili. «J’avais quasiment arrêté de jouer, mais j’ai accepté de devenir coach. Un nouveau monde s’ouvrait.»
Elle ne prolonge guère son activité dans le club local, préfère se spécialiser dans l’importation de biens chinois, puis fonde une famille dans la ville d’Iquique. Au passage, elle devient Tania. «J’ai choisi ce prénom car les Chiliens ne pouvaient pas prononcer mon nom. Ils ont des problèmes avec les «Z».»
Le sévère confinement dû au Covid-19, le besoin de bouger et d’occuper son fils la remettent finalement sur la voie de ses premières amours. Elle achète une table de tennis de table et pratique avec assiduité. Peu à peu, elle reprend goût à la compétition «pour le fun», gagne des tournois locaux puis continentaux sans forcer. Elle finit par se dire : «Pourquoi pas Paris ?»
A force de trois heures d’entraînement par jour, cinq fois par semaine, elle retrouve ses réflexes perdus, stupéfie les pongistes sud-américains et réussit son challenge. «Je me suis accrochée, car je fais mon âge… Si je pratique trop, mon épaule me rappelle à l’ordre.»
Au Chili, surnommée «la mamie du ping-pong», elle séduit par son humilité et bénéficie d’une cote de sympathie en hausse. Même le président de la République, Gabriel Boric, suit ses performances.
Avec L’Equipe