Héros en Espagne et à nouveau adulé en France, l’attaquant du Real Madrid, Karim Benzema, est devenu lundi, le premier Ballon d’Or français depuis Zinédine Zidane en 1998. Une récompense qui vient couronner l’incroyable carrière du meilleur buteur français de tous les temps.

Sa saison 2021-2022 a été complètement folle : avec 44 buts en 46 matchs en club, l’avant-centre français (34 ans) a porté le Real vers son 35e sacre en championnat et a été l’un des héros de la Maison blanche lors des retournements de situation successifs qui ont mené l’équipe madrilène vers sa 14e couronne en Ligue des Champions. Et comme si cela ne suffisait pas, l’international français (97 sélections, 37 buts) a aussi soulevé un titre avec les Bleus, la nouvelle Ligue des Nations, en octobre 2021.

Son premier trophée international, quelques mois après son retour surprise en sélection malgré l’affaire de la «sextape», qui a écorné son image auprès du grand public.

Dans ce dossier, Karim Benzema a décidé, en juin, de renoncer à faire Appel dans le procès qui l’oppose à Mathieu Valbuena, entérinant sa condamnation à un an de prison avec sursis pour «complicité de tentative de chantage». Histoire de tourner définitivement cette page extra-sportive ayant marqué plus de cinq ans de sa carrière.

Un talent hors normes, mais une image de mauvais garçon qui lui a longtemps collé à la peau : c’est toute l’ambivalence du joueur formé à Lyon et originaire de Bron, en banlieue lyonnaise.

Amour et haine
Malgré une technique léchée, un style de jeu altruiste et une armoire à trophées exceptionnelle, Benzema a longtemps peiné à se défaire d’une image de tête brûlée, coincée entre sa collection de bolides, ses vêtements de luxe et ses fréquentations.

C’est d’ailleurs sa fidélité à son ami d’enfance, Karim Zenati, qui lui vaut ses ennuis dans l’affaire de la «sextape».

En octobre 2015, sa garde à vue fait l’effet d’une bombe. Il sera alors écarté des Bleus pendant plus de cinq ans, déchaînant les passions en France, tiraillé entre l’amour de ses supporters et la haine que lui voue une partie de l’échiquier politique, notamment à l’Ex­trême droite.

Ses déclarations à l’endroit de Didier Deschamps, qui aurait, selon lui, «cédé sous la pression d’une partie raciste de la France», hanteront longtemps le sélectionneur… Jusqu’au mois de mai 2021, lorsque Deschamps décide, à la surprise générale, de rappeler son buteur pour l’Euro.

Depuis, Benzema semble épanoui, que ce soit sur le terrain comme auprès du public, à qui il envoie sourires, clins d’œil et pouces levés. Diman­che encore, il a fait chavirer le stade Santiago-Bernabéu de Madrid avec un but lors du Clasico remporté 3-1 face au Fc Barcelone.

«Le meilleur» avant-centre, dit Zidane
Et cette mue coïncide avec l’apogée de sa carrière en club : depuis le départ de Christiano Ronaldo pour la Juventus Turin en 2018, puis Man­chester United, le «Nueve» (le no9, en espagnol) a pris les rênes de l’équipe madrilène. Promu capitaine, il a décroché deux titres de meilleur joueur de Liga, en 2020 et 2022, et compte désormais à son palmarès, cinq Ligues des Cham­pions, à une longueur du record.

«Pour moi, c’est le meilleur» avant-centre français de l’histoire, jugeait la saison dernière, son ex-entraîneur, Zinédine Zidane, dernier Français à avoir remporté le Ballon d’Or, il y a 24 ans.

Les chiffres parlent pour Benzema : avec 328 buts sous le maillot blanc, Benzema occupe seul la deuxième place des attaquants les plus prolifiques du Real, derrière Ronaldo et devant Raul, deux légendes du club. Et il est depuis mars 2022, le meilleur buteur français de l’histoire avec plus de 400 buts inscrits chez les professionnels, devant Thierry Henry.

Ses dix buts inscrits en phase à élimination directe de la Ligue des Champions au printemps, dans un contexte souvent renversant contre le Paris Sg, Chelsea, puis Manchester City, figureront aussi parmi les grands moments de sa carrière.
Après avoir réussi à redresser son image, KB9 a à présent dans son viseur, la prochaine Coupe du monde au Qatar (20 novembre-18 décembre). Une compétition qu’il avait disputée en 2014 (élimination en quarts), puis manquée en 2018, lors du sacre des Bleus en Russie. Et une des dernières lignes qui manquent à son palmarès d’exception.

Prime : Le Real va gâter Benzema

Il y a certes le côté prestige d’une telle récompense, mais le Real Madrid sait «recevoir» comme on dit. Karim Ben­zema va toucher un joli petit chèque pour son sacre d’avant-hier soir. France Foot­ball n’apporte aucune dotation financière, mais la Maison blanche va s’occuper de tout ça. Nos confrères d’As ont annoncé le montant.
En effet, le natif de Lyon de 34 ans devrait obtenir une prime d’environ 1 million d’euros pour ce titre suprême, assortie d’une prolongation d’une saison à Madrid, jusqu’en 2024, ce qui laisse peu de doute en l’état. Mérité pour le capitaine de l’équipe de Carlo Ancelotti.

Avec Afp