Dans un monde de plus en plus global, serait-il vraiment impossible pour des personnes de religions, de couleurs de peaux, de cultures, de races différentes, de partager le même lieu de vie ? Avec son documentaire, «Nous tous», qui glane des récits aux quatre coins de la planète, le Bruxellois, Pierre Pirard, montre qu’un monde de tolérance est possible.Par Ousmane SOW

– «Soit nous saurons bâtir en ce siècle, une civilisation commune à laquelle chacun puisse s’identifier, soudée par les mêmes valeurs universelles, guidée par une foi puissante en l’aventure humaine et enrichie de toutes nos diversités culturelles, soit nous sombrerons ensemble dans une commune barbarie», tels sont les propos de Amin Maalouf, l’écrivain français d’origine libanaise. C’est sur ce constat que s’ouvre le documentaire Nous tous, réalisé par le documentariste belge, Pierre Pirard. Projeté ce mercredi dans les locaux de la Délégation générale de Wallonie-Bruxelles à Dakar, ce film, visiblement bien apprécié, a plongé les spectateurs dans ces nouvelles réalités où des citoyen-ne-s réinventent l’éducation, les relations sociales, la culture, le travail. Selon le réalisateur, le seul but est de créer une communauté soudée, vivant en paix, dans un processus de résilience bien souvent après avoir connu des conflits. Dans Nous tous, Pierre Pirard est parti, avec son sac à dos sur l’épaule, à la rencontre, partout dans le monde, de femmes et d’hommes qui se sont donnés pour mission, comme lui, de reconstruire des ponts entre les communautés, afin de cultiver cette tolérance et cet art du vivre ensemble. Un voyage de deux ans à travers le globe, notamment à Sarajevo, en Serbie, Bosnie, Liban, Etats-Unis, Indonésie, Paris et Sénégal. «Ce film montre des citoyens qui sont levés contre l’ignorance et qui ont fait le pas vers l’autre dans des pays qui, parfois, étaient en guerre, comme le Liban, la Bosnie, l’Indonésie, ou des pays qui ont connu la paix, comme le Sénégal ou les Etats-Unis», justifie Pierre Pirard, qui livre un film qui redonne de l’espoir en l’être humain, en ses capacités de pardon, de résilience, d’écoute, d’altruisme et de bienveillance.
Nous tous est un documentaire de 90 minutes, qui se poursuit par un enchainement de témoignages poignants. Sans alerter de manière trop agressive, le réalisateur parvient à construire un récit et une méthodologie de l’acceptation de l’autre en quatre axes qui forment l’armature de Nous tous : «Dépasser la victimisation, rendre la dignité, apprendre de l’autre et enseigner l’autre.» Et la solution «viendra des gens et de leur capacité à écouter l’autre», estime Pierre Pirard. Les propos de chacun sont assez forts pour vivre eux-mêmes devant le caméra. Cet optimisme, renforcé de temps à autre par une piste musicale parfois empathique et des intertitres à la typographie enfantine, se ressent bien sûr avec le silence de du public. Amiin Maalouf, théoricien de la tolérance et du vivre-ensemble, occupe, avec sa pensée, une grande part du récit.

Documentaire positif
Centré sur les exemples de sortie d’un conflit communautaire, le documentaire se termine par une visite du réalisateur à Palmarin, ce village du Sénégal où chrétiens et musulmans vivent en harmonie, se marient et prospèrent tous ensemble dans le respect des croyances de chacun. Nous tous, documentaire positif selon son producteur qui espère combattre l’intolérance. «Malgré toutes les nouvelles qu’on entend dans les télévisions et qui sont souvent négatives, je crois qu’il y a un monde d’espoir dont on ne parle pas assez. Et je pense que ce film doit apporter aussi une certaine lumière aux gens qui donnent de l’espoir», fait savoir le réalisateur, Pierre Pirard.