Après Dakar et Yamoussoukro, «Essamaye, Bocande la panthère», le documentaire de Macky Madiba Sylla, a été projeté ce samedi à Treichville. Une occasion de replonger dans l’histoire du football sénégalais, fortement marquée par cette génération de Caire 86 dont Bocandé était l’Etoile.

Par Mame Woury THIOUBOU (à Abidjan) – Après Dakar et Yamous­soukro, Essamaye, Bocande la panthère, le documentaire de Macky Madiba Sylla, a été projeté ce samedi à Treichville. Dans ce quartier qui accueille une grosse communauté sénégalaise, l’histoire de la légende du football sénégalais, Jules François Bocandé, a eu une résonnance particulière. Pour la coproductrice du film, Mama Anne, de Mama human developpement project, il est important que nos histoires soient racontées par nous-mêmes. «Moi qui suis issue de la diaspora, je déplore souvent que des films documentaires sur nos icônes soient produits et diffusés par l’Occident. Et pour moi, coproduire ce film, c’était aussi montrer qu’on a ce rôle de raconter nos propres histoires.» Sur le terrain 105 de Treichville, Macky Madiba Sylla a entraîné le public dans l’histoire du football sénégalais. De ses premiers pas à Ziguinchor jusqu’à ses exploits dans le club français de Metz, sa brève aventure au Paris Saint Germain, l’histoire de Bocandé est contée par des images et archives inédites. Notamment cet entretien réalisé par Abdallah Diop, biographe de Bocandé. Cet entretien où Bocandé se raconte lui-même, est l’ossature du film qui s’enrichit d’archives et de témoignages de ses anciens compagnons et coéquipiers. Luc Sonor, Oumar Guèye Sène, Boy Bandit, Roger Mendy, son président au club de Metz, tous racontent le génie de l’homme, son engagement envers son pays et son patriotisme. «Je ne connaissais pas Bocandé. Au Sénégal, on pense que le football a commencé avec les El Hadji Diouf et Fadiga. Mais beaucoup de ces joueurs d’aujourd’hui n’auraient pas accepté de faire les sacrifices que Bocandé a faits pour sa Patrie. C’était un vrai patriote», réagit l’humoriste Mame Balla Mbow à la fin de la projection. «Je voulais rendre hommage à l’idole de ma jeunesse. J’avais 7-8 ans et on était tous fous de Bocandé. C’est le Sadio Mané de notre enfance. Au fil des années, je me suis rendu compte qu’il tombait un peu dans l’oubli», explique le réalisateur. Aujourd’hui, grâce à ce film, le natif de Ziguinchor touche à l’immortalité. Autour d’une discussion filmée par le journaliste Abdou Latif Diop, auteur de l’ouvrage Bocandé, l’éternelle légende, la panthère de Ziguinchor se raconte elle-même tout au long du film.

Mais les écueils n’ont pas manqué. Des footballeurs comme El Hadji Ousseynou Diouf ou Sadio Mané auraient dû figurer dans le film. Mais difficile de les approcher ou tout simplement de les convaincre de l’importance de ce travail de mémoire. Ce que dénonce le réalisateur. «Quand on est sénégalais et qu’on travaille sur le patrimoine, c’est quasiment impossible de faire appel à nos stars.» Tout aussi difficile d’intéresser les télévisions sénégalaises. «C’est Canal qui a acheté le film pour le distribuer dans 53 pays», note M. Sylla.

La longue marche du football sénégalais, c’est aussi l’histoire de cette génération de Caire 86. «A travers ce film, j’ai aussi voulu parler de l’histoire du football sénégalais et rendre hommage à cette génération de Caire 86, des Thierno Youm, Pape Fall, Cheikh Seck, feu Mamadou Teuw. Même s’ils n’ont pas gagné la Can, ils ont sorti le football sénégalais des ténèbres. On était restés 9 éditions sans aller à la Can.» Dans cette volonté de faire connaître la Panthère de Ziguinchor, Macky Madiba Sylla annonce l’organisation prochaine de journées d’hommage par le fils de Bocandé. Pendant deux jours, des activités de solidarité et de vulgarisation sont prévues. «Eric, le fils de Bocandé, a mis en place une association. Et on on voudrait organiser les 48h d’hommage à Essamay, avec des remises de dons aux écoles, à l’hôpital, un tournoi de foot, une projection au Stade de Nema qui porte le nom de Bocandé, et peut être une exposition-photos. Que la figure de Bocandé revive et qu’on sache qu’on a quand même eu de grands hommes dans ce pays», souligne Macky Madiba Sylla. En outre, des projections se poursuivront au Sénégal dans les fan-zones. Une façon d’amener le film jusque chez les populations. «C’est ma première coproduction. J’ai trouvé que ce film permettait de mettre à l’honneur nos icônes sénégalaises et le réalisateur Macky Madiba Sylla est très engagé dans la promotion de notre patrimoine. Il est important que le narratif se fasse par des Sénégalais», constate Mama Anne.
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