L’Institut culturel italien de Dakar a été le théâtre d’une célébration émouvante dédiée à Giorgio Lolli, un homme dont l’empreinte révolutionnaire dans le domaine de la radiodiffusion en Afrique continue d’inspirer et de marquer les esprits. Militant du Parti communiste, passionné de techniques radiophoniques et audiovisuelles, Giorgio Lolli, originaire de Bologne en Italie, a consacré plus de 40 ans de sa vie à parcourir l’Afrique, installant plus de 500 radios Fm privées dans des communautés, notamment au Sénégal, au Mali, au Togo, au Mozambique, au Benin et en Erythrée, selon les témoignages des réalisateurs italiens Federico Bacci et Francesco Eppesteingher, auteurs et réalisateurs du film documentaire sur Giorgio Lolli. Son objectif ? Offrir une voix aux voix étouffées, permettant ainsi à ces communautés de s’exprimer et de partager leurs préoccupations et leurs histoires avec le monde. La projection de ce documentaire en cours de réalisation, présenté par l’équipe du Cinéma materiali sonori et réalisé par Federico Bacci et Francesco Eppesteingher, tous originaires d’Italie, a été l’occasion pour l’Institut culturel italien de Dakar de rendre hommage à Giorgio Lolli, décédé en avril 2023, mais dont l’héritage continue de rayonner à travers ses réalisations et sa vision altruiste. Cette année, alors que l’Italie célèbre les 150 ans de la naissance de Marconi, l’inventeur de la radio, pour Serena Cinquegrana, directrice de l’institut, il était également important de se focaliser sur l’importance de la radio en Afrique, en particulier pour les communautés souvent marginalisées. Par ailleurs, lors de cette projection accompagnée d’un panel en mode visio suivi d’échanges, Abdou Latif Coulibaly, maire de Sokone et ancien ministre, a partagé des souvenirs personnels de sa rencontre avec Lolli en 1992, décrivant un homme passionné, engagé et résolu à utiliser la radio comme un outil de changement social et de mobilisation communautaire. «Je veux rendre hommage à un ami, un frère que j’ai connu par le pur hasard. Lolli, je l’ai vu pour la première fois en novembre 1992. Nous étions à l’époque dans une période assez trouble dans le cadre de la lutte que menaient les journalistes sénégalais en vue d’obtenir une  fréquence pour pouvoir émettre dans une radio commerciale libre», a-t-il expliqué. Pour le maire de Sokone, Lolli n’était pas seulement un technicien de la radio, mais il était également un militant de «Gauche dont les convictions ont profondément influencé ses actions en faveur de la liberté et de l’autonomie des médias en Afrique». Toujours pour Latif Coulibaly, Giorgio a été un professeur, un éducateur en Afrique et il a fait de la radio pour aider à faire comprendre les enjeux du développement, de l’environnement et de la politique. «Lolli a participé fondamentalement, mieux que tout autre citoyen de quelque pays qu’il soit, à aider l’Afrique à mettre en place un Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (Nomic). Giorgio a été le prophète de la radio en Afrique. Et il prêché, il a convaincu et il a surtout aidé», a souligné Abdou Latif Coulibaly.
Par Ousmane SOW