Maky Madiba Sylla, cinéaste et réalisateur du film-documentaire «Essamay : Bocandé, la panthère». Un film en hommage posthume à Jules François Bocandé, décédé depuis quelques années. Revenant sur le parcours qu’il lui a fallu pour concrétiser ce film, le cinéaste a eu la satisfaction de voir son œuvre projetée à l’Institut français, avant sa diffusion en Côte d’Ivoire durant la Can de football. Par Amadou MBODJI –

Le film-documentaire, Essa­may : Bocandé, la panthère, a été projeté en avant-première mondiale jeudi dernier à l’Institut français de Dakar. Réalisé par Maky Madiba Sylla  et produit par Linkering productions, Canal+ Interna­tional et Mama Human Project, et en partenariat avec le Fopica, le film fait revivre la légende du football sénégalais, Jules François Bocandé. «Ça a été quatre longues années, je ne dirais pas de souffrance, mais de tracasseries. Arriver à monter un film a été très compliqué. J’ai l’habitude de dire qu’en Afrique, chaque film est un miracle», déclare Maky Madiba Sylla à la conférence de presse d’avant la projection. Avant d’arriver à présenter ce film, le réalisateur assure avoir dû surmonter beaucoup de contraintes pour rendre un hommage à celui qui est son idole, Jules François Bocandé. Parmi ces difficultés, l’accès aux archives.

Le cinéaste explique ainsi avoir cherché en vain une photo de Jules François Bocandé enfant. Devenu footballeur professionnel à un moment où être footballeur était assimilé à être «un voyou» et contre la volonté de sa mère, Jules François Bocandé a contribué à faire changer les mentalités. Joueur du Fc Metz, meilleur buteur du championnat français en 1986, Bocandé a pu faire comprendre que le football était une profession aussi valorisante que les autres métiers.

Le  film documentaire Essa­may, adapté du livre du journaliste Abdoulatif Diop, Bocandé, l’éternelle légende, revisite également la vie et la carrière exceptionnelles de Jules François Bertrand Bocandé. «Je me suis inspiré du livre. La première fois qu’on a filmé Jules François Bocandé, c’était en 1981 en Belgique. Donc j’ai pu avoir ces images. Ce que je voulais c’est travailler à partir des archives. Mon travail a été d’abord de réunir les archives. J’ai passé beaucoup de temps dans la famille de Bocandé à chercher des archives», a fait savoir le réalisateur. «Le film retrace tout ce que l’international sénégalais a pu accomplir en tant que joueur, mais aussi en tant qu’être humain», souligne le cinéaste. «C’est un hommage à Jules Bocandé, mais aussi un hommage à la génération qu’on appelle de Caire 86. C’est toute cette équipe, les Amadou Diop Boy Bandit, les Roger Mendy, Pape Fall, Thierno Youm, Oumar Guèye Séne, Cheikh Seck, je ne peux tous les nommer. Toute cette génération qui a sorti le football sénégalais entre guillemets des ténèbres. Parce que le Sénégal est resté 9 éditions, soit 18 ans, sans se qualifier à la Can et c’est cette génération de joueurs qui vient, qui propulse le Sénégal dans une phase finale de Can et j’avais envie de raconter leur histoire, et puis ce sont eux qui racontent Bocandé», explique Maky Madiba Sylla.

C’est le troisième film-documentaire de Maky Madiba Sylla qui raconte l’histoire d’une légende, après un film sur Labah Socé et un autre sur Amath Dansokho. «Ce pays regorge de grandes figures, qu’elles soient culturelles, politiques ou sportives. On a de grands hommes ici et de grandes dames aussi qui ont accompli énormément, mais qui malheureusement sont tombés dans l’oubli. Moi je n’ai pas envie qu’on oublie Bo­candé, tout comme Labah Socé», a insisté le cinéaste en parlant de l’archivage dans le dispositif qui lui a permis d’arriver à réaliser ce film. Après le Sénégal, le film sera projeté en avant-première africaine aujourd’hui 16 janvier 2024 à  Yamous­soukro, ville qui accueille le groupe du Sénégal au cours l’actuelle Can en Côte d’Ivoire.
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