Il y a 12 ans disparaissait Ousmane Sembene. Outre son immense œuvre cinématographique et littéraire, «L’aîné des anciens», comme on l’appelle, a laissé des projets, mais aussi une maison qui risque aujourd’hui de tomber en ruine. Au premier jour du colloque international qui lui est dédié par l’Association Sembene, le directeur de Cabinet du ministre de la Culture a annoncé que l’Etat était prêt à soutenir la famille du disparu pour faire de «Galle Ceddo» un musée ou un lieu de mémoire.

Ousmane Sembene est mort un 9 juin, il y a 12 ans, laissant une œuvre cinématographique et littéraire immense. Mais sa demeure, Galle Ceddo, qui se trouve à Yoff est aujourd’hui en ruine tout comme les bobines qui y sont conservées risquent d’être perdues. Au premier jour du colloque international organisé par l’Association Sembene Ousmane sur «L’aîné des anciens», comme on l’appelle, le directeur de Cabinet du ministre de la Culture a annoncé la volonté de l’Etat de soutenir la famille du cinéaste pour une éventuelle transformation de Galle Ceddo en lieu de mémoire ou musée comme cela a déjà été fait pour la demeure du premier Président sénégalais Léopold Sedar Senghor. «Le ministère de la Culture et de la communication reste très préoccupé par l’état de délabrement de Galle Ceddo, le domicile de Sembene, et la sauvegarde de tout son patrimoine», a souligné M. Demba Faye. «L’Etat est disposé à soutenir la famille au cas où elle souhaiterait en faire un musée ou un lieu de mémoire», poursuit-il. «Il appartient à la famille de se rapprocher de nous pour voir comment faire en sorte que ce lieu soit préservé. Cela dépend de ce que demandera la famille. Mais l’Etat est disposé à préserver l’œuvre laissée par Sembene Ousmane.» Outre la maison de Sembene à Yoff, sa maison familiale à Ziguinchor connaît également un état de délabrement avancé. Une situation que des acteurs du 7e art ont dénoncée il y a quelques jours, lors d’une cérémonie commémorant la disparition du cinéaste à Thiès. A cette même occasion, l’écrivain Djibril Tamsir Niane avait lancé un appel pour la concrétisation du projet de film sur lequel travaillait Ousmane Sembene. Ce film sur le roi du Wassoulou, Samory Touré, l’Etat du Sénégal est également prêt à œuvrer pour sa réalisation. «Je n’oublie pas son projet de film panafricain, Samory, qui lui tenait beaucoup à cœur et qu’il faut penser à réaliser à titre posthume. J’invite ici tous les bonnes volontés, collectivités locales, mécènes, universitaires, professionnels du cinéma, partenaires financiers nationaux et internationaux à se mobiliser pour réaliser ces projets qui, davantage, vont immortaliser et pérenniser l’œuvre de notre regretté Ousmane Sembene», plaide M. Faye.
Le colloque sur Sembene est le premier du genre organisé par l’association du même nom. Selon son président, le Pr Maguèye Kassé, il célèbre «un homme qui a consacré toute sa vie à un combat pour libérer l’Afrique de l’ignorance, de l’aliénation sous toutes ses formes, de la pauvreté et de la mal-gouvernance». Aussi bien par la littérature que par le cinéma, Sembene a œuvré pour l’éducation des masses et leur prise de conscience. «L’art ne peut être isolé de l’engagement de son auteur». Cette citation de Sembene rapportée par le Pr Kassé illustre le niveau d’engagement du cinéaste qui, avec son œuvre, invite les Africains à réfléchir sur l’avenir du continent, explique ce dernier.
Composée d’universitaires, de chercheurs, de doctorants, d’artistes plasticiens, de réalisateurs et de critiques, l’Association Sembene organise pour la première fois ce colloque auquel participent des chercheurs venus de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Canada, des Etats-Unis, d’Allemagne, d’Espagne, de France, d’Italie et du Sénégal.
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