L’avenir de la production agricole dans la région naturelle de la Casamance hante le sommeil des producteurs de la partie sud du pays, qui ont sonné la grande mobilisation, lors d’une journée de presse sur le partenariat Projet pôle de développement de la Casamance (Ppdc) et Organisations paysannes partenaires de la Casamance naturelle, organisée la semaine dernière à Kabiline, commune de Djignaky. Une rencontre mise à profit pour demander tout bonnement aux autorités étatiques la concrétisation de la phase 2 du Ppdc dont la phase test vient d’être clôturée. D’une durée de 5 ans, ce projet a été lancé en 2014 par le Président Macky Sall.
Les producteurs agricoles de la région naturelle de la Casamance plaident pour le lancement de la phase 2 du Projet pôle de développement de la Casamance (Ppdc). «Nous attendons le lancement de la phase 2 du projet qui est très important pour nous, car si nous avons des femmes entrepreneures dans la région, c’est grâce au Ppdc. Et nous ne voulons plus que les femmes tendent la main», argue Sadio Thioune Seydi, présidente régionale des Groupements de promotion féminine (Gpf) de Ziguinchor.
Les Gpf ont travaillé avec le Ppdc sur le volet ostréicole. «L’ostréiculture est une filière porteuse et très organisée dans la région de Ziguinchor. Et l’accompagnement du Ppdc avec la mise en place d’un point focal a permis de renforcer cette organisation des Gpf», a-t-elle souligné. Des Gpf qui, à la faveur d’un échange d’expériences avec leurs sœurs de la région de Fatick dans le cadre d’un voyage d’étude, ont aujourd’hui accès au centre de Dakar où leurs produits sont acheminés. «Toutes les femmes ont bénéficié de formation sur les bonnes pratiques en matière d’ostréiculture. Et nous privilégions l’ostréiculture des blocs pour permettre la sauvegarde de la mangrove», déclare Sadio Thioune Seydi, l’actrice de développement pour qui ces blocs rapportent énormément aux femmes en termes de rente financière. «Beaucoup d’entre elles sont autonomes financièrement. Des chefs d’entreprise qui contribuent à lutter contre la pauvreté, et nous remercions pour cela le Ppdc», s’est-t-elle réjouie.
Mme Seydi s’exprimait lors de la journée de presse sur le partenariat Ppdc et Organisations paysannes partenaires de la Casamance naturelle, organisée la semaine dernière à Kabiline, dans la commune de Djignaky.
Dans le cadre de la phase test, le Ppdc avait pour objectif de «redynamiser l’économie locale par la revitalisation de l’agriculture, en particulier de la riziculture, renforcer les pistes de production rurale et consolider la paix par l’appui à la réinsertion socio-économique des ex-combattants et à la promotion de l’emploi, surtout celui des jeunes».
Financée pour un montant de 23 milliards de francs Cfa (3 milliards du Sénégal et 20 milliards de la Banque mondiale), la première phase du Ppdc a démarré en mars 2014 jusqu’au 30 juin 2019. Après 5 ans de mise en œuvre, c’est plus de 1 000 emplois directs créés, près de 90 mille ha de rizière réhabilités, aménagés ou mis en valeur, la quasi-totalité des 113 communes de la Casamance touchées. C’est dire que le Projet pôle de développement de la Casamance a produit des résultats significatifs sur le terrain et amélioré substantiellement le quotidien de la population. C’est d’ailleurs pour attester de l’impact du projet sur les populations et les réalisations durant ces 5 dernières années en Casamance que les producteurs, partenaires et signataires de convention avec le Ppdc ont initié le mercredi dernier, sous l’égide du Cadre régional de concertation des ruraux (Crcr), une journée de presse sur le partenariat Ppdc et les Organisations paysannes de la Casamance naturelle. Une forme de reconnaissance profonde de tous ces acteurs de développement de la Casamance à l’endroit du Ppdc ; et ce, par rapport aux différentes activités appuyées par celui-ci pour le développement économique et social de la région de 2014 à 2020. Des activités qui ont trait, entre autres, à la valorisation des vallées pour une riziculture abondante, aux infrastructures (pistes de production, magasins de stockage, etc.), au maraîchage (équipement de blocs maraîchers), aux fermes horticoles à l’image de celles réalisées par l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida) pour la population jeune, à l’équipement agricole.
Partenariat Ppdc-Organisations paysannes magnifié
Pour Malamine Sané, représentant du président du Cadre régional de concertation des ruraux, antenne régionale de Ziguinchor, cet appui concerne aussi le renforcement de la production de semences de riz, l’aménagement des vallées, la formation des producteurs sur les bonnes pratiques agricoles, etc. «Et avec le Ppdc, nous avons réussi à mobiliser aujourd’hui un fonds intrant de plus de 150 millions de francs Cfa, fruit du travail de partenariat entre cet organisme et les producteurs», martèle M. Sané.
Dans la vallée de Kabiline, d’énormes efforts ont été également consentis grâce à ce partenariat pour booster la production de semences de riz. D’après M. Sané, une bonne partie des semences de riz distribuées au niveau de la région de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda est produite au niveau de cette vallée ; et ce, grâce au partenariat Entente de Diouloulou-Ppdc et Ppdc-Crcr, en plus de la mécanisation de l’agriculture au niveau de la région qui est devenue également une réalité.
«Le Ppdc nous a été utile dans la mesure où il a participé dans certaines zones de la région au désenclavement avec des pistes de production (Nord Sindian) et a accompagné les femmes dans l’ostréiculture qui est une des activités phare pour les Gpf», renchérit Arona Diédhiou, membre du Crcr et président de l’antenne de Diouloulou. Pour ce dernier, un tel partenariat a d’ailleurs permis la mise en relation entre les Organisations paysannes et les institutions financières. «Cela nous a permis d’avoir un fonds de garantie à même de nous permettre de lever des fonds pour l’accompagnement des producteurs dans le cadre des campagnes agricoles et la commercialisation des produits», a-t-il indiqué.
Autant d’acquis qui ont poussé tous les producteurs de la Casamance à remercier d’abord le chef de l’Etat pour sa vision. Avant de regretter ensuite très vivement la fin de la première phase du projet. Des producteurs qui, pour maintenir ces acquis, ont ainsi demandé aux autorités étatiques la matérialisation de la phase 2 du Ppdc en vue de booster davantage la production rizicole, d’accompagner les producteurs dans tout ce qui est mécanisation, stockage-production et renforcement de capacités des producteurs.