A l’occasion d’un forum organisé à la mairie de Wakhinane Nimzatt ce lundi, qui a regroupé plusieurs sommités intellectuelles sénégalaises et canadiennes, il a été mis l’accent sur l’entrepreneuriat féminin et le travail décent des jeunes femmes de Guédiawaye et de Ouagadougou.

Il s’est tenu ce 16 mai 22 à la mairie de Wakhinane Nimzatt, une rencontre sur l’entrepreneuriat féminin et le travail décent dans le cadre du projet Autonomisation des jeunes femmes de Ouagadougou et de Guédiawaye. L’objectif de ce projet est de permettre l’autonomisation sociale et économique des jeunes femmes au Burkina Faso et au Sénégal par l’accroissement de leur con­fiance «en leur potentiel entrepreneurial» et l’engagement de leur communauté́ pour l’entrepreneuriat féminin et le travail décent des jeunes femmes. Ces activités vont permettre d’une part d’accroître les capacités des jeunes femmes à mener des projets d’entrepreneuriat social en étant accompagnées par des intervenants (es) formés (es), les connaissances des jeunes femmes relatives à̀ leurs droits à la santé et à l’éducation ; l’accès des jeunes femmes à des services psychosociaux ; à des opportunités de démarrage et de croissance d’initiatives en­tre­preneuriales.
D’autre part, les interventions conscientisent la population, les autorités coutumières, de même que les autorités administratives et le milieu de l’emploi en vue de prendre des mesures concrètes favorisant la libre participation des jeunes femmes à la vie active. En somme, ce projet renforce les capacités des jeunes femmes en entrepreneuriat et contribue à réduire les freins socioculturels à leur participation à la vie active selon une approche participative et inclusive permettant l’autodétermination locale des solutions aux défis entourant l’autonomisation des jeunes femmes.
Celles-ci seront elles-mêmes appelées à développer des initiatives innovantes afin de répondre à des besoins de leur communauté́. Le projet se déroule à Ouagadougou au Burkina Faso et à Guédiawaye au Sénégal, deux pays faisant face à des problématiques d’insertion professionnelle chez les jeunes, particulièrement chez les jeunes femmes. Il concentre ses interventions dans les milieux scolaires et communautaires. Au Sénégal, c’est l’Association nationale pour la prévention et le développement (Anpd) qui est en charge du projet, et les actions sont mises en œuvre au niveau des quartiers dans les cinq communes du département de Guédiawaye : Sam Notaire, Golf Sud, Ndia­rème Limamou Laye, Wakhi­nane Nimzatt et Médina Gou­nass. L’Anpd travaille de concert avec les autorités sanitaires du département ainsi qu’avec des centres de formation. Au Burkina Faso, c’est l’Association d’appui et d’éveil Pugsada (Adep) qui met en œuvre le projet et ce, dans les cinq établissements secondaires et dans deux centres de formation professionnelle.
Par rapport à la recherche, les premiers résultats ont permis de constater que le projet était bien reçu par les participants (es). Les jeunes filles interrogées au début de celui-ci ont déclaré lors d’entretiens individuels et de groupe que le projet Autonomisation les a aidées à prendre confiance en leurs capacités et leur a permis d’acquérir ou de développer des compétences personnelles et entrepreneuriales qu’elles ont pu mettre à profit dans différentes sphères de leur vie. Elles ont également pris conscience des différents enjeux reliés aux réalités féminines. En plus de cela, les jeunes femmes nomment plusieurs motivations à participer au projet : avoir une plus grande autonomie financière ; ne pas rester à la maison à ne rien faire ; pouvoir aider la famille ou encore contribuer à la gestion du ménage. Tout en reconnaissant l’importance de l’entrepreneuriat féminin pour l’épanouissement de la femme, le bien-être familial et le développement de la communauté, les enquêtées ont soulevé les nombreux défis qu’elles doivent relever dans la conciliation de leurs activités entrepreneuriales et de leur vie familiale. Principalement de nature socioculturelles (pression de la famille, absence de soutien de la communauté, rôles traditionnels de la femme dans la société africaine), ces contraintes sont également d’ordre économique (accès aux financements) et informationnelles (accès à l’information). Pour relever ces défis, les jeunes filles rappellent l’importance du soutien familial, moral et financier. Un tel accompagnement soulagerait les femmes du poids de la responsabilité de devoir faire des concessions ou des choix en fonction des besoins du mari, des parents ou de la belle-famille. Enfin, il ressort de ces résultats préliminaires, que plusieurs changements s’opèrent au sein des sociétés sénégalaises et burkinabè où se déroule le projet. Ainsi, la valorisation du travail féminin aux yeux des hommes et la place du mariage qui n’est plus systématiquement privilégié par les jeunes filles sont présentées comme faisant partie des changements importants qu’elles constatent dans les discours.
Tout en reconnaissant la pertinence des activités réalisées dans le cadre du projet, Pr Khadiyatoulah Fall a souligné l’importance de soutenir le développement de tels partenariats entre les acteurs de la communauté et ceux de la recherche. Selon lui, ce type de coopération sur le terrain, alliant les forces et les expertises des partenaires communautaires et universitaires, doit faire la différence dans le renforcement mutuel des compétences, favorisant ainsi un véritable dialogue interculturel. Pr Fall croit que la volonté du Csi-Slsj et de l’Uqac de développer des partenariats de recherche avec des maisons d’enseignement supérieur au Sénégal et au Burkina Faso pour la réalisation de la phase 2 de cette recherche est particulièrement porteuse d’espoir. Il s’est engagé avec enthousiasme à faire le pont entre l’Uqac et des établissements sénégalais. Dans la même veine, rencontrée par l’intermédiaire de l’Adep, la présence de Dre Valérie Rouamba Ouédraogo de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou lors de ce forum augure bien du partenariat que l’Uqac souhaite mettre en place au Burkina Faso.
Le projet Autonomisation des jeunes femmes de Ouaga­dougou et de Guédiawaye est financé par Affaires mondiales Canada (Amc) et mis en œuvre conjointement par le Centre de solidarité internationale du Saguenay-Lac-Jean (Csi-Slsj), l’Association nationale pour la prévention et le développement (Anpd) et l’Association d’appui et d’éveil Pugsada (Adep). Sous la présidence de M. Abdoulaye Fall, représentant du maire de la commune, et en présence du Pr Khadiyatoulah Fall, professeur d’université émérite, cette rencontre rassemblant des partenaires sénégalais, burkinabè et canadiens a permis aux membres de la Table de concertation des acteurs de l’écosystème entrepreneurial de Gué­diawaye, mise en place par l’Anpd, de prendre connaissance des derniers développements du projet ainsi que des premiers résultats de la recherche qui en découlent. Menée par le professeur Dominic Bi­zot, responsable des programmes de formation en travail social à l’université du Québec à Chicoutimi et ses collègues de l’Uqac Salmata Ouédraogo, économiste burkinabè et Marie Fall, géographe sénégalaise, cette recherche a pour objet d’évaluer les attitudes, normes et croyances entourant l’entrepreneuriat féminin et le travail décent des jeunes femmes au début et à la fin du projet, afin de systématiser des expériences et de tirer des leçons pour la pratique.