L’introduction des langues nationales, enjeux et défis. La question est au centre d’un colloque international ouvert à Dakar ce mardi. La rencontre réunit des décideurs, experts et acteurs de l’éducation. Les travaux ont été présidés par le ministre de l’Education nationale.Par Badé SECK – 

Comment intégrer les langues nationales dans les systèmes éducatifs et faire de la diversité linguistique un levier d’inclusion, d’apprentissage et de réussite scolaire. La question a réuni décideurs, experts et acteurs de l’éducation à Dakar. Objectif, promouvoir et valoriser les langues maternelles.
Organisé par l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (Ifef), organe spécialisé de l’Organisation internationale de la Franco-phonie (Oif), en partenariat avec le Bureau de l’éducation de l’Unesco (Unesco-Bie), l’Université de Genève (Uinge) et l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), avec l’appui du ministère de l’Education nationale du Sénégal, ce colloque s’inscrit dans la continuité des actions menées pour promouvoir un enseignement bi-plurilingue de qualité, en phase avec les contextes locaux et les besoins des apprenants.
Le programme s’articulera autour de conférences plénières, de tables rondes, d’ateliers thématiques et de partages d’expérience, mettant en lumière des initiatives concrètes menées dans plusieurs pays francophones, notamment dans le cadre du programme Ecole et langues nationales en Afrique (Elan) de l’Oif-Ifef, soutenu par l’Agence française de développement (Afd).
Dans sa déclaration préliminaire, Mona Laroussi, directrice de l’Ifef, a indiqué que dans un contexte mondial où les inégalités scolaires persistent, le colloque incarne une volonté partagée : reconnaître les langues premières des élèves non plus comme un obstacle, mais comme une ressource pour une éducation inclusive et de qualité. Il s’inscrit pleinement dans les engagements des Etats pour atteindre l’Objectif de développement durable 4 (Odd 4).
«Quand vous apprenez que 8 enfants sur 10 apprennent dans une langue qu’ils ne maîtrisent pas, ça fait mal au cœur et, malheureusement, cela se passe dans des pays d’Afrique francophone», a-t-elle regretté.
Selon elle, le multilinguisme à l’école n’est pas seulement une question de communication, mais plutôt un choix pédagogique et scientifique qui favorise l’inclusion, l’équité et la qualité de l’éducation. Mme Laroussi a, par la même occasion, appelé à une conjugaison des efforts derrière cette réforme pour que les enfants s’épanouissent en apprenant dans leurs langues maternelles.
Venu présider la cérémonie d’ouverture, le ministre de l’Education a rappelé le rôle fondamental des langues maternelles dans l’acquisition des savoirs.
Pour Moustapha Mamba Guirassy, il est avéré que lorsqu’un enfant apprend dans sa propre langue, il est beaucoup plus performant.
C’est la raison pour laquelle tous les Etats ont l’obligation de généraliser l’introduction des langues maternelles dans les curricula. A l’heure du développement fulgurant des technologies de l’information et de la communication, les pays membres de la Francophonie sont invités à une révision profonde des systèmes éducatifs.
«Pour une bonne généralisation des langues, il nous faut un changement de logiciel, de comportement, et que l’environnement de l’enfant soit lettré.
Nous devons repenser nos systèmes. Les réseaux sociaux et l’Intelligence artificielle sont avec nous, il nous faut incontestablement passer à une réforme tenant en compte des réalités de l’heure.»
Durant trois jours, les participants échangeront autour d’enjeux liés au passage à l’échelle de la généralisation de l’introduction des langues maternelles à l’école, comment converger vers des standards communs, en discutant planification, coût et modalités nécessaires à une généralisation durable de l’enseignement bi-plurilingue, et élaborer des recommandations à l’attention de l’ensemble des parties prenantes.
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