Le Sénégal a une population essentiellement jeune. Plus de 75% de la population totale ont moins de 35 ans. Cela pose avec acuité le problème de l’emploi. Pour trouver des solutions, l’Etat a mis en place des structures et initié des projets et programmes pour les jeunes et les femmes (Anpej, Der, Pole emploi, Xëyu ndaw ñi, etc.).

L’entrepreneuriat occupe une place importante dans la politique de lutte contre le chômage des jeunes et des femmes. Des financements leur sont octroyés pour leur permettre de démarrer une activité entrepreneuriale. Les textes réglementaires instituant ces structures, projets et programmes visent comme cibles les jeunes de moins de 40 ans et les femmes. Les entrepreneurs hommes âgés de plus de 40 ans sont exclus des financements, puisqu’une femme est une femme, qu’elle soit jeune ou pas. Et pourtant, les entrepreneurs hommes dépassant 40 ans ont, en général, plus d’expérience et parfois des fonds propres à mettre dans leur projet. Certains ont déjà des activités qui nécessitent un appui financier pour les développer.

Les statistiques révèlent que bon an, mal an, plus de 200 000 jeunes arrivent sur le marché du travail. Il est évident qu’on ne peut pas faire de 200 000 postulants à un emploi, 200 000 auto-entrepreneurs. Une bonne partie de ces jeunes demandeurs d’emplois ne peuvent devenir entrepreneurs et il leur faut trouver du travail.

C’est pourquoi il est aujourd’hui impératif, dans la recherche de solution à cet épineux problème du chômage des jeunes, de revoir les cibles des structures, projets et programmes publics, afin d’allier promotion de l’entrepreneuriat et promotion de l’emploi salarié. Comment ? i) maintenir les deux cibles actuels : jeunes de moins de 40 ans, femmes, ii) ajouter une troisième cible : «tout porteur d’initiative économique tendant à la création d’emplois pour les jeunes et les femmes».

Ainsi, celui qui a 50 ans ou même 60 ans, qui a un projet de création ou de développement d’une entreprise, pourra être financé à condition qu’il s’engage à recruter des jeunes et/ou des femmes. Ce recrutement devra être encadré, pour éviter des détournements d’objectifs. On pourra, par ce biais, multiplier les chances des jeunes et femmes, sans perspectives entrepreneuriales, de trouver un emploi salarié. L’Etat, les partenaires, qui initient des programmes pour les jeunes et les femmes, doivent formaliser cette troisième cible, au bénéfice de toute la communauté.
Alassane LO
Consultant