Propagation de la maladie : Peur sur la banlieue

La banlieue est prise en otage par le virus. Inquiètes, les populations alertent les autorités pour l’accélération de la distribution de l’aide alimentaire et le renforcement des mesures de prévention.
La peur étreint la banlieue dakaroise où les cas positifs du coronavirus se multiplient dans plusieurs quartiers. L’inquiétude est dans tous les foyers. Pikine, Guédiawaye, Parcelles Assainies, Golf-Sud, Wakhinane Nimzatt, Ndiarème Limamou Laye, Yeumbeul-Sud et Keur Massar, toutes ces localités surpeuplées ont contracté le virus. Et la dernière commune qui vient d’enregistrer des malades est celle de Yeumbeul-Sud où 13 cas ont été confirmés au quartier Mactar Khaly Fall. Sur place, après l’évacuation des cas suspects, le quartier est devenu calme après des heures d’anxiété : «Nous avons peur, la situation est grave. Malheureusement, nous n’avons pas le soutien des autorités locales. Il y a aucune sensibilisation, comme dans les autres localités. La priorité ici est d’avoir des masques pour se protéger. Mais nous sommes laissés à nous-mêmes. Et comme vous l’avez constaté, tout le monde a peur. Nous avons un maire que, depuis que les cas ont été notés ici, nous n’avons pas vu. Raison pour laquelle nous demandons au chef de l’Etat d’envoyer d’urgence des agents pour nous venir en aide. Aujourd’hui, Yeumbeul est contaminée. La banlieue n’est pas épargnée», soutient Oumar Ndiaye, habitant de la localité.
A Guédiawaye, plus précisément dans la commune de Wakhinane Nimzatt où il y a une forte concentration de personnes, des cas communautaires ont été enregistrés. Aujourd’hui avec la contamination de Yeumbeul-Sud, un quartier voisin, la population est transie de peur. «La sensibilisation reste défaillante dans la commune. On ne voit pas les agents de la mairie. C’est vrai que le maire Racine Talla a doté les postes de santé de produits détergents. Comme vous le constatez, vous avez vu des personnes ne portant pas de masques. Aujourd’hui, le rôle des maires est que si une pareille situation s’impose, le mieux c’est de descendre sur le terrain et de sensibiliser les populations. Malheureusement, c’est le contraire. On ne voit personne. Peut-être, ils attendent les moyens de l’Etat», soutient Gorgui Dieng, habitant de la localité de Baye Laye.
Il y a moins d’un mois à Pikine, vers le marché Savanel, un cas avait été annoncé avant qu’une famille entière ne soit mise en quarantaine. Depuis, c’est la psychose et une inquiétude grandissante. Mme Awa Thiam ne cache son anxiété devant cette situation : «Si aujourd’hui la banlieue est arrivée à ce stade, tout le monde doit se préparer parce que l’ennemie comme on le décrit est dans nos murs. Et pour que cette maladie ne se propage pas, les denrées que le chef de l’Etat a octroyées aux populations doivent être le plus rapidement distribuées dans les foyers, pour ensuite procéder à un confinement total. Aujourd’hui malgré la situation et le danger qui sévit ici à Pikine, les gens ne sont pas conscients de ce qui se passe. Vous vous rendrez compte de la foule qu’il y a à Bountou Pikine tous les matins sans porter de masques. Ils se bousculent pour prendre les cars et bus. Un danger permanant de même qu’à la station de Yeumbeul Marine où nous avons entendu des cas communautaires.» Une situation de peur que vivent présentement les communes de Keur Massar où le préfet, par un arrêté, a mis fin à l’activité commerciale du rond-point de cette localité où des cas ont été enregistrés. A Golf-Sud comme aux Parcelles Assainies, c’est toujours la psychose du virus.