Protection de la pêche artisanale : Le Ghana, un exemple à suivre

La Plateforme des acteurs de la pêche artisanale du Sénégal (Papas) a réagi à travers un communiqué parvenu à la rédaction du Quotidien sur l’extension de la Zone d’exclusion côtière (Zec) du Ghana. «Cette zone est désormais portée de 6 à 12 miles nautiques, elle couvre la totalité des eaux territoriales ghanéennes, marquant une étape significative dans la préservation des ressources marines et le soutien aux pêcheurs artisanaux face aux dommages irréparables de la pêche industrielle», précise le communiqué. Pour la Papas, cette décision ghanéenne constitue un signal fort et un exemple à suivre de toute urgence pour le Sénégal. Selon les informations parvenues à la Papas, cette mesure vise explicitement à «protéger les écosystèmes marins fragiles, soutenir les pêcheurs artisanaux et garantir la sécurité alimentaire des communautés côtières».
C’est cette démarche proactive que la Papas tient à saluer publiquement. Cet acte démontre une volonté politique concrète de protéger un secteur vital et des écosystèmes sous pression.
Forte de cet exemple ghanéen, la Papas lance un appel pressant au gouvernement du Sénégal. Considérant que «la protection de la zone côtière du Sénégal est plus que nécessaire pour une pêche durable compte tenu de sa fragilité et de la surpêche dont il fait l’objet», la plateforme exhorte aussi les autorités sénégalaises «à suivre sans plus tarder l’exemple du Ghana, en repoussant les navires de pêche industrielle opérant au Sénégal au-delà des 12 miles marins».
D’ailleurs, la Papas rappelle une promesse électorale clé. «Lors de la campagne présidentielle, les autorités actuelles s’étaient engagées devant les acteurs de la pêche artisanale à repousser les navires de pêche industrielle au-delà des 12 miles, dès leur accession au pouvoir. Mais depuis, rien de concret, que des promesses !», déplorent ces acteurs. L’organisation ne mâche pas ses mots, elle exhorte le gouvernement sénégalais à passer de la parole aux actes. «Le Ghana l’a fait, pourquoi pas nous ?» Un questionnement qui souligne le besoin urgent d’une volonté politique claire pour protéger les pêcheurs artisanaux et préserver les ressources et les habitats critiques de la zone côtière sénégalaise. La Papas insiste sur les implications profondes de ces mesures pour la souveraineté alimentaire nationale. «Les pêcheurs artisanaux, ainsi que les communautés côtières, doivent être protégés et leurs moyens de travail renforcés, afin de leur permettre de continuer à fournir du poisson aux populations, contribuant ainsi à la souveraineté alimentaire nationale tant prônée par les hautes autorités.» Tout en saluant la récente signature par le Sénégal du traité Biodiversity beyond national jurisdiction (Bbnj) à l’Unoc 3 à Nice, marquant un engagement envers la conservation de la biodiversité marine en haute mer, la Papas rappelle que «la préservation de la zone côtière sénégalaise et le renforcement de la transparence des pêches devraient être une priorité de l’agenda du Sénégal, car étant une question de survie pour la pêche artisanale et les communautés côtières». En conséquence, la Papas adresse une demande claire au ministre des Pêches. L’organisation lui demande, «conformément à ses prérogatives, de prendre des mesures concrètes pour une meilleure gestion des pêcheries sénégalaises, notamment la protection de la zone côtière contre la surpêche industrielle et une plus grande transparence dans la gestion du secteur de la pêche adossée à la norme internationale de la Fisheries transparency initiative (Fiti), qui permettrait de mesurer de façon indépendante et objective les progrès du Sénégal».
Par Alioune Badara CISS
Correspondant – abciss@lequotidien.sn