Le danger vient de partout. La directrice adjointe de la Promotion des droits et de la protection des enfants appelle les parents mettre leurs enfants à l’abri des dangers. Mme Djiman Aby Sané commentait la tentative de meurtre avortée de l’enfant Mouhamed Aïdara à Thiès et de l’assassinat d’un autre enfant abandonné dans un bâtiment non achevé. Ces deux dernières actualités montrent la vulnérabilité de cette frange de la société et suscitent l’indignation de Mme Djiman Aby Sané, qui a défendu cette position lors de la clôture du projet «Renforcer la protection des enfants en danger dans la rue dans le contexte de crise sanitaire lié au Covid-19 au Sénégal» organisé par Samu social Sénégal, dirigé par Mme Saka Béatrice. «Les parents sont les premiers responsables de l’enfant. Ce sont eux qui sont dans l’environnement immédiat de l’enfant, insiste Mme Sané. L’Etat a la mission régalienne de protéger toute la population.»
Que fait-on des enfants en rupture de famille ? Où en est-on avec le programme «zéro enfant dans la rue» ? Avec leurs sébiles, les mômes qui mendient sont encore visibles dans la rue. «Au départ, c’était un projet d’urgence mais maintenant c’est un programme», précise Mme Sané, qui surligne l’importance de ce projet. Selon elle, «les opérations se poursuivent». «Et à ce jour, on en est à plus de 12 mille enfants retirés. Ils sont issus des écoles coraniques, en rupture familiale et sont accompagnés de leurs familles», explique Mme Sané. D’où viennent-ils ? «On peut dire que presque 60% à 65% proviennent de Kaffrine. Il y a aussi les enfants étrangers en grand nombre qui nous proviennent de la Guinée Bissau, de la Gambie et de la Guinée Conakry», détaille-t-elle.
En écho, Mme Béatrice Saka, directrice du Samu, est écœurée par les atrocités subies par les enfants. «C’est quelque chose qui devient inquiétant. Maintenant on ne peut pas rester deux semaines sans entendre une histoire regrettable qui arrive à un enfant», dit-elle.
Avec le projet «Renforcer la protection des enfants en danger dans la rue dans le contexte de crise sanitaire lié au Covid-19 au Sénégal», mis œuvre entre juin 2020 et le 31 décembre 2021, qui vient en appoint au programme «zéro enfant dans la rue», et financé par l’Agence française de développement (Afd) avec une enveloppe de 82 millions sur un budget de 131 millions, le Samu social a réussi à renforcer la capacité d’accueil de ses centres : celui de Ouakam est passé de 30 à 60 places et celui du Samu social Sénégal de 30 à 110 places. «Ce qui nous a permis de pouvoir mettre à l’abri plus d’enfants qui étaient retirés de la rue», note Mme Saka. «Au début de la pandémie, nous avons eu beaucoup d’enfants qui venaient d’eux-mêmes dans le centre de Ouakam pour demander leur hébergement», rappelle-t-elle. Sur place, ils «bénéficient d’une prise en charge médicale et sont accompagnés par rapport à la réalisation de leurs projets». «Dans le cadre de ce projet, 1438 enfants ont pu être hébergés dans les deux centres du Samu social sur la période de mise en œuvre. 57 mille 961 mille repas ont été servis. Plus de 20 mille prises en charge individuelles ont été offertes aux enfants», renchérit la patronne du Samu social. Elle révèle que «379 enfants sont retournés en famille».
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn