En marge de l’Examen périodique du Sénégal (Epu), la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits de l’Homme (Coseddh) a fait savoir dans un communiqué qu’elle réclame l’adoption d’une loi qui protège les défenseurs des droits humains dans l’exercice de leurs fonctions.
Une loi protégeant les défenseurs des droits humains. C’est une revendication de la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits de l’Homme (Coseddh), qui l’a formulée à Genève lors du Passage périodique universel (Epu). Rappelant les dispositions de l’article 8,10 et 12 de la Constitution qui garantissent la liberté d’expression et d’association mais aussi les procédures de manifestations, elle déplore que «cette question, qui est généralement préférée à son règlement par voie juridictionnelle, ne permet pas l’émergence d’une jurisprudence sur le contrôle des motifs avancés par l’Administration au soutien de sa décision d’interdire certaines manifestations sur la voie publique». «D’autre part, les Ong rencontrent des obstacles d’ordre administratif pour bien faire leur travail, ce qui constitue un recul sur les acquis du Sénégal en matière de liberté d’association et d’expression.» Devant la tribune des Nations unies, Oumar Diallo, Secrétaire général de la coalition, insiste : «Nous constatons que le gouvernement utilise une stratégie pour restreindre l’espace civique qui inclut l’arrestation arbitraire et détention pendant une courte durée de leaders d’opinion, créant ainsi un climat de peur et d’autocensure. Depuis 2015, quatre leaders d’opinion et activistes des droits humains ont fait l’objet d’arrestation illégale, même s’ils sont libérés par la suite.» A titre illustratif, il cite les convocations des responsables d’Enda tiers monde, d’Oxfam, d’Osiwa par les autorités policières dans le cadre d’une enquête ouverte sur les présumés financiers «irréguliers» de Y’en marre. «Au même moment les responsables de l’Ong Lead Afrique francophone avaient été convoqués au Commissariat central pour un interrogatoire qui a duré cinq heures de temps, avant de leur notifier l’abrogation de l’agrément leur permettant d’exercer leurs activités sur le territoire national. Cependant nous nous réjouissons que le gouvernement ait restitué l’agrément à Lead Afrique francophone en début de semaine du mois de mars 2019», salue néanmoins M. Diallo.
Face à cette situation, une série de recommandations est adressée au gouvernement : la «révision du code de la presse de 2017 afin d’assurer la conformité de la législation sénégalaise avec les meilleures pratiques et normes internationales en matière de liberté d’expression». «Abroger les dispositions restrictives, y compris les articles 78 et 192 et dépénaliser les délits de presse», «s’abstenir de tout acte qui viole les droits des défenseurs des droits humains dans le cadre de l’exercice de leurs missions». Et enfin, «protéger les défenseurs des droits de l’Homme contre les abus par des tiers en raison de leurs activités en faveur des droits et, ce faisant, agir avec la diligence voulue».
Stagiaire