Cheikh Tidiane Coulibaly, Premier président de la Cour suprême, a insisté sur l’importance de l’Etat de droit dans nos sociétés actuelles traversées par tellement de menaces. Pour lui, il doit rassurer «pour apparaître non pas comme le seul protecteur du citoyen, mais comme le meilleur protecteur des droits des citoyens».Par Justin GOMIS

– «L’Etat de droit» : c’est une expression essentielle dans une démocratie, car son respect est un outil de protection des citoyens face à de nombreux périls. Pour la deuxième année consécutive, la Cour suprême organise une session spéciale de formation dans ce sens sur «Justice et Etat de droit» en collaboration avec la fondation René Cassin, la fondation Friedrich Neumann et avec l’appui de la Coopération française et la Délégation de l’Union européenne. Que dire ? «L’Etat de droit est attaché à l’idéal de Justice et fait corps avec lui dans toute société démocratique», explique clairement Cheikh Tidiane Coulibaly, Premier président de la Cour suprême. Pour lui, «il est un mode de pouvoir limité qui vise à éviter l’arbitraire». «Ce concept, qui constitue aujourd’hui nos valeurs de référence au même titre que le respect de la dignité humaine, la liberté, la démocratie, la légalité ainsi que le respect des droits de l’Homme, n’a de sens que si son effectivité est garantie par un pouvoir judiciaire qui exerce pleinement un contrôle juridictionnel efficace», enchaîne le Premier président de la plus haute juridiction sénégalaise. Et face aux crises qui affectent aujourd’hui le monde, l’Etat de droit est noté dernier rempart. «Quels sont le rôle et la place de la Justice»,  se demande Cheikh Tidiane Coulibaly. En réponse à cette question, le Premier président de la Cour suprême pense qu’il faut s’armer et se former pour faire face aux nouveaux défis de l’Etat de droit qui n’épargnent aucune société moderne. «II faut le reconnaître, face à une crise globale des origines diverses, (crise identitaire, crise sécuritaire, crise environnementale, tyrannie des réseaux sociaux, développement des fake news, domination des groupes privés Google, Amazone, Facebook, Apple) qui peuvent influencer les choix démocratiques des peuples et restreindre des libertés. En Afrique on est confronté à une succession de coups d’Etat qui mettent en cause les principes démocratiques», liste le magistrat. Dans ce paysage sombre, dit-il, «l’éclair de lumière peut venir de la Justice», qui «doit redonner confiance, rassurer, apaiser pour apparaître non pas comme le seul protecteur du citoyen, mais comme le meilleur protecteur des droits des citoyens». En écho, Me Malick Sall estime qu’il n’y a pas d’Etat de droit sans la Justice. «Sans une justice composée de juges compétents, indépendants et travaillant dans un environnement démocratique, il n’y a pas d’Etat de droit», assure-t-il en promettant de défendre ce système.
Pendant quatre jours, les magistrats et les avocats auront ainsi à se familiariser avec les mécanismes d’intégration des normes internationales dans l’ordre juridique interne des Etats, leur applicabilité, leur place dans la hiérarchie des normes et approbation par les différents actes de Justice, fait connaître le président Cheikh Tidiane Coulibaly.
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